Mettre les pieds dans le centre d'entraînement des Golden Knights de Vegas est une expérience en soi. Salle comble, cris incessants, pancartes, décor de forteresse médiévale : l'ambiance est à la fête tout autant que l'année dernière. Pour un simple entraînement matinal, doit-on le rappeler. 

C'était même encore plus bondé que d'habitude, vendredi, selon les habitués. Des parents avaient donné congé d'école à leurs enfants en cette dernière journée avant la relâche des fêtes. Tout ce beau monde s'était donné rendez-vous sur les banquettes de plastique du City National Arena. 

« C'est à guichets fermés tous les entraînements, a confirmé William Carrier. Les partisans ont vraiment embarqué. »

« C'est un peu bizarre parce que [les partisans] nous parlent pendant les entraînements et qu'ils nous crient après, mais on est habitués, maintenant. »

- William Carrier

Juste devant nous, il y avait un petit garçon tout sourire, Braeden, 3 ans, selon le nombre de doigts qu'il montrait. Son joueur préféré est Ryan Reaves. Il portait le chandail des Golden Knights, la tuque des Golden Knights, vous imaginez le portrait. Sa mère et lui sont devenus des fervents de l'équipe, ils viennent assister à presque tous les entraînements, ils regardent le début de chaque match avant le dodo. La mère de Braeden explique qu'aller aux entraînements est leur manière de vivre l'équipe, puisque les billets de match sont trop chers. 

Ce jour-là, Braeden avait fabriqué une pancarte où on pouvait lire « Merry Christmas ». Cette simple pancarte collée dans la vitrine lui a valu une conversation avec Nate Schmidt à travers la fente de la baie vitrée, puis un long échange avec l'entraîneur adjoint Ryan McGill. Pas besoin de vous dire que Braeden ne se pouvait plus.

Un autre père juste à côté nous a raconté que les membres de Golden Knights étaient toujours aussi impliqués auprès des jeunes fans de hockey, qui le leur rendaient bien. L'ami de son fils devait d'ailleurs participer à une séance de patin avec Cody Eakin le soir même lors d'un événement caritatif. 

Côté assistance, les Golden Knights font encore partie des exemples à suivre. Le T-Mobile Arena est rempli à... 105,3 %, selon les chiffres officiels. Tous les gens rencontrés nous confirment que l'engouement, s'il est un peu moins fort que l'an dernier, demeure largement intact. 

Pas surprenant, dans une telle ambiance, que les Golden Knights soient si difficiles à battre à la maison. L'équipe présente une fiche de 11-3-1 cette saison devant les siens. 

« On joue d'une certaine façon avec les partisans, ça nous aide à être plus réveillés, a dit Pierre-Édouard Bellemare, toujours aussi éloquent. Tu n'as pas envie de dire que sur la route tu dors, mais des fois, peut-être que les 20 joueurs ne sont pas tous prêts dès le départ.

« Quand tu joues à la maison, il y a un tel engouement. Quand on arrive sur la glace, ça fait déjà une heure qu'il y a un show. Les gens sont prêts et ça nous aide quand on arrive sur la glace. Tout le monde crie, on est prêts à faire le travail. »

- Pierre-Édouard Bellemare

« Soir après soir, l'énergie est incroyable, a renchéri Carrier. Ça ne s'est pas essoufflé. C'est exactement pareil à l'an passé. » 

La gifle 

La dernière saison des Golden Knights, la frénésie a atteint des niveaux rarement vus, avec à la clé une participation à la finale de la Coupe Stanley. On pouvait s'attendre à un petit ralentissement, un certain lendemain de veille, pour reprendre une expression de l'endroit. 

Mais il a été bien pire que prévu. À la mi-novembre, les Golden Knights croupissaient à l'avant-dernier rang dans l'Ouest. Pour beaucoup, c'était l'ultime preuve que l'équipe avait peut-être longtemps joué au-dessus de ses moyens. La descente aux enfers a atteint son paroxysme le 19 novembre dans une défaite de 7-2 face aux Flames. L'entraîneur Gerard Gallant avait dit qu'une telle performance était « dure à croire », Reilly Smith n'avait jamais vu son équipe opérer si lentement... 

Bref, une « bonne volée », pour reprendre les mots exacts de Marc-André Fleury. Mais une volée nécessaire, selon Bellemare.

« Quand on est arrivés au début de la saison, je ne pensais pas qu'il allait y avoir un lendemain de veille, surtout étant donné la façon dont on avait travaillé pendant le camp d'entraînement. C'était encore plus élevé que l'année dernière. »

« Le camp s'est un peu trop bien passé, on a gagné tous nos matchs. Ce n'est pas conscient, mais on a pensé qu'on était meilleurs qu'on ne l'était. On a mis la charrue avant les boeufs. » - Pierre-Édouard Bellemare

« On s'est pris une fessée contre les Flames. Ça a fait du bien. Chaque joueur s'est regardé dans le miroir et a compris qu'il devait travailler plus. Depuis, on est beaucoup plus honnêtes dans notre travail. On est plus honnêtes dans l'appréciation de nos prestations. Ça a été une prise de conscience. » 

Deux jours plus tard, les Golden Knights battaient les Coyotes de l'Arizona. Puis les Flames et les Sharks, en deux jours, avec deux blanchissages. Max Pacioretty s'est levé, avec 9 points, dont 6 buts, dans les 5 matchs suivants. Cinq victoires. Marc-André Fleury aussi, avec une fiche de 11-2-1, une efficacité de ,914 et une moyenne à 2,49 depuis la pénible soirée (où il n'était pas d'office, soit dit en passant). Si bien que les Knights sont désormais de retour dans le portrait des séries. 

« Au début, on avait de bons matchs, mais aussi des mauvais, a expliqué Fleury. On jouait en dents de scie. On a réussi à régler ça, on s'est assis ensemble, on en a jasé après la volée à Calgary. Tout ça ensemble a fait qu'on a retrouvé notre style. On s'est replacés et on est redevenus ce qu'on devait être. »