Derrière l'intouchable Sebastian Vettel (Red Bull), en route vers un 4e titre mondial d'affilée, le Français Romain Grosjean (Lotus), 3e, et l'Allemand Nico Hülkenberg (Sauber), 4e, ont incarné dimanche au GP de Corée l'avenir d'une Formule 1 qui a besoin de sang neuf.

Jusqu'à la crevaison de Sergio Pérez (McLaren) et la neutralisation qui a suivi (32e au 37e tour), c'est Grosjean qui a ménagé le suspense, en ne décrochant jamais à plus de quatre secondes d'un Vettel intenable. De quoi entrevoir, à tout moment, la possibilité d'un coup de théâtre favorable au pilote français de 27 ans, soit un an de plus que Vettel.

«Je ne voulais pas rouler trop près de lui, pour ne pas trop user mes pneus avant en perdant de l'appui aérodynamique. Mais j'ai quand même été surpris par notre rythme en course et la voiture marchait de mieux en mieux. Donc je pense que les derniers relais auraient été épiques... s'il n'y avait pas eu la voiture de sécurité, comme en Allemagne», a expliqué Grosjean en conférence de presse.

Coupé dans son élan par cette neutralisation favorable, une fois de plus, à Vettel, le Français a ensuite géré au mieux la seconde mi-temps après avoir été surpris, dès la reprise, par le dépassement de son coéquipier Kimi Räikkönen: «C'est de ma faute et je n'ai pas pu le repasser tout de suite, car il y avait un drapeau jaune au virage suivant, pas de chance», a-t-il souligné.

6e podium de Grosjean

«Iceman» est un sacré chasseur de primes finlandais pour qui chaque point gagné vaut son pesant d'euros, car son contrat est fondé sur un système de bonus. Il est repassé dimanche à la 3e place du championnat, grâce à son 8e podium de la saison dont six deuxièmes places. Mais Romain est quand même monté sur le podium, son 6e en 40 GP, à côté de deux champions du monde.

Après la seconde neutralisation (38e au 41e tour), due à l'incendie de la Red Bull de Mark Webber, «Hulk» a pris le relais pour assurer le spectacle, dans sa Sauber grise, au coeur d'un peloton de chasse comprenant aussi deux champions du monde adorant la bagarre: Lewis Hamilton (Mercedes) et Fernando Alonso (Ferrari).

Sans faire la moindre faute, malgré la pression permanente des deux furieux en quête de gros points, Hülkenberg est allé au bout, apportant à l'écurie de Peter Sauber et Monisha Kaltenborn son meilleur résultat de 2013. Avec 12 points en prime, permettant à Sauber de rejoindre Toro Rosso à la 7e place du classement des constructeurs.

Hülkenberg chez Lotus?

Ce n'est pas par hasard que Hülkenberg, 26 ans comme Vettel, a signé cet été un pré-contrat avec Ferrari, déchiré quand la Scuderia a annoncé le retour de Räikkönen à Maranello. Du coup, il est désormais en pole position pour remplacer Räikkönen chez Lotus, avec un plan B qui ne manque pas d'allure non plus: McLaren, qui renouera en 2015 avec Honda.

«Grosjean peut devenir champion du monde», répète souvent Eric Boullier, le Team Principal du Lotus F1 Team et défenseur numéro 1 du Franco-Suisse actuellement 8e du championnat pilotes avec 72 points, à 200 longueurs de Vettel et 95 de son coéquipier Räikkönen. Quant à Hülkenberg, 11e du championnat avec 31 pts, il se fait remarquer depuis 2010 dans des voitures de milieu de tableau (Williams, puis Force India, puis Sauber) et mérite d'avoir enfin sa chance dans un «top team».

Grâce aux jeunes ingénieurs d'Enstone, Lotus est bien installé dans le carré d'as avec Red Bull, Ferrari et Mercedes-AMG... mais en dépensant deux fois moins d'argent. Si Boullier arrive à convaincre Genii Capital de recruter Hülkenberg pour remplacer Räikkönen aux côtés de Grosjean, il pourra compter sur un sacré tandem de pilotes. Aussi talentueux que modestes, aussi rapides que faciles à gérer. A priori.