Sept personnalités étaient à l'honneur, hier soir, au gala d'intronisation au Panthéon des sports du Québec. Mais il y en avait une en particulier que tout le monde attendait.

Jacques Demers en était à sa première apparition publique depuis qu'il a été victime d'un accident vasculaire cérébral, le 6 avril dernier. Lorsqu'il a fait son entrée dans la grande salle du Club de golf Le Mirage, il n'y avait d'yeux que pour lui. Tout le monde avait besoin de le voir et de retrouver l'ancien entraîneur-chef du Canadien dont la vie a basculé ce printemps.

Paralysé du côté droit, l'homme de 72 ans recommence à faire quelques pas. Et après avoir été incapable de parler durant quelques mois, il est désormais en mesure d'y aller un mot à la fois.

«C'est un battant et il va tirer le mieux de cette situation, soutient son frère Michel, qui a pris la parole en son nom au moment d'accepter l'honneur qui lui était remis. Il va savourer l'instant. Pour lui, c'est un baume que d'être ici.»

Demers a quitté l'hôpital il y a un mois et demi et reçoit à la maison des traitements de physiothérapie afin d'améliorer son élocution, sa démarche et sa motricité.

Ce sera une longue route vers un rétablissement pour lequel il est impossible d'établir un échéancier.

«Quand on parle d'AVC, il n'y a pas un individu pour qui c'est pareil, rappelle Michel Demers. On espère juste qu'avec le temps, ça va s'arranger.

«Que ce soit au hockey ou dans le cadre de ses conférences, il a gagné sa vie en motivant les gens par la parole. Or, il a perdu une partie de cette capacité-là. Ce n'est plus le Jacques que c'était. On vit avec, on le supporte, mais ça me manque d'être avec lui et de jouer au golf comme on le faisait avant.»



Un homme rassembleur

Entouré de sa femme Debbie, de ses enfants, de ses frères et soeurs et de nombreux athlètes et personnalités de la télé qui ont travaillé avec lui, Jacques Demers affichait un bonheur palpable. «Monsieur Positif», qui n'a rien perdu de sa lucidité, a eu droit à une vague d'amour. Doit-on se surprendre qu'un homme aussi rassembleur ait une fois de plus mobilisé les troupes?

«Quand j'ai su qu'il serait de l'événement, je me suis dit que je ne pouvais pas manquer ça, a confié Ronald Corey, ancien président du Canadien et lui-même membre du Panthéon des sports. Jacques est un homme qui travaille beaucoup et qui est très dynamique. Quand on le côtoie, sa bonne humeur ne peut pas faire autrement que de nous entraîner.»

Guy Carbonneau, qui a poussé le fauteuil roulant de son entraîneur à son entrée au gala, avait hâte de le retrouver. Ses tentatives précédentes de renouer avec lui n'avaient pas fonctionné.

«C'est quelqu'un qui n'a pas seulement fait partie de ma carrière, mais de toute ma vie aussi », a commenté le capitaine du Tricolore en 1993, l'année où Demers et lui ont soulevé la Coupe Stanley.

«Il vient quand même malgré la condition dans laquelle il est, et ça démontre encore sa grande valeur», a pour sa part ajouté Mario Tremblay, un complice de longue date. 

«Tous ses chums sont ici. C'est de valeur qu'il ne puisse pas parler, mais ses yeux parlent et je sais qu'il est content d'être là. Il a du courage; ce n'est pas tout le monde qui aurait fait ça.»

Michel Demers est bien placé pour savoir à quel point l'intronisation de son frère au Panthéon a pu le toucher.

«Il a été nommé deux fois entraîneur-chef de l'année dans la LNH et il a gagné la Coupe Stanley, a-t-il rappelé. Pour lui, le fait d'être intronisé au Panthéon est un fleuron de plus à une grande carrière.

«On finit tous par partir à un moment donné, mais ce genre d'honneur reste pour toujours, comme d'avoir son nom inscrit sur la Coupe.»

Outre Jacques Demers, la plongeuse Émilie Heymans, la gardienne de but Kim St-Pierre, l'ancien capitaine des Maple Leafs Dave Keon, le footballeur Jean-Philippe Darche, l'athlète en fauteuil roulant André Beaudoin de même que Maurice Tanguay, dans la catégorie des bâtisseurs, ont été intronisés au Panthéon des sports.

Photo Olivier Jean, La Presse

Guy Carbonneau poussait le fauteuil roulant de Jacques Demers à son entrée au gala.