Devant les menaces de perturbations liées au conflit étudiant, le Grand Prix du Canada a décidé de ne prendre aucun risque: la journée portes ouvertes, un rendez-vous prisé des amateurs de F1 montréalais, sera annulée cette année.

L'organisation du Grand Prix en a fait l'annonce dimanche dans un communiqué de presse. Son président s'est dit «profondément attristé» de devoir annuler cet événement populaire, qui aurait dû avoir lieu jeudi.

«Cette décision, nous ne l'avons pas prise de gaieté de coeur, considérant que cette activité est partie intégrante du charme et de la tradition de grande convivialité de notre événement, a expliqué le président du Grand Prix du Canada, François Dumontier. Nous nous en excusons sincèrement auprès des amateurs de F1, dont une bonne part de nos spectateurs qui apprécient ce rendez-vous annuel.»

La journée portes ouvertes permet au public d'envahir le circuit et d'admirer les F1. Ce rendez-vous traditionnel a lieu depuis le début des années 90 et est l'une des marques distinctives du Grand Prix du Canada. L'année dernière, on estime que 12 000 curieux se sont rendus dans l'île Notre-Dame pour y participer.

Malheureusement, les organisateurs du Grand Prix disent n'avoir d'autre choix que d'annuler la journée cette année, «compte tenu des menaces de perturbation exprimées et dont il est difficile de mesurer précisément le bien-fondé». «L'entrée gratuite et le caractère naturellement plus ouvert de la journée portes ouvertes présentaient certains risques que nous ne pouvions prendre», a expliqué François Dumontier.

La Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) a déjà fait savoir qu'elle entend utiliser la vitrine qu'offre le Grand Prix, qui aura lieu la fin de semaine prochaine, pour faire valoir ses revendications.

Des affiches apparues dernièrement à Montréal invitent par ailleurs à envahir le métro pour empêcher les spectateurs de se rendre à la course.

La Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC), un groupe d'extrême gauche, menace quant à elle de perturber le cocktail d'ouverture du Grand Prix, qui aura lieu jeudi soir au centre-ville. Mais contrairement à la journée portes ouvertes, ce rendez-vous exclusif n'est «pas en péril», a confirmé François Dumontier à La Presse.

Gilbert Rozon intervient

Par ailleurs, Gilbert Rozon a annoncé qu'il voulait rencontrer les leaders étudiants aujourd'hui ou demain afin de leur faire comprendre l'importance d'une saison touristique paisible pour Montréal. Le grand patron du festival Juste pour rire veut à tout prix éviter que les grands rendez-vous estivaux de la métropole ne soient dérangés par des manifestations ou des actes de perturbation.

En effet, Gabriel Nadeau-Dubois a déjà affirmé que son organisation profiterait de tous ces événements pour faire entendre sa colère au sujet de la hausse des droits de scolarité. Mais Gilbert Rozon ne l'entend pas de cette oreille.

Ce dernier a affirmé que les organisateurs de festivals et d'événements font l'objet de menaces qui «ont des allures de chantage et de prise d'otage». Il veut donc tenter de raisonner les leaders étudiants et les convaincre d'épargner les grands événements.

Selon l'homme d'affaires, les leaders pourraient «dire que tout se fera pacifiquement et pas du tout dans le but de déranger les événements. Il y a moyen d'envoyer des messages clairs qui vont déjà calmer le monde».

Il affirme que ces événements font la fierté des Montréalais et qu'ils permettent à Montréal de rayonner partout sur la planète.

- Avec PC