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Le désastre est à la hauteur de cette étrange saison de Formule 1. Déjà marqué par de nombreux scandales, le championnat s'est achevé en queue de poisson, tard hier soir, lorsque le titre mondial qu'avait remporté Kimi Räikkönen quelques heures plus tôt fut remis en cause sur le tapis vert.

Dans un premier temps, le Grand Prix du Brésil avait été splendide. Une course incroyable, époustouflante et mémorable: les adjectifs manquent pour décrire le fantastique déroulement de cette dernière manche du championnat du monde de Formule 1, 2007.

Au fil des 71 tours du Grand Prix du Brésil, le titre mondial virtuel a changé de mains à cinq reprises entre les trois pilotes qui restaient en lice, Lewis Hamilton, Fernando Alonso et Kimi Räikkönen. Et c'est finalement celui qui avait le moins de chances de s'imposer qui a coiffé ses adversaires sur le poteau, avec un seul point d'avance sur les deux pilotes McLaren. Jamais classement de championnat n'a été aussi serré entre les trois premiers classés.

En prenant la tête de l'épreuve à 21 tours de l'arrivée et en y demeurant jusqu'au drapeau à damier, Kimi Räikkönen avait fait tout ce qu'il pouvait pour remporter son premier titre mondial. Mais il n'aurait jamais pu s'imposer sans les erreurs accumulées de Lewis Hamilton: le jeune Britannique n'a tout simplement pas résisté à la pression extrême à laquelle il était soumis.

Au départ, coincé derrière Kimi Räikkkönen, le Britannique a tenté maladroitement de passer son coéquipier Fernando Alonso, qui en avait profité pour se glisser devant lui. Ratant son freinage, Hamilton s'est retrouvé brièvement hors de la piste avant de rejoindre le peloton en huitième place.

Cette première erreur aurait pu être oubliée si le Britannique n'en avait pas commis une seconde, au huitième tour. «Mon doigt a glissé sur le volant, et j'ai pressé par erreur le bouton utilisé pour le départ», avouait-il, hier soir, plusieurs heures après la course, au moment de quitter le circuit. «La voiture s'est mise au point mort et j'ai dû réinitialiser le système, c'est-à-dire recharger le logiciel de gestion de la boîte» Une opération possible sur le volant de la McLaren, mais qui prend du temps et qui fit rétrograder son pilote en 18e place.

Dès lors, Hamilton a tenté de remonter le peloton, mais cette recherche du temps perdu mit ses gommes à mal puisqu'il a dû stopper trois fois pour en changer. Il termine septième, marque deux points, et prend la deuxième place du classement, à un seul petit point de Räikkönen.

Beaucoup de temps

«Évidemment, c'est vraiment décevant d'avoir mené pratiquement toute la saison et d'échouer lors de la dernière manche, s'est lamenté le Britannique. Mais je me dis que ce n'est que ma première saison en F1, et qu'elle a déjà été phénoménale. Il me reste encore du temps devant moi avant d'atteindre mon rêve et de devenir champion du monde.»

En attendant, c'est Räikkönen qui a réalisé le sien. Le Finlandais n'y croyait pas, et dans un rare moment d'émotion, il a même brandi les deux poings hors de son cockpit en signe de victoire. À son niveau, c'est preuve d'une joie incommensurable

Même s'il n'est pas d'un naturel très expansif, Räikkönen - sans doute parce qu'il pilote pour Ferrari -, bénéficie d'une grande popularité. La Formule 1 s'apprêtait donc à fêter son nouveau champion lorsqu'on apprit, peu après la course, que le délégué technique de la Fédération Internationale de l'Automobile (la FIA), avait constaté que les écuries BMW Sauber et Williams avaient enfreint le règlement technique: au point 6.5.4, celui-ci précise que la différence de température entre l'air ambiant et l'essence injectée dans les réservoirs des F1 ne doit jamais dépasser 10 degrés - pour empêcher les équipes de réfrigérer l'essence, ce qui en réduit le volume et améliore les propriétés.

Or, au cours du Grand Prix du Brésil, plusieurs températures furent mesurées entre 23 et 25 degrés sur les voitures de ces deux écuries, alors que la température ambiante était de 37 degrés, à en croire l'affichage officiel des écrans de chronométrage.

L'affaire aurait pu paraître banale, mais elle relevait d'une importance capitale: si les BMW Sauber et les Williams étaient disqualifiées, comme cela semblait probable, Hamilton grimpait de trois places au classement, terminait quatrième, marquait cinq points au lieu de deux, et devenait champion du monde à la place de Räikkönen!

À 21h35 locales, soit six heures après l'arrivée, les commissaires sportifs ont décidé pourtant de n'appliquer aucune sanction aux deux écuries incriminées, jugeant que les mesures relevées n'étaient pas assez précises pour tirer la moindre conclusion. Räikkönen était donc alors confirmé champion du monde 2007 jusqu'à 22h 30, lorsque, respectant le délai d'une heure, l'écurie McLaren annonça faire recours contre la décision des commissaires. L'affaire sera donc entièrement rejugée par le tribunal d'appel de la FIA, à Paris, probablement dans le courant de la semaine prochaine.

En attendant, et mĂŞme si le recours de McLaren semble avoir peu de chances d'aboutir, le championnat du monde n'a pas de champion officiel.

Il ne reste qu'à espérer que Räikkönen verra finalement sa couronne confirmée. Car si une sombre affaire de température d'essence devait offrir le championnat à Hamilton sur le tapis vert, le titre du Britannique ne mériterait guère de considération.