Les journalistes attendaient l'ouverture des portes du vestiaire du Canadien, au bout d'un corridor du Barclays Center. À entendre les clameurs des joueurs, l'atmosphère semblait détendue.

«Beau travail, KK!», a crié un des joueurs, une façon sarcastique et humoristique de souligner la tentative ratée de Jesperi Kotkaniemi en tirs de barrage.

Une fois dans le vestiaire, Joel Armia, Antti Niemi et Kotkaniemi étaient parmi les joueurs les plus sollicités.

Aucun doute, la filière finlandaise du Canadien n'est pas étrangère à la fiche de 8-4-2 de l'équipe en ce début de saison. Et hier, dans la victoire de 4-3 du CH contre les Islanders de New York, cette réalité sautait aux yeux. De Niemi, qui a tout bloqué à partir du premier entracte, au trio de Kotkaniemi, Armia et Artturi Lehkonen, qui a connu une excellente soirée, les quatre Finlandais ont eu leur mot à dire.

En quoi ont-ils été bons? Sur la feuille de pointage, on note le but gagnant d'Armia en fusillade et le but égalisateur de Lehkonen en troisième période. Mais les trois comparses ont totalisé 11 tirs au but et ont généré leur part de menaces en zone adverse.

«Ils ont eu de bonnes chances, ils continuent à bien se connaître sur la patinoire. Même si ce sont des Finlandais, ils doivent s'habituer à jouer un avec l'autre. J'aime leur progression», a indiqué l'entraîneur-chef Claude Julien.

Parlant de progression...

Julien parle de progression et, coïncidence ou pas, voilà un concept qui semble coller à la peau de Kotkaniemi, le centre de ce trio. Depuis son arrivée chez le Canadien, il montre une capacité d'adaptation hors du commun, une amélioration perceptible pour tous ceux qui l'ont vu franchir les étapes depuis le repêchage. On en a vu un autre exemple hier.

Après trois matchs, le joueur de 18 ans avait déjà écopé de trois pénalités mineures. De toute évidence, sa période de rodage incluait également la familiarisation à l'arbitrage nord-américain. Depuis ? Comme le fait remarquer le collègue d'Athlétique Marc Dumont, il n'a écopé d'aucune pénalité.

Hier, quand Scott Mayfield l'a fait trébucher, le numéro 15 provoquait une cinquième pénalité aux adversaires depuis ce troisième match. Sa réaction au travail des officiels est une autre facette de cette adaptation.

«J'ai appris un peu plus le travail des officiels, j'ai compris ce qu'ils appellent comme pénalité», a reconnu Kotkaniemi.

Julien tape du pied

Avec tout ça, le Tricolore a rebondi une nouvelle fois après une défaite. Si bien qu'après 14 matchs, les Montréalais n'ont pas encore subi deux défaites de suite. Ils sont donc assurés de se rendre à au moins 16 matchs avant que ça leur arrive. L'an dernier, ça s'était passé dès les matchs 2 et 3...

C'est à croire que la culture imposée par Julien et ses adjoints y est pour quelque chose. Encore hier, malgré une inspirante remontée (c'était 3-1 pour les Islanders après 20 minutes), Julien a commencé son point de presse en soulignant les travers de son équipe.

«La remontée est l'histoire positive de ce soir. Mais il faut admettre qu'on a commencé en retard, a répondu l'entraîneur. On n'était pas là en première période. On était lents, on n'a pas coupé les jeux, notre repli défensif n'était pas bon. On parle de diminuer les buts, il fallait revenir en deuxième. Il fallait gagner une période à la fois et c'est ce qu'on a fait.»

En anglais, il a ajouté que des joueurs pensaient que le match commençait à 19h30 plutôt qu'à 19h...

Julien a évoqué la nécessité de diminuer le nombre de buts accordés. En fait, il l'avait souligné dès son point de presse matinal. Le genre de commentaire qu'il venait assurément de faire aux joueurs.

Après l'impressionnant jeu blanc de la semaine dernière à Boston, le Tricolore a accordé quatre buts dans chacun des trois matchs au Centre Bell et en a permis trois en première période hier. Treize de ces 15 buts ont été accordés à forces égales. Les plus enthousiastes souligneront l'amélioration du désavantage numérique, mais la tendance est inquiétante à 5 contre 5.

Le travail d'un entraîneur est de voir au-delà des résultats et de corriger les mauvaises tendances avant qu'elles ne deviennent toxiques. Le Canadien reprend l'action dès ce soir, et Julien sait déjà avec quoi il peut défier ses hommes.

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En hausse: Noah Juulsen

Il se cherchait depuis quelques matchs. Hier, il est redevenu le défenseur au jeu simple et efficace qu'il était au camp d'entraînement. Il a obtenu deux aides, mais ne cherchez pas de jeu flamboyant: une sur une sortie de zone, l'autre sur un tir de la ligne bleue.

En baisse: Brendan Gallagher

On le trouve généralement dans la rubrique du haut. Mais cette fois, il a perdu quelques rondelles, a écopé d'une pénalité discutable et a paru frustré toute la soirée. Mention honorable pour son travail devant le filet sur le but de Max Domi.

Le chiffre du match: 12

En marquant en troisième période, Artturi Lehkonen a arrêté à 12 sa séquence de matchs sans but. En fait, il n'avait pas marqué depuis qu'il avait inscrit le tout premier but de la saison du Canadien, à Toronto.