Patrick Carpentier doute de rouler de nouveau aux côtés de Jacques Villeneuve en Sprint Cup. «Ce sera extrêmement difficile pour Jacques de revenir, estime Carpentier. Les commanditaires vont hésiter à embarquer dans l'aventure, les écuries aussi.

«Il y a plusieurs gars qui ont eu une chance en NASCAR, qui ne l'ont pas saisie et qui n'ont jamais été capables de revenir. Je pense à Paul Tracy, à Emerson Fittipaldi, à Michel Jourdain Jr Aucun n'a réussi à retrouver un volant. Le train ne passe pas trois fois dans une carrière. Quand il passe, tu es mieux de sauter dedans»

La chance de Carpentier s'est présentée à Montréal l'été dernier. Il a tout misé sur le circuit Gilles-Villeneuve. Il envisageait même la retraite advenant un échec. Les choses ont bien tourné avec une pole et une deuxième place en course, ce qui lui a valu un volant chez Gillett Evernham pour la saison.

Le succès pour les pilotes de monoplace fraîchement débarqués en NASCAR passe souvent par les circuits routiers, comme ceux de Watkins Glen ou de Montréal. Or, Villeneuve a déjà annoncé qu'il ne comptait pas miser sur ces circuits pour s'imposer. Erreur, estime Carpentier. «Il devrait commencer par là, ce serait plus facile pour lui»

 

«Le NASCAR, c'est un tout autre monde. On se fout que tu aies été 20 fois champion du monde de F1 ou que tu aies remporté 15 fois l'Indy 500 Ça n'a aucune incidence sur ta carrière. Ce qui compte, c'est ce que tu fais en piste, sur le moment, contre les autres pilotes de la série.» Et tant que Villeneuve ne roulera pas plusieurs centaines de tours aux côtés des Tony Stewart, Jeff Gordon et autres, personne dans les garages ne saura vraiment ce dont il est capable.

Une rivalité à l'eau

Le départ de Villeneuve sonne le glas d'une rivalité que plusieurs anticipaient avec grand intérêt. On voyait déjà les amateurs québécois divisés en deux clans: les pro-Villeneuve et les pro-Carpentier Les deux hommes auraient sans conteste profité de la visibilité de ce duel 100% québécois.

 

«Pour moi, le départ de Jacques ne change rien, dit Carpentier. Ce n'était pas un rival plus important que les autres. Pendant notre course de qualification à Daytona, Jacques s'est retrouvé à côté de moi, puis il m'a dépassé. On avait 10 tours de faits Je me suis dit: tabarnouche, il va avoir de la misère à finir la course. Rien de plus. Pour moi, c'était une voiture comme toutes les autres en piste.»

Il avoue toutefois perdre un bon compagnon de discussions entre les séances en piste. «On avait du plaisir ensemble. On roulait dans les mêmes temps et c'était amusant de comparer nos affaires. On parlait de beaucoup de choses, on comparait nos façons de conduire, il me parlait de la conduite en Truck.»

Lui-même père de deux enfants, Carpentier comprend que Villeneuve ait décidé de quitter son écurie plutôt que de continuer à débourser pour rouler. «C'est plate pour Jacques, mais il n'a pas à payer de sa poche. Les sommes en jeu sont impressionnantes et il n'y a aucune raison valable pour qu'un gars qui arrive de la F1 doive payer pour rouler en NASCAR.»

Même si son volant est payé pour 2008, Carpentier n'a pas cessé pour autant sa recherche de commanditaires. Il avoue que Villeneuve et lui risquent de se retrouver «dans les mêmes talles.»

«Il y a 60 pilotes américains pour un seul marché et ils y arrivent. Le marché canadien est assez grand pour nous deux, je pense. Il y a assez de compagnies millionnaires qui pourraient investir dans un sport qui va leur rapporter des retombées à coup sûr.»