Seulement troisième d'un Grand Prix du Japon un peu ennuyant, l'Allemand Sebastian Vettel a néanmoins confirmé dimanche son titre de champion du monde de F1. Moins spectaculaire que celui de l'an dernier - acquis lors de la dernière épreuve de la saison -, ce sacre du pilote de 24 ans est toutefois beaucoup plus significatif, car il place déjà Vettel aux côtés des grands champions de l'histoire de la F1.

«C'est un peu déconcertant, a souligné le Champion, très ému, en conférence de presse. On a tous travaillé pour gagner, l'équipe de course, mais aussi tout le personnel à l'usine de Milton Keynes. Tous ses gens ont une part de mérite dans ce titre mondial et je ne sais comment les remercier.»

Modeste, Vettel est le grand responsable de la domination de Red Bull cette saison. L'Allemand est en effet seulement le neuvième pilote à défendre son titre et tous les autres - Alberto Ascari, Juan Manuel Fangio, Jack Brabham, Alain Prost, Ayrton Senna, Michael Schumacher, Mika Hakkinen et Fernando Alonso - sont considérés comme des pilotes d'exception.

Plus jeune double champion de l'histoire, Vettel est idéalement placé pour remporter de nombreux autres titres. Son équipe, Red Bull, est en effet la meilleure du plateau, avec notamment le génial ingénieur Adrian Newey pour concevoir les monoplaces les plus efficaces. Le budget est à la hauteur des ambitions du milliardaire Dietrich Mateschitz - le créateur des célèbres boissons énergisantes - et Vettel n'a visiblement aucune intention d'aller ailleurs à court terme.

Fort d'un premier titre, le jeune Allemand a acquis cette saison une assurance qui lui a permis de surclasser tous ses rivaux. Après un début de saison euphorique - cinq victoires en six épreuves -, Vettel a marqué le pas à la mi-saison, sans toutefois délaisser les podiums et en continuant de creuser l'écart avec ses plus proches concurrents.

Il a assené le coup de grâce à compter du Grand Prix de Belgique, à Spa, en enlevant trois victoires consécutives sur des circuits où on attendait plutôt la Ferrari d'Alonso ou les McLaren de Hamilton ou de Button.

Si ce dernier, qui s'est imposé cette saison comme un authentique pilote de premier plan, a privé Vettel de la victoire dimanche à Suzuka, il a reconnu après la course qu'il n'avait plus d'espoir depuis plusieurs courses déjà.

«Seb (Vettel) a connu une saison extraordinaire, a indiqué Button. Aussi fort que nous ayons essayé, nous n'étions pas de classe à rivaliser avec lui.»

Avec neuf victoires, 14 podiums et 12 positions de tête en 15 épreuves, le jeune Allemand pourrait profiter de la fin de saison pour inscrire son nom au livre des records de la F1. Il pourrait par exemple égaler le record de 13 victoires en une saison - Michael Schumacher en 2004 - en remportant les quatre derniers Grands Prix, mais a sans doute une meilleure chance d'égaler ou de battre le record de 14 positions de tête en une saison - Nigel Mansell en 1992.

À plus long terme, Vettel va tenter de rejoindre son illustre compatriote Schumacher, le recordman des titres mondiaux avec sept, dont cinq consécutifs entre 2000 et 2004. Celui qu'on surnommait le «Kaiser» est certes moins performant depuis son retour à la compétition, l'an dernier, mais il n'en est pas moins considéré comme le plus grand sportif allemand de l'histoire.

«Sebastian et son équipe ont connu une saison phénoménale et ils méritent toutes nos félicitations, a déclaré Schumacher. Défendre un titre est bien plus difficile que d'enlever le premier et ils l'ont fait avec éclat. Je suis également très ému de voir Sebastian s'imposer à nouveau. Je suis à la fois heureux et un peu fier d'avoir été un modèle pour lui.»

Le prochain défi de Vettel sera justement de mobiliser toute son équipe derrière lui - comme son ainé l'avait fait chez Ferrari - et de l'entraîner vers de nouveaux sommets. En a-t-il la carrure, à 24 ans?