Trois pilotes semblent en mesure de ravir le titre au dernier Grand Prix de la saison, dimanche à Abou Dhabi: la Formule 1 a rarement connu de finales aussi serrées, hormis au GP d'Australie 1986 et au GP du Brésil 2007.

GP d'Australie 1986

Williams en 1986 domine autant que Red Bull en 2010. Et Frank Williams, comme Christian Horner, refuse de privilégier Nigel Mansell ou Nelson Piquet.

À l'entame de la dernière course de la saison, à Adélaïde, le Britannique, avec 70 unités, devance de 6 longueurs le Brésilien et ... Alain Prost (McLaren), quand une victoire vaut alors 9 points, une 2e place 6, une 3e 4, etc. Mansell a d'énormes chances d'être sacré.

La course débute au mieux pour lui. Prost crève rapidement et se retrouve dans les profondeurs du classement. Keke Rosberg qui, sur l'autre McLaren, ne représente aucune menace pour le Championnat, mène l'épreuve. Piquet et Mansell suivent.

Mais au 62e tour, Rosberg abandonne, pneu arrière-droit en lambeau. «Le Championnat est maintenant grand ouvert», observent les commentateurs britanniques. Piquet prend de fait la tête de course, devant Prost et Mansell, pour qui un tel résultat suffit pour être sacré.

Un tour plus tard, c'est pourtant le Britannique qui explose son pneu arrière-gauche alors qu'il roule à 300 km/h. Nigel Mansell abandonne la course... et le Championnat à son coéquipier, alors aux commandes de l'épreuve. «C'est une complète tragédie», s'attristent ces mêmes commentateurs.

Williams, qui craint une nouvelle crevaison, demande ensuite à Piquet de passer au stand pour changer ses gommes. Prost remporte le GP d'Australie 1986 devant le Brésilien. Il est sacré champion pour la deuxième année de suite. Et gagne son surnom de «professeur», pour sa capacité à gérer les courses.

GP du Brésil 2007

Trois pilotes peuvent encore être sacrés à Sao Paulo, où se tient la dernière course de la saison 2007. Kimi Räikkönen (Ferrari) est l'outsider. Le Finlandais compte 7 points de retard au classement sur Lewis Hamilton et 3 sur Fernando Alonso, les deux coéquipiers ennemis chez McLaren.

Le Britannique, époustouflant pour ses débuts en F1, et l'Espagnol, double champion du monde en titre, ont passé leur saison à se faire des coups bas. Alonso, pour sa première saison chez McLaren, reproche à l'écurie britannique d'avoir constamment privilégié son pilote maison Hamilton.

Cela lui lui coûtera finalement le titre et provoquera son retour prématuré chez Renault. «Ma grand-mère (...) me disait de partir de là, de McLaren», confiera plus tard Alonso.

A l'inverse, la relation est plus harmonieuse entre Räikkönen et son alter ego Felipe Massa. Le Brésilien, auteur de la pole à Interlagos, lui laisse ainsi la victoire. Massa, qui s'était imposé les deux fois précédentes à domicile, terminera la course dans le sillage de son partenaire.

Alonso finit de son côté 3e et Hamilton, victime de problèmes de boîte de vitesses dans les toutes premières boucles, 7e. Ironie du sort : les deux hommes closent l'exercice avec 109 unités chacun... et perdent donc tous deux le titre pour un point.

Alonso «m'a juste montré comment ne pas me comporter en tant que pilote de Formule 1», réagira Hamilton a posteriori.

Photo Image Shack.com

Alain Prost en 1986.

Si les batailles à trois lors des dernières courses de la saison sont rares, les mano-a-mano ont à l'inverse été légion. Les accidents volontaires entre Ayrton Senna et Alain Prost en 1989 et 1990 au GP du Japon, ou celui où Michael Schumacher a harponné Damon Hill pour le titre en 1994, et bien sûr celui où ce même Schumacher avait tenté sans succès de faire la pareille à Jacques Villeneuve en 1997, font partie de la légende de la F1.

Photo: AP

Michael Schumacher avait tenté de sortir Jacques Villeneuve de la piste au Grand Prix d'Europe à Jerez en 1997.