Est-ce qu'Andrei Kostitsyn est en train de devenir le joueur que le Canadien attendait? En tout cas, Brian Gionta croit que oui.

«Il est beaucoup plus intense cette saison, a fait remarquer le capitaine du Canadien, hier, après l'entraînement du matin à Brossard. Il travaille plus fort. Il doit le faire de manière constante, c'est tout.»

De manière constante? C'est souvent à ce chapitre que l'attaquant de la Biélorussie a eu des ennuis au cours de sa carrière. Chez lui, le talent n'a jamais fait de doute. C'est plutôt ailleurs que l'on a douté de lui. C'est plutôt son éthique de travail et sa passion qui ont maintes fois été remises en question.

Depuis qu'il porte le maillot tricolore, Andrei Kostitsyn a souvent offert le même spectacle: parfois bon, parfois mauvais, parfois bon, parfois mauvais. Mais cette saison, foi de Brian Gionta, c'est différent. «Il est plus constant», estime le vétéran.

La saison est jeune, bien sûr, mais voici que Kostitsyn est le troisième compteur du club, avec 7 points (dont 4 à ses 5 derniers matchs). Cela ne veut pas dire qu'il va jouer à ce rythme toute la saison, mais la bonne nouvelle pour le Canadien et ses partisans, c'est que cette fois, il semble avoir pigé.

«Je fais seulement mon travail... Plus de constance, ça veut dire plus de chances de marquer», a-t-il expliqué au terme de l'entraînement d'hier.

Pression d'un premier choix

Il faut rappeler que le numéro 46 s'est amené ici avec la pression d'un premier choix. Cet homme, évidemment, avait été le premier patineur repêché par le club montréalais au repêchage de 2003 (le dixième au total). Mais c'est surtout quand on a fini par savoir que le Canadien avait alors hésité entre lui et Jeff Carter que les critiques ont commencé à faire du bruit. Beaucoup de bruit.

Pendant que Kostitsyn se contentait de modestes saisons à Montréal, Carter rayonnait chez les Flyers, avant d'être échangé à Colombus. C'est clair, on s'attendait à plus de Kostitsyn. Certes plus que des saisons de 53, 41, 33 et 45 points...

Le principal intéressé en est parfaitement conscient.

«Dès le départ, oui, il y avait beaucoup de pression, parce que tout le monde veut voir ce qu'un choix de première ronde est capable de faire... Je suis arrivé ici en sachant que j'allais devoir travailler fort, montrer à tout le monde pourquoi j'ai été choisi au premier tour.»

Il y a aussi qu'Andrei Kostitsyn est un gars discret. Dans le vestiaire, il faut patienter très longtemps pour lui parler. Les caméras, les micros, ce n'est pas son fort. Cela lui a peut-être valu une réputation de type centré sur lui-même, difficile, incapable de bien s'entendre avec ses coéquipiers. Une réputation qui est fausse, selon lui. «Je suis à l'aise ici, et ça fait plusieurs années que je le suis...»

Un leader silencieux

Discrètement, le joueur de 26 ans est devenu un leader silencieux. Cette saison, il a pris le défenseur Alexei Emelin sous son aile. Et il n'hésite pas à donner son avis aux coéquipiers quand il le faut.

«Ce n'est pas le gars qui parle le plus dans ce vestiaire, mais il sait nous parler sur la glace, explique Travis Moen. Il ne parle pas souvent, mais quand il le fait, c'est pour discuter des choses importantes.»

Ça tombe bien, puisque Kostitsyn devra aussi, tôt ou tard, jaser de choses importantes avec son agent. Comprendre par là qu'il est sans contrat pour la prochaine saison, qu'il pourrait devenir joueur autonome et qu'il devra se demander s'il veut ou non poursuivre sa carrière à Montréal.

«Mais je ne pense pas à ça pour le moment, répond-il. Je me contente de jouer au hockey. Je vais penser au contrat et aux discussions quand la saison sera terminée.»

En attendant, Andrei Kostitsyn doit démontrer qu'il est capable de soutenir ce rythme toute la saison. Après tout, c'est un peu l'importance de son prochain contrat qui en dépend.