Le Britannique Lewis Hamilton, après deux abandons sur accidents en Italie et à Singapour, est violemment sorti de la piste vendredi matin lors des essais libres du Grand Prix du Japon à Suzuka, compromettant la suite de son week-end.

La McLaren faisait peine à voir, abandonnée la roue avant-gauche arrachée, sous un pont du circuit. Le Britannique, adossé à un des piliers, les bras croisés, son casque jaune immobile, semblait abattu.

«C'était mon deuxième ou troisième tour rapide. Je suis sorti un peu large au virage 8. Je n'ai pas pu arrêter la voiture. C'était glissant sur la bordure. Après ça, je me suis retrouvé sur les graviers, qui m'ont projeté vers la barrière. Et j'ai cassé la voiture», a-t-il raconté.

«Quand on regarde les images, ça a l'air très doux. Mais ça a tellement endommagé la voiture ! D'autres ont fait des erreurs bien plus grosses que moi et ils s'en sont sortis», a pesté le Britannique, prompt à «aller de l'avant», car «c'est la vie».

Le champion 2008, troisième du classement pilotes à vingt points de l'Australien Mark Webber, peut essayer de positiver. Son coéquipier Jenson Button, autre candidat au titre, a aussi failli sortir de la piste au même endroit. «A la différence que j'ai dérapé avant le virage, alors que Lewis a gardé sa vitesse et a terminé dans les murs», corrige Button.

Ses mécaniciens ont aussi rivalisé de rapidité pour réparer sa monoplace. A tel point que quelques heures plus tard, Hamilton a pu la conduire une dizaine de minutes à la fin de la deuxième séance d'essais. Pour signer un correct 13e temps vendredi après-midi.

Mais le mal est fait. Après une grossière erreur à Monza, où il s'était encastré dans la Ferrari de Felipe Massa après une attaque inappropriée, et une autre tentative de dépassement, malheureuse, à Singapour, cette fois-là sur Webber (Red Bull), Hamilton a encore fauté.

Pluie sur Suzuka

Qui plus est au plus mauvais moment, à quatre courses à peine du dénouement. Et sur une piste «où il faut beaucoup rouler» pour trouver des repères, car «plus tu tournes, plus tu vas vite», a-t-il reconnu.

«Ce n'est pas concevable de jeter à la poubelle une saison de cette manière», déclarait à son sujet Flavio Briatore vendredi dans les colonnes du quotidien italien la Gazzetta dello sport. S'il était resté calme, il serait encore à la lutte maintenant.»

«C'est la deuxième fois que ça se produit. Il avait déjà fait des erreurs décisives en 2007», rageait l'Italien. A l'époque, Hamilton était opposé à Fernando Alonso, son coéquipier chez McLaren. Les deux hommes s'étaient neutralisés à force de coups bas, permettant au Finlandais Kimi Räikkönen de les devancer d'un point à l'issue du dernier GP de la saison.

Le directeur de l'écurie McLaren, Martin Whitmarsh, préfère relativiser: «Ca arrive dans le sport mécanique (...) Lewis, après un jour en pleine lumière, peut s'accidenter le lendemain. Ca fait partie du personnage. Nous ne voulons pas le changer.»

Et quid de la trop grosse pression pesant sur ses épaules ? «Ce n'est pas le cas. Quand on est sous pression, on fait le contraire. On resserre, observe Whitmarsh. Ce qui s'est passé, c'est qu'il était rapide ce (vendredi) matin». Hamilton a, il est vrai, terminé 6e de la première séance, malgré son accident.

S'il manque de retenue, le Britannique compte sur le facteur chance. Samedi, la pluie est annoncée sur Suzuka. Dans ce cas, tous les réglages patiemment testés vendredi par ses concurrents deviendraient caduques. Et Hamilton, brillant sur le mouillé, devrait être largement dans le coup. A moins d'une erreur...