Pour des pilotes qui parcourent le globe de Melbourne à São Paulo en passant par Monza et Bahreïn, les Grands Prix ne se démarquent pas toujours les uns des autres. Un tracé très particulier à Monaco, une chaleur humide en Malaisie, un ennui mortel à Magny-Cours et la pluie à Spa-Francorchamps: voilà généralement tout ce qu'ils retiennent des 18 étapes du championnat.

Le Grand Prix du Canada, pourtant, se détache par l'ambiance unique de Montréal. Ni le tracé de l'île Notre-Dame - des lignes droites entrecoupées de virages lents -, ni son revêtement partant en lambeaux, ni même son paddock flottant sur un bassin d'aviron ne laisseront de regrets aux pilotes. Montréal et son centre-ville, par contre, ne sont pas près de tomber dans l'oubli. Hier, au circuit du Mont-Fuji, ingénieurs, mécaniciens et pilotes regrettaient de concert la disparition d'un Grand Prix que tous adoraient. «C'est nul, a lâché Sébastien Bourdais, pilote de l'écurie Toro Rosso. C'était vraiment une étape sympa pour tout le monde. On quittait le circuit, on partait se promener dans le centre-ville, c'était génial.» «Où vais-je acheter des jeans bon marché, maintenant?» a renchéri un mécanicien de l'écurie Renault.

Du côté des pilotes, mêmes regrets: «J'adore Montréal, a commenté Jenson Button. C'est une ville formidable et c'est l'un des meilleurs Grands Prix pour la vie nocturne. C'est dommage de voir cette étape disparaître, mais disons que la ville va me manquer davantage que la piste elle-même... Et les steaks, mon ami! Les steaks sont excellents!»

Même les pilotes qui n'ont pu venir à Montréal qu'une seule fois regrettent sa disparition du calendrier. «Les courses, là-bas, ont toujours été très excitantes, a remarqué Kazuki Nakajima. Je suis content que nous ayons une pause de quatre semaines en été en contrepartie (ndlr: cette pause a été rendue possible par la suppression de Montréal), mais disons que l'absence du Canada n'est pas la meilleure des solutions.»

Pour Robert Kubica, le Grand Prix du Canada s'avère bien entendu chargé de souvenirs particuliers: celui de son terrible accident de 2007, qui avait vu sa BMW Sauber s'écraser de plein fouet contre un mur de béton, et celui de sa première victoire en F1, cette année. «Évidemment, je n'aurais pas décidé de supprimer ce Grand Prix, a commenté le Polonais. J'adorerais y courir à nouveau, puisque j'y ai gagné cette année et que nous étions déjà très rapides l'an dernier. Je viens d'apprendre la nouvelle et j'en suis navré. Nous verrons bien.»

Entre la nostalgie des restaurants pour les uns, du magasinage pour les autres et de la course elle-même pour les derniers, chacun, au Mont-Fuji, avait ses raisons de regretter la disparition du Grand Prix du Canada. En ajoutant toujours la même conclusion: «Pourvu que Bernie Ecclestone change d'avis!»