A priori, l'idée permettrait de créer un petit «plus» original pour le spectacle. Les naïfs pensent aussi que cela permettrait d'éviter la fournaise étouffante de Malaisie (35 degrés à l'ombre, hier, et une humidité dépassant 50%). Et que cela permettrait aussi de disputer les courses asiatiques à des horaires plus agréables pour le public européen - le Grand Prix d'Australie avait lieu à 4 heures du matin en France, et celui de Malaisie, ce week-end, démarrait à 9 heures.

A priori, l'idée permettrait de créer un petit «plus» original pour le spectacle. Les naïfs pensent aussi que cela permettrait d'éviter la fournaise étouffante de Malaisie (35 degrés à l'ombre, hier, et une humidité dépassant 50%). Et que cela permettrait aussi de disputer les courses asiatiques à des horaires plus agréables pour le public européen - le Grand Prix d'Australie avait lieu à 4 heures du matin en France, et celui de Malaisie, ce week-end, démarrait à 9 heures.

Pour le Québec, une course asiatique disputée de nuit serait également plus «comestible» : le Grand Prix de Malaisie aurait ainsi lieu vers 8 heures du matin plutôt qu'en pleine nuit - à l'heure où vous lisez cet article, il est déjà terminé.

L'idée de Bernie Ecclestone consiste donc à plaire aux commanditaires, qui se désolent des audiences télévisées très faibles des courses asiatiques. Si les patrons d'écuries semblent plutôt favorables à l'idée (ils pourront demander davantage à leurs sponsors), les pilotes, eux, ne partagent pas le même enthousiasme : «Je crois que de telles courses sont impossibles», commentait hier Fernando Alonso. «Un Grand Prix n'a rien à voir avec un match de football. Qu'arriverait-il en cas de panne de courant ?»

Mais en fait, alors qu'elle semble se poser comme un cadeau aux équipes, l'idée de Bernie Ecclestone masque une tentative de séduction destinée à des fins autrement plus mercantiles.

Bernie, qui détient les droits commerciaux de la F1, doit absolument convaincre les équipes d'accepter davantage de Grands Prix par an. L'an dernier, le Britannique a vendu la constellation de ses sociétés (la FOM (la Formula One Management), la SLEC holding (la Slavica Ecclestone holding, qui gère la FOM), Allsport Management SA (à Genève), qui encaisse les publicités autour des circuits, et enfin la Bambino Holding, la holding chapeautant le tout). L'acheteur de l'ensemble, la société d'investissement CVC Capital, souhaite désormais un meilleur rendement de la Formule 1. Et le seul moyen d'augmenter les bénéfices, c'est d'augmenter le nombre de Grands Prix par an.

Bernie Ecclestone souhaite ainsi passer à 20 épreuves par an, pour commencer. Il compte dans ses cartons des projets à Mexico, à Singapour, en Afrique du Sud, à Moscou, en Corée et en Inde. Les écuries ne veulent pas en entendre parler. «Je n'accepterai jamais plus de 18 Grands Prix par an», confiait hier Ron Dennis, le patron de McLaren. «A partir de ce nombre, la vie deviendrait impossible pour nos employés. En ce début de saison, certains sont partis de chez eux pendant plus de cinq semaines. Avec 20 Grands Prix, j'aurais besoin de deux équipes de courses parallèles. C'est hors de question.»

Entre Bernie Ecclestone, qui souhaite tenir ses promesses vis à vis de ses actionnaires, et les écuries, le bras de fer est donc engagé dans les coulisses. Et l'astuce des courses de nuit, qui n'est autre qu'un petit sucre offert par Bernie, ne suffira pas à faire passer la pilule des 20 Grands Prix ou plus.

Demeure toutefois une constante à laquelle il est impossible de déroger en Formule 1 : Bernie finit toujours par obtenir ce qu'il veut. Les patrons d'écurie finiront par plier, comme à chaque fois.