Allan Walsh n'est pas impressionné par l'entente à l'amiable conclue entre la Ligue nationale de hockey (LNH) et les avocats des 140 anciens joueurs victimes des effets des commotions cérébrales.

Walsh est l'un des agents de joueurs de la LNH les plus actifs dans le débat entourant les commotions cérébrales et les liens entre les coups répétés à la tête et l'encéphalite traumatique chronique (ETC).

«Je ne suis pas un avocat des plaignants dans cette cause, même si je représente certains joueurs associés au recours collectif, a-t-il confié à La Presse. Mais il est plutôt facile de réaliser que les sommes offertes sont très basses, à 19 millions, quand tu compares à l'entente de la NFL, qui se chiffre à 1 milliard. En plus, la Ligue nationale annonce qu'elle injectera de l'argent dans un fonds pour financer l'entente pendant cinq ans. Ce n'est pas comme s'ils signaient un chèque de 19 millions dès demain.»

Dans cette entente, la LNH refuse néanmoins de reconnaître sa responsabilité dans les problèmes de santé de ses anciens joueurs.

L'entente pourrait permettre à chaque plaignant de recevoir une somme de 22 000 $. La Ligue s'engage aussi à payer les coûts des examens et des évaluations neurologiques des anciens joueurs. Le fonds mis sur pied par la Ligue pourra contribuer à rembourser les traitements médicaux nécessaires jusqu'à concurrence de 75 000 $ pour chaque ancien joueur.

«La NFL avait beaucoup plus de pression, la cause était beaucoup plus médiatisée, dit Allan Walsh. Pour la LNH, cette poursuite, c'est un moustique qui lui tourne autour du visage. Elle n'était pas prête à offrir une sérieuse somme d'argent, mais plutôt un peu d'argent tout en n'admettant aucun tort.»

Les joueurs impliqués dans la cause ont eu le mot d'ordre de ne pas commenter la situation. Ils auront à prendre la décision finale, mais leurs avocats leur ont fortement conseillé d'accepter l'offre.

Allan Walsh n'est pas prêt pour autant à dissuader ses clients de le faire. «Chaque joueur doit prendre sa propre décision, dans ses meilleurs intérêts. Leurs avocats leur ont dit que ça n'était pas beaucoup, mais mieux que rien. Ils ne croient pas qu'ils pourraient avoir mieux. Je ne suis pas en position de dire aux joueurs quoi faire. Chaque joueur est dans une situation différente.»

«Je demande ton aide, Wayne»

Malgré tout, cet agent voit une certaine lumière au bout du tunnel. «Il y a eu beaucoup d'amélioration depuis cinq ans. Les joueurs sont mieux conscientisés des dommages des commotions cérébrales. Les bagarres ont presque disparu. On a fait beaucoup de progrès pour la sécurité des joueurs. Le plus important était d'éduquer les joueurs des dangers des coups à la tête. Par contre, il reste encore beaucoup de chemin à faire pour changer complètement la culture et renforcer les règlements pour protéger les joueurs.»

Sur Twitter, l'ancien agitateur Daniel Carcillo, qui avait signé un texte touchant, vidéo à l'appui, sur ses propres problèmes de santé à la suite de sa retraite, en avril 2015, demande aux anciens joueurs de ne pas accepter cette entente. «Vous serez obligés d'être vus par les mêmes médecins de la LNH et de la NHLPA pour établir si vous êtes admissibles ou non à des traitements», écrit-il.

Carcillo demande aussi à la légende Wayne Gretzky de se prononcer. «J'aimerais qu'il utilise sa plateforme pour aider les hommes qui l'ont protégé au cours de sa carrière. Le peu de pression exercé par les anciens joueurs est un résultat direct de cette entente insultante. Je demande ton aide, Wayne.»

«Insultante»

Krystal Murphy est outrée par l'entente entre la LNH et les avocats du groupe d'anciens joueurs victimes de commotions cérébrales. Elle est la fille de Joe, premier choix au total de la LNH en 1986, qui vit désormais dans l'itinérance en Ontario, le cerveau gravement touché à la suite de commotions cérébrales à répétition pendant une carrière de 14 ans dans la LNH.

«Cette entente est inadéquate et insultante, a-t-elle affirmé à La Presse dans un échange de courriels hier. Les joueurs actuels de la LNH devraient afficher leur appui aux victimes, parmi lesquels mon père, qui leur a ouvert la voie. Les entraîneurs, les agents, les anciens joueurs doivent se lever.

«Finalement, j'espère que les médias qui côtoient les joueurs sur une base quotidienne commenceront à leur poser les questions difficiles, c'est-à-dire leur réaction à cette entente, ce qu'ils pensent du CTE, et quelles informations ils reçoivent à cet effet de la part des médecins de leurs équipes respectives, et s'ils sont conscients des dangers des effets dévastateurs au cerveau en jouant au hockey.»

Krystal Murphy fait des effets dévastateurs des commotions cérébrales son cheval de bataille sur les réseaux sociaux depuis la diffusion en août sur les ondes de TSN d'un documentaire poignant sur la vie quotidienne de son père: Finding Murph.