Maxime Comtois est devenu bien malgré lui le souffre-douleur de centaines d'internautes hier, lorsqu'il a raté son tir de pénalité en prolongation. Il s'est avancé lentement vers le gardien Ukka-Pekka Luukkonen, puis a tiré sur sa jambière.

Quelques instants plus tard, Toni Utonen marquait et éliminait le Canada en quarts de finale du Championnat du monde junior. Plusieurs amateurs consternés ont décidé de s'en prendre directement à Comtois sur Instagram.

Inutile de reprendre mot à mot les insultes indignes dont il a été victime. Plusieurs ont voulu sa mort, ont suggéré qu'il mette lui-même fin à ses jours, lui ont souhaité les pires sévices et autres ignominies. À tel point que les commentaires ont dû être désactivés sur ses publications Instagram (qui n'avaient rien à voir avec le tournoi, d'ailleurs).

Le clan Comtois a réagi aujourd'hui avec un communiqué. On peut y lire ceci: «Personne n'est plus fier (que Comtois) de porter la feuille d'érable sur sa poitrine et le C sur son chandail. Ces jeunes hommes comprennent et acceptent la pression liée à leur rôle dans le monde du hockey. Il est honteux et incompréhensible que quelques lâches qui peuvent se cacher derrière les médias sociaux puissent lancer des attaques aussi vicieuses sur le caractère de ces jeunes hommes après qu'ils se soient battus fièrement pour le pays.»

Hockey Canada et les Voltigeurs de Drummondville ont confirmé que le jeune attaquant n'accordera aucune entrevue pour l'instant. Toujours par communiqué, Comtois dit souhaiter que sa mésaventure jette un éclairage nouveau sur le problème réel qu'est la cyberintimidation. 

Dans le vestiaire du Canadien, Victor Mete a eu une pensée pour Comtois. L'an dernier, c'est lui qui défendait l'unifolié à ce tournoi, après avoir été libéré quelques semaines par le Canadien. À la différence que Mete, lui, a gagné la médaille d'or.

«Ça peut être difficile. Tout le monde a vu à quel point Comtois a bien joué durant tout le tournoi. Que l'entraîneur lui fasse assez confiance pour le placer dans cette situation en prolongation, ça en dit beaucoup. Comtois a dit que ce ne sera pas la dernière belle occasion qu'il va rater dans sa carrière. Il a la bonne attitude. Il ne va pas se laisser déranger par les commentaires sur Instagram. Ils se sont bien battus, ça aurait pu aller d'un côté comme de l'autre.»

Pour Mete, qui a sensiblement le même âge que Comtois (20 ans pour Mete, 19 ans pour Comtois), c'est aussi le côté sombre des réseaux sociaux. Malgré tout, il n'hésite pas lui-même à partager certains moments de sa vie avec les partisans du Canadien, notamment sur Instagram.

«C'est dur. Tu veux toujours être le héros. S'il marque, il est le héros, mais il a raté son coup. S'il marque, personne ne lui écrit sur Instagram. Il est jeune, c'est un processus d'apprentissage. Les médias sociaux sont là pour rester et font partie de nos vies. Tu dois passer au travers.»

Une rivalité amicale

Sur une note plus joyeuse, ce match Canada - Finlande a servi de prétexte à une rivalité amicale dans le vestiaire du Canadien. Les Finlandais appuyaient évidemment leur nation, contre les nombreux Canadiens, dont plusieurs ont eux-mêmes participé au Mondial junior.

Après la défaite, Max Domi a demandé sur Twitter aux joueurs canadiens de garder la tête haute. Brendan Gallagher a ajouté, lui aussi sur Twitter, que c'était l'une des pires manières de perdre un match.

Reste que Jesperi Kotkaniemi a pu narguer Victor Mete sur Twitter en lui envoyant le résultat final accompagné des mots «Pretty mint ?». L'expression qui signifie «plutôt parfait» est devenue un peu le symbole de l'amitié entre les deux joueurs.

«Victor m'a texté que j'avais mis le feu à Twitter, a dit Kotkaniemi avec le sourire. C'était un moment trop parfait pour ne pas le faire. Donc je l'ai fait.»

Victor Mete assure qu'il n'y avait rien à l'enjeu autre que le droit de se vanter. Il a aussi profité de l'occasion pour avoir le dernier mot sur la rivalité avec son jeune coéquipier.

«Il n'a pas fait le fanfaron ce matin. Peut-être qu'il a eu peur ? Ce n'est pas si mal. C'est encore moi parmi nous deux qui possède une médaille d'or.»