Les mots aventure et moto sont presque liés par définition. Soudez-les ensemble et vous obtenez une classe de montures aux prétentions pratiquement infinies: les aventurières.

Alors qu'il y a déjà plusieurs décennies que BMW exploite le concept avec sa GS, ce n'est que récemment que les autres constructeurs se sont intéressés à l'idée. Chez Honda, le résultat de cet intérêt est la Varadero, enfin offerte chez nous en 2008.

Malgré le fait que la Varadero roule sur l'ancien continent depuis plusieurs années, et en dépit de la demande croissante pour ce type de moto, le modèle n'a jamais foulé le sol d'Amérique. Sans entrer trop en détail dans l'univers glissant de la politique interne des constructeurs, disons simplement que la raison derrière cette absence est surtout liée à l'indifférence du marché américain envers le modèle. Et comme de manière générale le Canada reçoit ce que les États-Unis choisissent, la Varadero, comme bien d'autres motos, d'ailleurs, ne pouvait être offerte chez nous.

Son arrivée en 2008 est due à la persévérance de Honda Canada, qui s'est tout simplement engagé à l'importer sans l'accord des Américains. De ce côté-ci de l'Atlantique, la Varadero est donc uniquement disponible au Canada où, par ailleurs, on ne la trouvera que dans les établissements qualifiés de Centre Honda.

Dessinées comme des machines à traverser les déserts, les aventurières ont toutes la faculté de faire rêver leur propriétaire à ce fameux jour où ils partiront à la conquête de l'inconnu. Mais en ont-elles vraiment la capacité?

Pas trop loin des sentiers battus

Honda répond de manière plutôt habile à cette question en se gardant bien de limiter les capacités de sa Varadero, mais en définissant plutôt la signification du terme aventure de manière un peu moins romantique. «Elle vous amènera absolument n'importe où... tant que vous ne restez pas trop loin des sentiers battus.»

La réalité est que la Varadero est une routière avant tout. Si le débattement généreux de ses suspensions et le dessin relativement agressif de ses pneus lui permettent d'affronter des routes non pavées à volonté, pousser l'expérience plus loin la sort de son élément. Ainsi, bien que traverser un terrain très abîmé reste dans le domaine du possible, c'est sur la route qu'on la sent chez elle.

Certains équipements manquent à l'appel

Assis droit, bien protégé des éléments, bénéficiant d'une excellente selle et profitant de très bonnes suspensions, le pilote de la Varadero est choyé par le genre d'environnement qui fait de l'enfilade de nombreux kilomètres un plaisir. Les routes sinueuses sont négociées avec facilité, précision et aplomb, tandis que les chemins en mauvais état sont affrontés sans tracas.

En fait, les distances sont traversées avec une telle aisance que certains équipements semblent manquer à l'appel. Une instrumentation plus complète avec jauge à essence et affichage de la température ambiante, ainsi que des poignées chauffantes de série sont le genre de demandes qu'on ne tarde pas à faire sur une machine aussi à l'aise sur longue route.

En revanche, l'ABS et le système de combinaison des freins avant et arrière, tous deux de série, représentent des atouts franchement appréciés. Notons que Honda propose en option un trio de valises rigides qui transforment la Varadero en monture de tourisme en bonne et due forme.

Bien caché derrière le carénage se trouve un adorable V-Twin d'un litre dont l'origine est sportive puisqu'il s'agit d'un proche parent du moteur qui a propulsé la regrettée VTR1000F. Sans être un monstre de puissance, il suffit à pousser autoritairement la masse tout de même importante de l'ensemble. Étonnamment doux, il a été calibré pour livrer un maximum de couple à bas et moyens régimes au détriment de la puissance à haut régime, ce qui représente une proposition tout à fait logique sur ce type de moto.

Honda prétend qu'il n'est pas essentiel de complètement sortir des sentiers battus pour qu'une randonnée devienne une aventure. Une destination quelconque et l'assurance que la monture choisie pourra confortablement affronter tous les types de routes rencontrés sont les seuls critères obligatoires, selon le géant nippon.

Présentée de cette façon, la Varadero ne peut être qualifiée autrement que comme une réussite.

Car sous sa robe de machine de rallye se trouve l'une des motos les plus polyvalentes sur le marché. Tant qu'on se contente de longer les champs plutôt que de piquer à travers, on peut décidément parler d'une belle façon de se perdre.

Les frais de transport et d'hébergement pour ce reportage ont été payés par Honda. Bertrand Gahel est l'auteur du Guide de la Moto.