Lewis Hamilton a attendu le tout dernier tour pour arracher la pole position et tirer du coup le tapis sous les pieds de Robert Kubica.

Le pilote McLaren a sorti son meilleur tour lors des dernières fractions de seconde de la qualification. Il a enfilé les virages à fond pour passer l'arrivée avec un chrono de 1:17,886 et arracher sa deuxième pole de la saison.

Pas de chance pour Kubica: il allait signer sa toute première pole position en carrière avant que Hamilton sorte ce lapin de son chapeau. L'an dernier, le Polonais avait quitté le circuit sur une civière. Quoi de mieux pour chasser les mauvais souvenirs qu'une première place sur la grille...

Kubica a toutefois dû se contenter de la deuxième position, juste devant Kimi Raikkonen et Fernando Alonso, étonnant visiteur sur la deuxième ligne de départ. En effet, l'Espagnol a réussi à se glisser derrière Raikkonen, avec un tout petit recul d'un centième de seconde.

«C'est fantastique de décrocher la pole ici, au Canada, au même endroit où j'ai remporté ma première pole (NDLR: et son premier Grand Prix) il y a un an, a dit Hamilton. Lors de mon dernier tour, j'ai perdu un peu de temps quand j'ai sorti trop large. Je savais que Robert et Kimi me poursuivaient et que je devais tout donner.»

Un circuit détérioré



Malheureusement, ce n'est pas l'impeccable performance de Hamilton qui a animé les conversations du paddock hier, mais plutôt la détérioration de l'asphalte du circuit. Dans plusieurs secteurs, le revêtement s'égrenait, rendant la piste aussi glissante qu'un tapis de billes. Au moindre faux pas, les voitures risquaient d'aboutir dans le mur.

«Si on sortait de 10 ou 20 centimètres de la ligne de course, on se retrouvait sur du gravier, avec très peu d'adhérence», a expliqué Kubica.

Ce n'est pas la première année que les pilotes et les écuries se plaignent de la qualité du circuit, mais hier, le mécontentement a grimpé d'un cran.

«C'est la même chose depuis trois ou quatre ans. Ils nous promettent de régler le problème, mais ça n'arrive jamais. S'ils ne sont pas capables de s'en charger, qu'ils trouvent des gens pour le faire», a lancé Kimi Raikkonen, dans une de ses rarissimes montées d'agressivité. «C'est inacceptable que ce soit les conditions de piste qui dictent la grille de départ et pas les voitures ou les pilotes.»

Il est vrai que Ferrari a particulièrement souffert de ce bitume plus glissant que la patinoire du Centre Bell. Felipe Massa n'a pu faire mieux qu'une sixième place et Raikkonen a terminé à une seconde de Lewis Hamilton: un écart beaucoup trop grand pour être fidèle à la réalité. «C'est incroyable le temps que j'ai perdu dans l'épingle, tour après tour, a expliqué Raikkonen Je n'ai jamais réussi à trouver la bonne ligne de course. C'est dommage, car la voiture était compétitive et j'aurais pu me battre pour la pole. Mais tout n'est pas si terrible: nous avons été rapides depuis le début du week-end. Et je vais partir du côté propre de la piste, ce qui est une bonne chose.»

Autres pilotes à se réjouir: Nico Rosberg, cinquième hier en qualification, et Rubens Barrichello, qui a réussi à hisser sa pauvre Honda au neuvième rang. Parmi les grands perdants de la journée, on retrouve Jenson Button, qui n'a complété que trois misérables tours en qualification avec sa Honda. Jarno Trulli a aussi connu une journée catastrophique. Il a fait plus de kilométrage sur le gazon ou en dérapage que sur la ligne de course.

Les pilotes pas rassurés



Aussitôt la dernière voiture sortie de piste, le personnel du circuit s'est employé à réparer le circuit et on promet que tout sera rentré dans l'ordre pour le départ de la course, cet après-midi à 13h.

Des promesses qui ne rassurent pas nécessairement les pilotes. «L'asphalte s'arrachait après deux tours. Qu'est-ce que ça va être après 70», s'est interrogé Kubica. «Si les conditions dans l'épingle restent les mêmes pendant le Grand Prix, il va y avoir une autre incertitude; déjà que traditionnellement, la chance peut jouer un grand rôle dans le résultat de la course», a ajouté Felipe Massa.

Mais à toute chose, malheur est bon. Si Massa était parti sixième à Barcelone, il aurait tout de suite dû mettre une croix sur la victoire, voire le podium. À Montréal, les remontées spectaculaires (et les déconfitures soudaines) sont choses possibles.

Un peu d'imprévisibilité ne peut pas faire de tort à la Formule 1.