Jenson Button a fait un autre pas hier vers le titre de champion du monde, mais cela a encore été à la manière d'un comptable, sans éclat et sans intérêt.

Le Britannique a mieux géré sa stratégie de ravitaillements, restant en piste plus longtemps avant son dernier arrêt, pour prendre l'avantage sur son coéquipier Rubens Barichello et accroître son avance au championnat.

 

À moins d'un faux pas colossal, Button sera couronné dans un mois à Abu Dhabi et ce sera une belle récompense pour son début de saison euphorique - six victoires en sept courses. Mais comment oublier qu'il n'a plus gagné depuis le mois de juin...

 

Il y a d'ailleurs fort à parier que ce sont d'autres pilotes qui vont voler la vedette dans les trois dernières épreuves de la saison, comme cela a été le cas, hier, à Singapour.

 

Du trio de tête, le plus soulagé était sûrement Fernando Alonso. On a beaucoup parlé de l'équipe Renault cette semaine, et l'Espagnol s'est retrouvé bien malgré lui au coeur de la tempête.

 

Blanchi de tout soupçon dans le scandale du Crashgate, Alonso a montré qu'il était un homme fier et un grand pilote. Sa présence sur le podium constitue un merveilleux baume pour les dizaines d'artisans qui ont travaillé dans l'ombre au succès de Renault et dont la réputation a été injustement ternie par les magouilles de deux ou trois individus.

 

Alonso a rendu hommage à ses équipiers après la course, mais il a surtout salué le grand absent du week-end: «Je veux dédier ce podium à Flavio (Briatore), qui a sûrement regardé la course de chez lui. Il fait partie de ce résultat.»

 

Banni à vie de la F1 pour son rôle dans le scandale, Briatore a guidé Alonso de ses débuts en F1 jusqu'à deux titres mondiaux. L'Espagnol lui doit beaucoup et il l'a rappelé hier.

 

On ne sait pas ce qui arrivera de cette équipe Renault «décapitée», mais le transfert d'Alonso chez Ferrari apparaît de plus en plus évident.

 

Et on peut être certain que sa classe et sa rigueur contribueraient à sortir la Scuderia de sa mauvaise passe actuelle.

 

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Encore une fois, les animateurs du Grand Prix ont été fort mal récompensés de leurs efforts.

 

Nico Rosberg - qui en fait une spécialité - a gâché un superbe week-end en écopant d'une pénalité d'arrêt aux puits pour avoir roulé sur la ligne blanche qui délimite la zone de sécurité à la sortie des puits. Il n'y a gagné aucun avantage, mais la règle est stricte et Rosberg s'est encore retrouvé dans les profondeurs du classement, alors qu'il aurait pu prétendre au podium.

 

Sebastian Vettel a sûrement perdu encore davantage en écopant lui aussi d'une pénalité, pour excès de vitesse dans les puits. Le jeune Allemand menaçait Lewis Hamilton pour le premier rang et une victoire lui aurait permis d'entretenir un petit espoir au Championnat.

 

Rosberg et Vettel sont souvent présentés comme de futurs champions du monde. Ils en ont le talent, sans doute, mais ont encore bien des choses à apprendre.