On connaît tous l'ADN du Canadien, dont le jeu est bâti sur le travail acharné et sur une cadence rapide visant à éreinter l'adversaire. Avec Carey Price, sa vitesse est l'élément qui embête le plus les autres formations.

Or, Marc Bergevin a décidé d'en ôter un peu en laissant partir Jiri Sekac. L'idée était de pallier une autre lacune et de se doter d'un nouveau moyen de fatiguer l'adversaire.

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Devante Smith-Pelly va constamment se planter en face de l'adversaire. Il le trouvera sur son chemin le long des rampes, devant le filet et en échec avant. Son style «industriel» n'a certainement pas la finesse de celui de Sekac, mais il répond à un besoin. Les joueurs n'avaient pas à se consulter pour tous le reconnaître, mardi.

Bergevin a l'habitude de dire qu'il existe deux sortes de joueurs: ceux qui aident une formation à atteindre les séries éliminatoires et ceux qui l'aident à passer à travers. Smith-Pelly fait partie de la seconde catégorie. Des joueurs teigneux comme lui, qui distribuent les coups d'épaule à ce rythme, le Tricolore n'en avait pas beaucoup. Ses 147 mises en échec le plaçaient en tête les Ducks d'Anaheim et elles l'auraient hissé au premier rang des attaquants du Canadien.

«On amène un gros bonhomme qui est encore jeune, qui a connu de bonnes séries et qui fonce au filet, a décrit Bergevin lors d'un point de presse. C'est aussi un tireur droitier. J'en cherchais un depuis un bout de temps.

«Ce n'est pas un marchand de vitesse, mais il va aller dans les endroits difficiles.»

Bref, Bergevin a cru bon d'ajouter un peu du style de l'Association Ouest pour bien fourbir ses armes en vue du printemps.

Smith-Pelly, qui a inscrit cinq buts et 17 passes en 54 matchs, avait marqué cinq buts en 12 matchs lors des dernières séries éliminatoires. Une équipe aime toujours voir un joueur hausser son niveau de jeu au moment où ça compte le plus.

«Tout le monde aime jouer en séries, dans les gros matchs, a reconnu le robuste attaquant. J'ai eu la chance de jouer à la Coupe Memorial et j'avais acquis là une expérience que j'ai pu transposer chez les pros.»

Obtenir une véritable occasion

Jiri Sekac s'était joint au Canadien à titre de joueur autonome en juillet dernier. Il a préféré le CH à une douzaine d'autres formations qui auraient aimé compter sur ses services. Le jeune attaquant n'est pas certain que les Ducks faisaient partie des autres équipes qui le convoitaient.

«C'est une très bonne équipe, j'espère y trouver ma place et obtenir une véritable occasion de montrer ce que je sais faire», a toutefois noté le Tchèque de 22 ans, qui aura récolté 7 buts et 16 points en 50 matchs avec le Tricolore.

Avec son départ, le CH perd en créativité, mais l'équipe n'avait peut-être pas la profondeur nécessaire pour confier un mandat offensif à Sekac. Ou alors, Michel Therrien n'en avait pas assez vu de sa part pour qu'il mérite d'être employé au sein des deux premiers trios.

Flanqué sur les ailes de Lars Eller, le jeune Tchèque était assis entre deux chaises.

«Je n'ai jamais vraiment su quel était mon rôle à Montréal, a admis Sekac lors d'une conférence téléphonique. Je n'étais pas fâché, mais quand tu changes de trio, tu as des hauts et des bas et cela ne te donne pas confiance. C'était dur pour moi.»

Plusieurs connaissances

Therrien s'est quelque peu braqué lorsqu'on lui a demandé si, au bout du compte, Smith-Pelly n'était pas davantage le type de joueur qui lui convenait. Le fait est que les deux hommes risquent de bien s'entendre, car ici, le rôle du nouveau venu ne laissera pas de place à l'ambiguïté.

«Les deux équipes remplissent chacune un besoin. On laisse partir Jiri, qui est un excellent patineur et un fabricant de jeu, et l'on va chercher un bonhomme qui joue des minutes difficiles, un gars physique qui est bon en échec avant et bon le long des rampes. On aime son intensité, c'est un gars qui finit ses mises en échec et qui a connu du succès en séries éliminatoires à un jeune âge, a décrit Therrien.

«Il y a des gars dans le vestiaire qui le connaissent et je n'ai entendu dire que du bien à son sujet.»

En effet, l'ailier de 6 pieds et 222 livres renouera avec trois anciens membres d'Équipe Canada Junior en 2011, soit Nathan Beaulieu, Brendan Gallagher et Michaël Bournival.

«Notre équipe était tissée serré, s'est-il souvenu. Nate et moi sommes restés en contact depuis ce temps, on se parle régulièrement. Je n'ai pas parlé à Gallagher et Bournival depuis longtemps, mais nous sommes encore amis.»

Smith-Pelly, qui est originaire de Toronto, est également copain avec Malcolm Subban, le petit frère de P.K. Mais aujourd'hui qu'il va enfiler le maillot bleu-blanc-rouge, il va être forcé de convertir sa famille, qui soutient les Maple Leafs depuis toujours.

C'est d'ailleurs face aux Leafs que Smith-Pelly disputera son premier match au Centre Bell dans son nouvel uniforme.

«Un match Toronto-Montréal présenté un samedi soir sur Hockey Night in Canada... Ça va être fou», a-t-il admis.

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Ils ont dit

> Brendan Gallagher, qui a été coéquipier de Smith-Pelly au sein d'Équipe Canada junior en 2010: «Je me souviens de lui comme d'un joueur très physique. Il s'était blessé durant le Mondial junior et son absence nous avait fait mal. Il apportait beaucoup d'énergie à chaque match, il terminait toutes ses mises en échec et il créait beaucoup de rythme pour l'équipe grâce à son échec avant. Il a connu beaucoup de succès en pratiquant un certain style, et je suis sûr que ça n'a pas changé. [...] Il apporte une dynamique qui nous manquait peut-être au sein de l'équipe. Il n'aura pas à changer quoi que ce soit, il doit continuer de pratiquer le style qu'il a toujours eu. Ce sera parfait comme ça.»

> P.K. Subban: «La clé au sein d'une équipe est d'avoir un mélange de joueurs aux styles différents. On ne peut pas être tous faits dans le même moule. Ça prend différentes spécialités. On sait que c'est un gars costaud qui est efficace en échec avant, mais il a aussi les aptitudes pour mettre la rondelle dans le filet. Il l'a prouvé dans les rangs juniors et aussi chez les pros.»

> Michel Therrien: «Les deux équipes remplissent chacune un besoin. On laisse partir Jiri, qui est un excellent patineur et un fabricant de jeux, et l'on va chercher un bonhomme qui joue des minutes difficiles, un gars physique qui est bon en échec avant et bon le long des rampes. On aime son intensité, c'est un gars qui finit ses mises en échec et qui a connu du succès en séries éliminatoires à un jeune âge. [...] Il y a des gars dans le vestiaire qui le connaissent et je n'ai entendu que de bonnes choses à son sujet.»

> Nathan Beaulieu, qui a côtoyé DSP l'été dernier: «On a entièrement confiance en ce que fait Bergevin. Je ne crois pas qu'on ait sacrifié tant que ça sur le plan de la vitesse. Devo est un très bon patineur lui aussi, et c'est un colosse qui excelle en échec avant. Il a une certaine touche offensive également qu'il pourra développer. Je suis sûr qu'il s'intégrera à l'équipe, aussi bien dans le vestiaire que sur la glace.»

> Bob Murray, DG des Ducks: «C'est devenu évident récemment qu'on avait besoin de s'améliorer en habiletés. Montréal, qui est une équipe très habile, voulait ajouter un joueur plus costaud jouant nord-sud. Ce sont donc deux équipes qui s'échangent de jeunes joueurs. Les deux étaient quelque peu coincés. Devo était pris derrière un tas d'ailiers droits ici. Et si l'on regarde Montréal, Jiri était en quelque sorte coincé derrière Pacioretty, Galchenyuk et Bournival.»

> Lars Eller: «C'est toujours décevant de voir un coéquipier partir, mais tout le monde sait que ça peut se produire n'importe quand. Espérons qu'il aura du succès là-bas et que le gars qu'on a reçu en retour en aura ici. Jiri a de grandes habiletés et, éventuellement, il sera un très bon joueur. Il a tous les atouts pour le devenir. Il est encore jeune, il se développe encore, et peut-être qu'il atteindra son plein potentiel à Anaheim.»