L'engagement dans la Formule 1 du constructeur Renault, qui a vendu son écurie pour se consacrer à son activité de motoriste, est lié à «certaines conditions» de coût et d'image notamment environnementale, a indiqué Carlos Tavares, directeur général délégué à l'AFP.

Deux ans après le "Crashgate", ce scandale qui a secoué le constructeur français en 2009, lorsque l'accident volontaire du Brésilien Nelson Piquet Jr. lors du Grand Prix de Singapour 2008 - dans le but de favoriser son coéquipier, l'Espagnol Fernando Alonso - a été dévoilé, le sourire est revenu chez Renault.

La marque au Losange, qui avait promis de rester en Formule 1, s'est progressivement désengagée de son écurie. Genii Capital, un groupe luxembourgeois, en a d'abord racheté 75% des parts en 2009, puis les 25% restants lors de la dernière intersaison.

En début d'année, Renault F1 est devenu Lotus Renault. Proton, le constructeur malaisien possédant la célèbre marque britannique, s'est engagé pour sept ans avec l'écurie, compensant peu ou prou le départ de l'ancien propriétaire. Et Renault s'est consacré à son activité de motoriste.

La société française, qui fournissait déjà les moteurs de son (ex) équipe et de Red Bull, s'est entendue fin 2010 avec la structure Team Lotus et début juillet avec Williams pour 2012. Pour des résultats positifs.

«C'était un choix raisonnable qui nous a amenés à un niveau de dépense conforme à nos moyens, explique Carlos Tavares. Renault n'a pas des fonds infinis. Cette décision a permis à l'entreprise de recentrer son effort sur le coeur de la course: les moteurs.»

Plutôt que de payer 220 millions d'euros annuellement pour une écurie (en 2009), le constructeur français en débourse désormais 60 pour fournir des blocs moteur. Pour des retombées similaires en terme d'image?

 

Passion

«Je ne sais pas si nous avons perdu quelque chose. Mais nous pouvons faire plus et mieux au niveau de l'utilisation de nos résultats sportifs», constate-t-il.

Jean-François Caubet, le directeur de Renault Sport, évalue de son côté le retour sur investissement de l'activité moteurs à «deux à trois fois» la mise en terme d'image et de publicité. «C'est un petit peu comme quand Renault F1 était championne du monde», assure-t-il.

Le public français, attaché à son équipe «nationale», en est pourtant pour ses frais. «Nous sommes une entreprise française, fière de l'être. Mais nous avons une vocation à faire des affaires dans le monde entier. Il faut regarder notre engagement en F1 avec un prisme mondial», répond M. Tavares.

D'où la «nécessité d'utiliser la F1 comme un véhicule de renforcement de l'image», si possible environnementale, affirme-t-il. Le passage de l'actuel moteur V8 gourmand en essence à un V6 avec système de récupération d'énergie et de contrôle de la consommation en 2014 va dans ce sens.

«Notre stratégie est d'être les leaders en matière de véhicules à zéro émission. Tout ce qui concourra à la réduction des émissions de CO2 et à véhiculer un message qui va dans ce sens est une démarche positive», observe Carlos Tavares.

La présence de Renault dans la discipline semble dès lors acquise pour de longues années. «Notre engagement en F1 est un engagement durable dès lors que des conditions de coûts, d'image et d'équité sportive sont réunies», commente-t-il.

«Tant que ces conditions-là seront respectées, il n'y a pas de raison qu'on ne soit pas en F1. On y est depuis presque 30 ans. On a déjà démontré notre passion. On continue de le faire tous les jours.»

Photo: AFP

Sebastian Vettel, champion du monde en titre sur Red Bull-Renault.