La Formule 1 s'est débarrassée lundi d'un de ses personnages les plus controversés, l'Italien Flavio Briatore, mais ce sont encore Bernie Ecclestone et Max Mosley qui ont tiré les ficelles de cette «exécution».

Officiellement, le Conseil mondial de la FIA a rendu son verdict dans l'affaire du «Crashgate» impliquant l'équipe Renault. Si celle-ci écope une suspension permanente, c'est avec un sursis de deux ans et trois mois, qui lui permet de poursuivre ces activités en F1. Renault ne sera effectivement exclue que si elle commet une faute similaire d'ici 2011.

 

Par contre, le directeur général Flavio Briatore et son bras droit Pat Symonds, déjà écartés de l'équipe la semaine dernière, ont été bannis du sport automobile, le premier à vie, le second pour cinq ans.

 

Briatore ne pourra plus être associé à une équipe ou à tout événement sanctionné par la FIA. Il ne pourra également être l'agent d'aucun pilote engagé dans ces événements et sera interdit de paddocks. Max Mosley, le président de la FIA, s'est ainsi vengé d'un de ceux qui avaient tenté d'avoir sa tête, l'an dernier, pendant le scandale sexuel auquel il était mêlé : «Le problème de Briatore, c'est qu'il a nié et continué à nier même quand il est devenu très clair qu'il était impliqué.

 

«C'est dommage parce qu'il a été au plus haut niveau du sport automobile pendant plus de 20 ans. C'est triste de voir une carrière se terminer comme cela. Mais que pouvions nous faire d'autre ?»

 

L'autre «coupable», Pat Symonds, un ingénieur de 56 ans associé depuis longtemps à Briatore, il a eu droit à une certaine clémence parce qu'il a reconnu sa responsabilité et ses regrets.

 

Les pilotes, Nelson Piquet fils et Fernando Alonso, qui ont participé à l'enquête, sont blanchis. Piquet, dont les révélations ont déclenché l'affaire, avait d'ailleurs obtenu l'immunité en échange de son témoignage.

 

Rappelons que le jeune pilote brésilien avait été impliqué dans un accident, sur ordre de ses patrons, lors du Grand de Singapour de 2008. L'intervention de la voiture de sécurité avait favorisé son coéquipier Alonso qui en avait profité pour remporter la course.

 

Plusieurs observateurs avaient émis de doutes dès la fin de l'épreuve, mais ce ne sont que les révélations de Piquet, plus tôt cet été après son congédiement, qui ont attiré l'attention de la FIA.

 

Sauver Renault... et la F1

 

Éminemment politiques, les sanctions rendues lundi avaient déjà été évoquées par Bernie Ecclestone, la semaine dernière à Monza. Déjà privée de la présence de BMW la saison prochaine, la F1 pourrait difficilement se passer également de celle de Renault, même si la faute était très grave.

 

Ecclestone a répété lundi que cette affaire ne pouvait engager la responsabilité de Renault et que les coupables avaient déjà été chassés de l'équipe. Mosley a insisté : «Les témoignages ont démontré que l'équipe n'avait aucune responsabilité morale et encore moins la régie Renault.»

 

Bernard Rey, le président de Renault F1, présent hier aux audiences de la FIA, n'a pas voulu confirmer le maintien du constructeur français en F1, se contentant de dire que des informations seraient disponibles sous peu.

 

Mosley, qui quittera son poste en octobre, a estimé devant les journalistes qu'après avoir «coupé les mauvaises branches», «la F1 va continuer à fonctionner comme elle aurait toujours dû le faire.»

 

Il faudrait toutefois être aveugle pour ne pas reconnaître que la F1 est confrontée à une situation difficile. Les grands constructeurs hésitent à maintenir leur engagement, le transfert de plusieurs Grands Prix européens vers le Moyen-Orient ou l'Asie a été un échec commercial et les cotes d'écoute sont en baisse dans tous les marchés.

 

Ecclestone ne s'y est pas trompé en orchestrant le retour du populaire Grand Prix du Canada l'an prochain et il espère sans doute séduire l'industrie automobile coréenne avec l'arrivée d'un Grand Prix de Corée du Sud en 2010.

Mais comment pourra-t-il changer cette F1 «magouillarde» qu'il a lui-même mise en place et dont Briatore n'était que l'exemple le plus évident? Rien n'a plus contribué au déclin de la F1 depuis quelques années que ce manque de crédibilité.

 

Après ceux de Briatore et de Mosley, devra-t-on attendre le départ de Ecclestone lui-même pour enfin voir renaître la F1?

 

- avec AFP

Photo AFP

Nelson Piquet fils, à son arrivée aux bureaux de la Fédération internationale automobile, lundi.