«Les yeux clairs et les coeurs remplis ne peuvent pas perdre.» C'est le message que répète l'entraîneur de football à ses jeunes joueurs dans la série télévisée Friday Night Lights.

Connor Crisp, nouvellement repêché par le Canadien, a adopté le slogan sur son compte Twitter.

«Tout peut arriver à celui qui suit son coeur, explique l'ailier des Otters d'Erie. Et si on visualise le succès dont on est capable, on va produire des résultats. C'est selon moi la signification de cette phrase.»

Ce choix de troisième ronde (71e au total) la semaine dernière n'a pas été réclamé l'an passé, à sa première année d'admissibilité. C'est que l'attaquant de 19 ans n'a pratiquement pas joué durant la saison 2011-2012, étant victime d'une blessure à une épaule dès le mois de septembre.

De la visualisation, il a eu amplement le temps d'en faire!

«J'avais de grandes aspirations avant que la saison ne commence, admet-il. Je m'étais préparé durant l'été et j'étais en grande forme. Mais un bête accident a tout fait dérailler...»

Résultat : au terme de la campagne 2011-2012, Crisp était surtout connu comme celui qui avait remplacé son gardien au pied levé lors d'un match contre les IceDogs de Niagara.

Une anecdote qu'il ne renie pas, mais sur laquelle il espère tourner la page.

«Je ne devais pas jouer ce soir-là, car je revenais à peine de ma blessure», se souvient Crisp, qui a été choisi première étoile de la rencontre après avoir accordé 13 buts.

«Or, on était déjà à court de joueurs. Quand notre gardien s'est blessé, je me suis porté volontaire. J'en ai beaucoup entendu parler par la suite et ça ne m'a jamais vraiment quitté. Mais je veux me faire un nom en tant qu'ailier gauche pour le Canadien de Montréal, et non pas comme le gars qui a été dépêché comme gardien d'urgence.»

Une bête

Alors, qu'est-ce que le Canadien a vu en Crisp pour le réclamer le 30 juin au New Jersey?

Il a d'abord été convaincu par le fait que Crisp est une véritable bête sur le plan athlétique. Pas simplement en raison de son gabarit de 6'4" et 225 lb, mais aussi parce qu'il le met efficacement à profit.

«Je suis le genre de gars qui se salit le nez, qui n'a pas peur de laisser tomber les gants, et qui se poste constamment autour du filet. De nos jours, 90 % des buts sont marqués devant le but.»

Crisp a beau avoir amassé le troisième total de minutes de pénalité dans la Ligue de l'Ontario cette année, ce ne sont pas les matamores de la Ligue nationale qui lui servent de modèle.

Regardez plutôt du côté de Tomas Holmstrom, l'ancien des Red Wings de Detroit.

«Ce qu'il arrivait à faire devant le filet était miraculeux, note Crisp. Il a marqué tellement de buts de cette position-là. Il faisait dévier des tirs qui arrivaient à 100 mi/h et n'en ratait jamais un. Il créait beaucoup d'espace pour lui-même et était difficile à déplacer. C'est un style qui est encore plus important de nos jours.»

Crisp est capable de marquer des buts et son coup de patin, aux yeux du Tricolore, est bien supérieur à la réputation qu'on lui a collée jusqu'ici. Mais à Erie, il est surtout devenu le protecteur de Connor McDavid, le prodige âgé d'à peine 15 ans.

«Ce n'est pas quelque chose qui m'a été assigné au départ, mais avec un jeune de cette trempe, c'est ce que je devais faire, a-t-il dit. Les mots ne suffisent pas pour le décrire, mais le nom de Sidney Crosby me vient en tête chaque fois qu'on me pose la question.»