Avant même le match de lundi face au Rouge et Noir d’Ottawa, les Alouettes de Montréal étaient déjà assurés de participer aux éliminatoires. Mais l’équipe a quand même tenu à envoyer un message clair en l’emportant 29-3.

Pas question pour les Alouettes de lever le pied. Leur place dans la valse automnale est acquise, mais l’objectif, désormais, est de terminer au deuxième rang de la division Est pour jouer leur match éliminatoire contre les Tiger-Cats de Hamilton à la maison.

Les hommes de Jason Maas s’y sont pris de la bonne manière pour y parvenir. Mais le froid, la pluie et l’attaque anémique d’Ottawa ont offert un spectacle assez statique. Le premier quart s’est terminé 1-0 en faveur des Alouettes. Rien pour enthousiasmer les braves s’étant rendus au stade Percival-Molson.

Le Rouge et Noir, pratiquement éliminé du portrait des éliminatoires, est arrivé à Montréal sans intention. Comme les végétariens à l’Action de grâce, les visiteurs ont été complètement dépassés par les évènements. Ils ont généré seulement 74 verges d’attaque en première demie. Et ils ont presque jeté le drapeau blanc par la suite.

« On a été intraitables », a lancé l’entraîneur-chef Jason Maas en point de presse.

Les Alouettes ont profité de l’occasion pour faire ce qu’ils font de mieux depuis 16 matchs : se lever en défense. Et c’est avec cette intransigeance défensive que les Als entament leur route vers les éliminatoires.

Un match presque historique

La dernière fois que les Alouettes avaient remporté un match par blanchissage, c’était le 7 août 2009, contre les Argonauts de Toronto, un gain de 25-0.

Les hommes de Jason Maas ont failli répéter l’exploit pour la première fois en 14 ans, mais un placement du Rouge et Noir à la 53minute est venu mettre fin aux espoirs des troupes.

En même temps, cette fantaisie n’était qu’un détail. Avec la manière dont la défense s’est tenue, encore une fois, les joueurs peuvent se réjouir à quelques semaines des éliminatoires. « Il n’y a pas de secret. C’est un cumulatif de l’ambition des joueurs et d’adhérer à la mentalité des Alouettes de Montréal », a lancé Marc-Antoine Dequoy, le casque dans les mains.

Les secondeurs Tyrice Beverette et Reggie Stubblefield, comme la semaine dernière face à ce même Rouge et Noir, ont été étincelants. Beverette a effectué un sac du quart en plus de retourner un échappé sur 36 verges jusque dans la zone des buts pour inscrire le troisième touché des siens. Échappé provoqué par Stubblefield.

« Quand je suis appelé à faire un gros jeu, je le fais. J’essaie toujours de placer mon équipe dans une bonne position », a exprimé Beverette sur le terrain après la rencontre.

« J’ai juste vu le ballon et j’ai couru. Je sais qu’on a des gars capables de faire de gros jeux. Et si tu cours vers le ballon, de belles choses peuvent se produire », a-t-il expliqué à propos de son deuxième touché de la saison.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Bralon Addison et Tyrice Beverette

Beverette a même attiré les éloges de son entraîneur. Son impact sur le terrain et dans le vestiaire est une bénédiction, a révélé Maas : « On nomme un joueur défensif de la semaine chaque semaine, et ça a souvent été lui ! Il est très constant, c’est difficile de le bloquer, il plaque bien. Il a énormément d’habiletés. »

Les Alouettes ont réalisé cinq sacs du quart au cours du match. Un tel rendement est encourageant. L’efficacité de l’unité défensive est une denrée dont l’équipe ne pourrait se passer.

« En attaque, ça nous enlève de la pression, parce qu’on sait qu’on n’a pas besoin de marquer 50 points pour gagner, a souligné le quart-arrière Cody Fajardo. En plus, ils font des revirements et marquent des touchés. Ça nous aide énormément ! C’était véritablement une victoire d’équipe aujourd’hui. »

La polyvalence

Même si le groupe de receveurs a été à la base de nombreux questionnements concernant la charge offensive de l’équipe cette saison, un groupe de tête semble se séparer du peloton.

Pendant que l’effet de Greg Ellingson se fait toujours attendre, et il faut croire que ça en restera ainsi, Tyson Philpot, Tyler Snead et Austin Mack sont capables de réaliser les jeux importants. Philpot a d’ailleurs inscrit le premier touché des siens, sur une longue passe de 38 verges. C’était sa troisième réussite de la saison.

Les Alouettes ont inscrit 272 de leurs 389 verges par la passe, grâce également à la performance de Cody Fajardo avec 28 passes complétées en 32 tentatives. Si l’attaque peut obtenir un rendement aussi régulier que la défense, l’équilibre de cette équipe pourrait devenir son arme principale.

En contrepartie, le Rouge et Noir a accumulé seulement 180 verges offensives.

Et de 100

Au début du troisième quart, le vétéran Shawn Lemon est devenu le 13joueur de la Ligue canadienne de football à franchir le cap des 100 sacs du quart en carrière.

Lorsqu’il a atteint ce plateau, les joueurs au banc des Alouettes étaient survoltés. L’Américain de 35 ans en est à sa septième équipe dans la LCF.

« Je vais prendre un peu de crédit, a blagué Fajardo. Je l’ai texté régulièrement lorsqu’il n’avait plus d’équipe. On a joué pour deux autres équipes ensemble auparavant et je sais quel genre de chasseur de quarts et de leader il est. »

Dans le vestiaire, Lemon était la grande vedette.

« Je suis très reconnaissant. J’ai dû faire face à beaucoup d’adversité dans ma carrière. J’ai déjà eu une saison de six sacs et j’ai été coupé. J’étais rendu à 92 sacs et j’ai été coupé. L’important, c’est de croire en toi-même quand personne ne le fait », a déclaré l’ailier défensif.

À l’arrivée des journalistes dans le vestiaire de l’équipe, Avery Ellis a surgi de nulle part en criant « Lemon est ici, il est dans le coin », en agitant ses bras comme un policier responsable de la circulation.

Ellis a alors gribouillé un « 100 » sur une feuille avant de l’accrocher au-dessus du casier de Lemon, avant de le filmer pendant la mêlée journalistique.

« Ma mère et mon père étaient dans les gradins aujourd’hui, s’est réjoui Lemon. Quand j’ai obtenu ma première bourse au secondaire et qu’on a conduit vers le nord en direction de l’Université du Connecticut, ils m’avaient dit : assure-toi qu’on ne fait pas tout ça pour rien ! Et aujourd’hui, j’ai obtenu mon 100e sac du quart. »