(Atlanta) Matthew Bergeron et Bijan Robinson ont tous les deux été sélectionnés lors du plus récent repêchage de la NFL. Le Québécois a été appelé exactement 30 rangs après l’Américain. N’empêche qu’aujourd’hui, dans le vestiaire, la primauté de la sélection n’a plus d’importance.

Bijan Robinson n’était pas disponible pour les membres des médias, après l’entraînement des Falcons jeudi, puisqu’il avait parlé aux journalistes préalablement au courant de la semaine.

Son regard a toutefois changé lorsque le représentant de La Presse est tout de même allé l’aborder à son casier pour lui demander quelques mots sur Bergeron.

« Ah, pour Berg, c’est bon. Tu es de Montréal toi aussi ? », a-t-il lancé en se levant, tout en présentant sa main pour qu’on puisse la serrer.

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Bijan Robinson

« Avec Berg, dès qu’on est arrivés, on est devenus très proches. C’est tellement une bonne personne. Nos deux personnalités se complètent bien. C’est un mariage parfait », a expliqué le porteur de ballon étoile.

S’ils se sont si bien entendus dès le départ, c’est principalement parce qu’ils avaient le même objectif : prouver à leurs patrons que leur sélection hâtive lors du repêchage avait été judicieuse.

Cette chimie doit également se transposer sur le terrain, car après tout, c’est Bergeron, entre autres, qui fraie un chemin pour Robinson lorsqu’il court avec le ballon. Et le joueur de 21 ans assure que c’est le cas : « On veut devenir le meilleur ami de l’autre, parce que c’est utile aussi sur le terrain. Il est tellement sympathique. Au fond, on est juste deux dudes qui aiment jouer au football. Depuis le camp d’entraînement, on est devenus comme des frères. »

Une marque de respect

Les Falcons présentent une fiche gagnante de trois victoires et deux défaites après cinq matchs. Un rendement quelque peu surprenant. Mais la chimie semble opérer, et la jeunesse est proactive au sein de cette brigade.

L’apport d’un joueur comme Bergeron sur la ligne offensive y est pour quelque chose.

Il y a eu des hauts et des bas, mais ce dont je suis le plus fier, c’est que je n’abandonne pas. Je continue de travailler, je suis très impliqué. À chaque pratique, chaque réunion, chaque séance vidéo, je prends le plus de notes possible. Je prends ça vraiment à cœur.

Matthew Bergeron, dans le vestiaire des Falcons

Bergeron est parvenu à gagner le respect de ses coéquipiers notamment grâce à cette détermination et à ce sérieux. Comme joueur repêché tôt au deuxième tour, il vivait évidemment avec une certaine pression de performance.

« C’est sûr que lorsque tu es repêché assez haut, on s’attend à ce que tu aides l’équipe rapidement. […] Je crois que les gars ont vu que je n’abandonnais pas », poursuit le joueur de 23 ans.

Et sur une ligne offensive relativement jeune, le souci du détail de Bergeron fait toute la différence. C’est du moins l’opinion de Robinson, qui peut en bénéficier chaque semaine. « Il est très agressif. Il veut être le meilleur sur le terrain, et ça se voit. Il s’applique tellement sur tous les jeux. »

Tellement que lors de leur match à Londres contre les Jaguars de Jacksonville au début du mois d’octobre, Bergeron n’a même pas pris le temps de visiter la capitale anglaise avec ses coéquipiers tant il était occupé à étudier le livre de jeux.

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Matthew Bergeron

Mais même s’il est extrêmement appliqué et déterminé à comprendre le système de jeux, encore faut-il traduire ces apprentissages en réussites sur le terrain. Et il le fait bien. À entendre Robinson, Bergeron est une force de la nature.

« Il est costaud, il est vite et il joue déjà un gros rôle, a précisé le demi-offensif. Il est l’un des joueurs les plus athlétiques de l’équipe. C’est surprenant que quelqu’un soit si fort à ce stade de sa carrière. Il est impossible à bouger sur la ligne. Avoir ce gars pour bloquer, c’est la meilleure chose qui pouvait m’arriver. »

Confiance et progression

Contrairement aux quarts-arrières, aux porteurs de ballon ou aux receveurs, les joueurs de ligne offensive peuvent difficilement se fier aux statistiques pour évaluer leur rendement et leur progression.

Dans le cas de Bergeron, il note son cheminement d’abord avec la confiance. « Plus tu as confiance en toi, plus tu sais que tu es capable d’exécuter les jeux, donc tu sais que tu t’améliores. C’est la NFL. Dans un match, tu vas tomber, mais le progrès, c’est de savoir comment se relever et apprendre de ses erreurs. Surtout pour une recrue », observe-t-il.

Comme recrue, d’ailleurs, le plus compliqué a été d’assimiler le livre de jeux. Si certains joueurs appréhendent la vitesse du jeu ou la puissance de leurs rivaux, le Québécois a admis avoir été impressionné de constater à quel point les stratégies sont en constante évolution. « C’est le processus d’apprendre le cahier de jeux en un temps vraiment minime. Il faut analyser la défensive, ta propre utilité, les variations des jeux, et il faut le faire rapidement. Mais de semaine en semaine, on s’améliore. »

Bergeron sait trop bien que, dans la NFL, chaque joueur est sur un siège éjectable. Mais le natif de Victoriaville travaille trop fort pour avoir peur. Il est aux aguets, mais pas embêté outre mesure. « Les gars qu’on affronte chaque match, ce sont les meilleurs au monde dans ce qu’ils font, ils sont payés des millions de dollars, ce sont des athlètes professionnels, ils font leurs devoirs. »

En attendant, Matthew Bergeron peut compter sur le soutien indéfectible et la bénédiction de Bijan Robinson. Et aussi longtemps que le porteur de ballon connaîtra du succès, ce sera au moins un peu grâce à Bergeron.