Le pilote québécois venait d'accomplir son dernier relais en piste, peut-être le meilleur de ces 24 heures. La piste était bonne, la visibilité excellente, le trafic inexistant. Villeneuve venait d'avoir la piqûre.

Le pilote québécois venait d'accomplir son dernier relais en piste, peut-être le meilleur de ces 24 heures. La piste était bonne, la visibilité excellente, le trafic inexistant. Villeneuve venait d'avoir la piqûre.

«Il va revenir, c'est certain: je vais le harceler», a dit son coéquipier Nicolas Minassian, qui en était à sa huitième participation à l'épreuve sarthoise.

Villeneuve dispose d'une option d'un an au contrat qui le lie à Peugeot. S'il n'en tient qu'à l'écurie, le champion du monde de Formule 1 sera le bienvenu l'an prochain.

«Je n'en ai pas encore discuté avec lui, mais si l'expérience lui a plu, nous serons heureux de l'accueillir», a dit le directeur d'équipe de Peugeot Sport, Serge Saulier.

Surtout, le retour de Villeneuve aux 24 heures du Mans dépend de ses engagements en 2008. Le pilote convoite toujours une place en NASCAR. Or le calendrier de cette série, très chargé, ne lui laisserait pas de temps pour une petite excursion d'une semaine dans la campagne sarthoise.

Le soleil pointait déjà au zénith lorsque le Québécois a dit un dernier au revoir à la Peugeot 908. Il venait de passer les deux dernières heures à défendre la deuxième place de son équipage derrière l'Audi no 1 du trio Biela-Pirro-Werner.

«J'ai dormi quatre heures, je me suis levé, j'ai changé la couche de mon fils, Jules, puis je suis sorti en piste», a résumé Villeneuve au sujet de sa très courte nuit. Une autre journée au boulot, quoi, mais vécue à plus de 300 à l'heure.

L'écurie française avait nettement amélioré son rythme au cours de la nuit, roulant durant plusieurs heures au même rythme que la voiture de tête.

Villeneuve se voyait probablement déjà sur la deuxième marche du podium lorsqu'il a regagné son motor-home. L'Audi R10 galopait loin devant, mais sa poursuivante ne montrait aucun signe de faiblesse.

Il n'a fallu que deux tours de son coéquipier Minassian pour que tout s'écroule.

«J'ai senti baisser la puissance du moteur, puis un drôle de bruit s'est fait entendre, a expliqué le pilote marseillais. Je suis rentré dans les puits, ils ont réparé quelque chose. La voiture ne faisait plus de bruit, mais elle ne marchait toujours pas. Je savais que c'était fini.»

Rencontré alors qu'il s'apprêtait à filer sur son scooter, le dernier membre du trio, l'Espagnol Marc Gené, a commenté en quelques mots la mort de sa voiture. «C'est de la m***», a-t-il dit en souriant.

Après la course, le directeur technique de l'écurie, Bruno Famin, a accepté de commenter son expérience des derniers mois avec le pilote québécois.

«Au début, on s'est regardé bizarrement, a-t-il admis. On se demandait s'il ne nous prenait pas pour des charlots. Et aussi quel serait son véritable degré d'implication dans le projet.»

Famin reconnaît que Villeneuve a éprouvé des difficultés lors de sa première présence en piste aux 24 heures du Mans. Lancé alors que le soleil se couchait sur le circuit de la Sarthe, Villeneuve a roulé loin derrière les coureurs de la marque allemande, leur concédant parfois jusqu'à sept secondes au tour.

«Jacques nous a fait le coup chaque fois qu'il a pris la piste: aux essais cet hiver, à la journée test ici au Mans, durant les qualifs...

«Il n'était pas à l'aise au début et était tellement loin des temps que la Peugeot ne marchait pas: il n'y avait pas assez d'appui aérodynamique et la voiture sous-virait.

«Mais il s'est toujours amélioré très vite et a fini par faire mieux que d'autres qui ont plus d'expérience, Nicolas Minassian par exemple.

«Surtout, il nous a montré qu'il est un pilote très exigeant, qui sait exactement ce qu'il veut et pourquoi il le veut. Chacune de ses demandes pour la voiture est le fruit d'une réflexion très articulée.

«C'est quelqu'un de très précieux et je serais ravi de l'avoir à nouveau dans l'équipe.»