«Ils nous ont bien caché leur jeu : ils nous dépassent comme ils veulent dans les lignes droites», a dit Sébastien Bourdais en descendant de voiture, tout juste après son premier relais en piste.

«Ils nous ont bien caché leur jeu : ils nous dépassent comme ils veulent dans les lignes droites», a dit Sébastien Bourdais en descendant de voiture, tout juste après son premier relais en piste.

Au moment de mettre sous presse, les Audi no 1 et 2 étaient solidement installées aux commandes de la course, avec en tête le Danois Tom Kristensen, septuple vainqueur de l'épreuve. La Peugeot de Jacques Villeneuve logeait en troisième place à plus de cinq tours du meneur.

«S'il ne leur arrive aucun incident, il sera impossible de les rattraper», a concédé Villeneuve, en nage après plus de deux heures au volant de sa Peugeot 908.

L'écurie française avait pourtant connu une semaine sans faute pour ce grand retour aux 24 heures du Mans après 13 ans d'absence. Première et troisième de la grille de départ, les voitures à propulsion diesel ont toutefois été déjouées par une météo capricieuse.

Dès la première courbe, Bourdais a commis, de son propre aveu, «une erreur stupide» qui lui a coûté la position de tête. «J'ai freiné trop tard puis j'ai tenté de contre-braquer, sans succès.» Sa prototype a frôlé le tête-à-queue, puis frappé une borne de sécurité avant de reprendre la piste derrière l'Audi no 2 alors pilotée par l'Italien Dindo Capello.

Prudent et chaussé de pneus à rainures sur une piste sèche, Nicolas Minassian a rapidement été dépassé. «J'ai été agréablement surpris par l'écart de vitesse entre nous et les Peugeot», a dit Capello en quittant sa Audi.

Deux tours de retard après quatre heures

Villeneuve s'est installé dans la Peugeot no 7 pour la première fois après un peu plus de quatre heures de course. Son équipage accusait alors deux tours de retard sur l'Audi de Kristensen.

Présent durant plus de 30 tours en piste, le pilote québécois s'est échangé à plusieurs reprises la troisième place avec la Pescarolo-Judd du Français Jean-Christophe Boullion. Il concédait toutefois près de sept secondes par tour aux deux Allemandes situées en tête.

Villeneuve, dont c'était le retour à la compétition après 10 mois d'absence, n'a subi qu'un léger incident de course. «J'ai touché quelque chose avec l'avant en pleine ligne droite au début de mon relais et il a fallu remplacer le capot. C'est assez difficile, notamment à cause des reflets sur le pare-brise.

«Je suis surpris par le nombre d'abandons en LMP1», a-t-il ajouté. Après 12 heures de course, il ne restait plus que sept voitures de cette catégorie, la plus rapide des 24 heures du Mans. Au total, 14 des 53 équipages ayant pris le départ ont abandonné en raison d'incidents de course ou d'ennuis mécaniques.

L'écurie Audi a notamment dû déclarer le forfait de sa troisième voiture conduite par de jeunes pilotes issus de la série DTM. Au 24e tour, la R10 de Mike Rockenfeller a violemment heurté le rail de sécurité après avoir glissé sur un vibreur rendu glissant par la pluie. L'ampleur des dégâts constatés sur le train arrière de sa prototype a dissipé tout espoir de reprendre la course. La mésaventure a été chaudement applaudie par les milliers de fans de Peugeot groupés dans les gradins.

Mais l'écurie française a connu sa part d'ennuis. Au 68e tour, le Français Stéphane Sarrazin a ramené dans les puits une voiture dont s'échappait un important panache de fumée. Vingt minutes plus tard, il s'élançait de nouveau après des travaux effectués sur le train arrière.

Une fois la nuit tombée, l'écurie Audi s'est appliquée à maintenir son avance, tournant au même rythme que ses poursuivants.

«Je pense que Jacques et moi allons nous améliorer au fil de la course, a dit l'Espagnol Marc Gené. En raison des mauvaises conditions météo de cette semaine, nous avons eu moins de temps que prévu pour nous habituer au circuit.»

Une victoire de Villeneuve, de moins en moins probable sur le circuit de la Sarthe, le placerait au même rang que Graham Hill, le seul jusqu'ici à avoir remporté les 24 heures du Mans en plus du championnat du monde de F1 et des 500 milles d'Indianapolis.