Le président de la FIA ne viendra pas ce week-end à Bahreïn. Objet de critiques toujours plus nombreuses, l'Anglais a décidé de convoquer une assemblée de la FIA.

Il est absent, mais ne s'en retrouve pas moins au centre de toutes les conversations dans le paddock de Bahreïn: initialement, Max Mosley, le président de la Fédération internationale de l'automobile (la FIA), avait prévu assister au troisième Grand Prix de la saison de F12 008.

À la suite de l'article paru dimanche dernier dans le tabloïd britannique News of the World, Mosley a décidé de ne pas venir à Bahreïn «pour raisons personnelles». Il faut dire que son ami Bernie Ecclestone, le très influent détenteur des droits commerciaux de la F1, ainsi que le prince de Bahreïn, le cheik Salman bin Hamad Al-Khalifa, lui ont tous deux déconseillé le voyage. «C'est avec grand regret que dans les circonstances actuelles, je pense que votre venue à Bahrein serait inappropriée», écrit ainsi le prince à Max Mosley.

Hier, dans le paddock, les plus compréhensifs considéraient que les galipettes du président de la FIA ne concernent après tout que sa vie privée, qu'elles se déroulent entre adultes consentants et que personne n'a à lui donner de leçons sur ses fantasmes. Quant aux aspects les plus nauséabonds des images publiées - leurs relents nazis -, ils sont fermement niés par Mosley. Ce dernier annonce d'ailleurs une poursuite en justice contre l'hebdomadaire britannique, alors qu'une enquête devrait déterminer dans les deux semaines qui était le commanditaire de la vidéo publiée par News of the World.

Il n'en reste pas moins que sa position à la tête de l'institution se retrouve désormais anéantie. Hier, les constructeurs Mercedes et BMW, dans une lettre commune, ont expliqué que l'affaire avait des conséquences portant bien au-delà du sport automobile. «Cette affaire concerne M. Mosley à la fois à titre personnel, mais aussi en tant que président de la FIA», précise leur communiqué.

Honda, pour sa part, s'affirme «extrêmement déçu par les événements concernant M. Mosley» et pense que «la réputation de la Formule 1 et de ses participants s'en trouve endommagée». Ajoutant sa voix dans le concert de protestations, Toyota «désapprouve tout comportement raciste ou antisémite».

Hier, en réponse à cette agitation, le président de la FIA a demandé une réunion extraordinaire de la fédération pour discuter de cette ingérence dans sa vie privée. Et du maintien ou non de Max Mosley à sa tête. Cette réunion devra se tenir «le plus vite possible», mais comme il s'agit de réunir 222 membres provenant du monde entier, la date n'est pas encore fixée.

Le rôle de président de la FIA confère à Mosley une position de «sage», à qui il revient de faire respecter la morale du championnat. Il n'est pas rare qu'il prenne les pilotes à partie et qu'il leur reproche leur comportement.

Désormais, on l'imagine mal reprocher à Lewis Hamilton d'avoir commis un excès de vitesse sur une autoroute. Hier, les pilotes avaient du mal à s'exprimer sur ce sujet «sensible». Seuls Nico Rosberg et Lewis Hamilton ont accepté de le commenter.

«Je suis d'accord avec les remarques des constructeurs (au sujet de Max Mosley), a lâché Hamilton. Nous devons tous donner l'exemple aux jeunes qui nous regardent.»

Rosberg a abondé dans le même sens: «Si vous êtes une personnalité importante, il faut absolument donner le bon exemple.»

Sa crédibilité désormais entamée, il semble qu'il sera difficile à Mosley de se maintenir à la tête de la FIA, même s'il affirme que l'affaire ne modifie en rien son dévouement à la fédération.