Jenson Button (McLaren) a remporté dimanche le Grand Prix du Japon de Formule 1, une surprise tant Red Bull partait a priori favori à Suzuka, Sebastian Vettel, 3e, étant malgré tout sacré champion du monde, un sacre annoncé avant même le début de l'épreuve.

La performance de l'Allemand n'a de fait pas semblé faire se lever les foules dans son écurie, où l'ambiance paraissait tristounette après coup. Aux antipodes en tout cas des hurlements de joie s'échappant de la maison Red Bull après le titre glané lors de la dernière course l'an passé à Abou Dhabi.

Cette saison, Vettel est constamment apparu au-dessus du lot. Assommant la concurrence en début d'année, il comptait déjà près de 100 points d'avance sur son dauphin à la mi-saison. Personne ne pensait sérieusement que le titre pouvait lui échapper.

Avant Suzuka, Vettel devait ainsi marquer un petit point lors des cinq dernières courses pour s'imposer définitivement. Seul pilote à pouvoir l'en empêcher, Jenson Button, lui, devait tout gagner jusqu'à la fin en espérant un zéro pointé de l'Allemand. De l'ordre du miracle étant donné l'hégémonie du pilote Red Bull.

Le Britannique a malgré tout exécuté la première partie de son contrat. Parti deuxième sur la grille, il s'est fait tasser par Sebastian Vettel au départ, plongeant à la 3e place. Plus rapide, il a ensuite refait son retard, pour dépasser l'Allemand aux stands et s'envoler vers sa troisième victoire en 2011. Un joli succès, mais insuffisant. Aussi, au moment de recevoir sa coupe, son visage a-t-il paru crispé.

«Déroutant»

«Ça fait longtemps que j'ai abandonné tout espoir de titre. Peut-être que je n'exprime pas ce que je ressens. Mais j'étais extatique», a toutefois affirmé Button, encore à 114 longueurs de Vettel. Et de féliciter le nouveau champion: «Aussi fort que nous ayons essayé, nous n'avons jamais réussi à l'atteindre!»

Le pilote Red Bull, volontiers taquin dans ses réactions face à Button et l'Espagnol Fernando Alonso, joli 2e à bord de sa Ferrari à nouveau compétitive, a de son côté eu du mal à exprimer ses sentiments.

«Gagner le Championnat ici est très spécial, mais en même temps un peu marrant. C'est aussi déroutant que la première fois. D'un seul coup, tu es censé penser: "Et oui, c'est maintenant que ça se passe, c'est là qu'il faut en profiter"», a raconté l'Allemand, néanmoins frustré de ne pas l'avoir emporté à Suzuka.

«Ce qui est aussi amusant, c'est que la semaine prochaine il y a une autre course (le GP de Corée du Sud le 16 octobre). C'est un peu difficile à comprendre, a-t-il observé. Toute l'année, nous avons essayé très fort de garder les pieds sur terre et de nous concentrer sur la prochaine étape».

Or, celle à venir sera facultative pour le titre, qu'il a déjà remporté à quatre courses du terme. «Cela dit, j'attends avec impatience le reste de la saison. Nous avons une super voiture, une super équipe. Nous ferons tout ce que nous pourrons pour être bons lors des prochains GP», a-t-il asséné.

Maudit Vettel, que même une seconde couronne, après une année de domination sans partage, ne suffit à rassasier. Ses poursuivants, à commencer par son coéquipier, l'Australien Mark Webber, 4e dimanche, ou le Britannique Lewis Hamilton (McLaren, 5e) peuvent désespérer. Jusqu'au bout, l'Allemand ne leur fera aucun cadeau.