L'installation au Québec, c'est bien. Mais il faut aussi parler boulot. Et cette semaine, Jacques Villeneuve entreprend sa deuxième carrière. Dans le monde de la course automobile, il y a la Formule 1 dans tout le monde, sauf aux États-Unis et il y a le Nascar aux États-Unis... avec un débordement au Mexique et au Canada. Autrement dit, le Nascar, c'est l'autre grosse série dans le monde de la course automobile. Une série totalement différente de ce qu'a vécu Jacques Villeneuve à ce jour.

Sa deuxième carrière

L'installation au Québec, c'est bien. Mais il faut aussi parler boulot. Et cette semaine, Jacques Villeneuve entreprend sa deuxième carrière. Dans le monde de la course automobile, il y a la Formule 1 dans tout le monde, sauf aux États-Unis et il y a le Nascar aux États-Unis... avec un débordement au Mexique et au Canada. Autrement dit, le Nascar, c'est l'autre grosse série dans le monde de la course automobile. Une série totalement différente de ce qu'a vécu Jacques Villeneuve à ce jour.

Je présume qu'à la veille de son premier Grand Prix de Formule 1 à Melbourne, en Australie, en 1996, que Jacques Villeneuve devait être nerveux, fébrile, anxieux et un peu innocent devant l'ampleur du défi qui l'attendait.

Quand je l'ai joint, jeudi soir, à Talladega, il venait de compléter sa journée. «Comment je me sens? Tout ce que tu viens de dire à propos de Melbourne et de mon premier Grand Prix, moins l'innocence. Je suis maintenant un pilote expérimenté, je sais dans quoi je m'embarque, je connais les difficultés et les embûches et j'ai hâte», de me dire Villeneuve.

Pierre-Marc Durivage vous a raconté que certains pilotes voient d'un mauvais oeil l'entrée en scène de Villeneuve sur un ovale aussi terrifiant que celui de Talladega. Villeneuve hausse les épaules quand on aborde la question. En fait, il ferait la même chose.

Mais alors, pourquoi risquer si gros à ce stade de la saison?

«Parce que le Nascar, c'est pas la F1. Quand j'ai disputé mon premier Grand Prix pour Williams, j'avais des milliers de kilomètres d'essais derrière moi. Mais ça ne donnerait rien de faire la même chose en Nascar. Toutes les voitures sont pareilles ou à peu près. Je dois surtout prendre de l'expérience le plus rapidement possible, développer de nouveaux réflexes, de nouvelles habitudes, de nouveaux instincts. Et ça, pour y arriver, je dois rouler dans des courses réelles, pas dans des essais», explique-t-il.

La deuxième raison, elle vise des objectifs commerciaux. À cause en partie de David Richards, la seule personne de l'univers F1 que Jacques Villeneuve déteste vraiment, on a copieusement beurré sa réputation. L'image d'un pilote coriace refusant de travailler avec les commanditaires et les dirigeants d'écurie lui colle à la peau. Pourtant, en huit ans de couverture de Formule 1, j'ai toujours vu Villeneuve faire ce qu'on lui demandait avec une relative bonne grâce. Mais je l'ai vu aussi rappeler à ses patrons que ce qu'on lui demandait n'était pas prévu dans son contrat. Et dans ce temps-là, il faisait grincer des dents.

Villeneuve veut profiter de ces quelques courses qui restent à disputer avant la fin de la saison pour montrer qu'il peut être coopératif et être une bonne affiche pour celui qui voudrait se servir de lui et de sa voiture pour montrer ses produits. «Je n'ai pas de mérite. J'aime vraiment cette atmosphère de famille et de bonne entente qui règne en Nascar. On se parle et on discute amicalement au lieu de se poignarder dans le dos pour des raisons de politique. Et puis, même s'il y a de nombreux journalistes qui couvrent les courses, ça ne se compare par à la F1 où une presse internationale est omniprésente», dit-il.

Et effectivement, en moins de dix minutes, un Villeneuve pouvait répondre aux questions d'un Allemand, d'un Espagnol, d'un Italien, d'un Français, d'un Anglais, d'un Finlandais, d'un Japonais, d'un Australien... et de deux Québécois sans parler d'un Torto inclassable. En sachant que chacun du groupe avait une intention bien précise derrière chaque question. C'est comme ça que ça se passe en F1.

Il sourit: «Au moins, ici, ça parle juste une langue».

Erreur. Fugère et Durivage sont arrivés en Alabama.

DANS LE CALEPIN - J'ai reçu des dizaines de courriels cette semaine. Plusieurs de mes correspondants sont confondus par le sens du mot «indigène» que j'ai employé dans quelques chroniques. Le terme indigène ne veut pas être drôle ni être insultant. Un indigène, c'est quelqu'un né dans le pays qu'il habite. Le petit Larousse en fait le synonyme d'autochtone même si les Amérindiens se sont accaparés du terme. Maxime Lapierre au Cercle, c'est un indigène amusant des indigènes. La plupart des partisans du Canadien sont des indigènes. C'est tout. Le propriétaire n'en est pas un. Il est vrai que parfois, le terme indigène a pris un sens de colonisé. Tout est sans doute dans la façon de lire.

«Nous allons être quelques minutes en retard, le bébé n'a pas fini de manger.» C'était Jacques, lundi dernier, dernière journée au Québec avant de quitter pour l'Alabama et sa première course en Nextel, la grosse affaire du NASCAR.

Ils sont arrivés quelques minutes plus tard. Lui, en jeans et t-shirt, très en forme, la nuque et les épaules un peu moins musclées que dans ses années de Formule 1, elle, très belle avec sa taille légèrement arrondie. «Hé oui, un deuxième bébé. Johanna est enceinte de quatre mois», confirme Villeneuve en s'assoyant.

Bravo, le Québec a besoin de bébés.

Les Villeneuve vivent présentement dans un appartement du Vieux, rue Notre-Dame. Le temps qu'on termine les rénovations dans leur maison de Westmount.

Déjà, Villeneuve a prévu la campagne pour les enfants. Il avait tenté de mettre la main sur de très beaux terrains au Mont Tremblant, mais c'est finalement Michael Douglas qui a fini par hériter des lopins de terre. Lui, il se considère très chanceux; il a déniché 800 âcres à Huberdeau, dans une région moins fréquentée tout près de Tremblant. «C'est extraordinaire. Huit cents âcres, une magnifique rivière, deux lacs, une belle montagne, de l'espace pour le ski, impossible de rêver mieux. Le monsieur rêvait d'un prix, ça faisait mon affaire, tout le monde est heureux», de raconter Villeneuve.

«Mais ça va sans doute être plus pour la saison d'hiver. J'aime pas les bibittes», sourit Johanna.

Elle a déjà un janvier derrière elle et n'a pas trouvé aussi horrible qu'on lui disait l'hiver québécois. En fait, elle aime beaucoup sa nouvelle vie. «Ce qui me manque, ce sont les petits marchés de quartier qu'on peut faire à pied en rentrant à la maison. Pour le reste, la vie est beaucoup plus facile à Montréal qu'à Paris», dit-elle.

Et Jacques ajoute: «Ceux qui se plaignent de la circulation à Montréal n'ont jamais conduit à Paris. Malgré tous les travaux, c'est encore possible au Québec».

Et puis, le Québec n'est pas inconnu à Johanna Martinez. «Alma, Chicoutimi, je connais ces noms. Mon père était le gérant de Claude François. Puis, il a travaillé avec les Gypsy Kings. Il a fait des tournées au Québec, il nous en a parlé», raconte-elle en souriant.

Et si son père était le gérant d'une star comme Claude François (My Way chantée par Paul Anka, Frank Sinatra et Elvis Presley, c'est lui), je comprends mieux pourquoi Villeneuve dit qu'elle a une façon très terre à terre d'aborder les choses. Autrement dit, c'est une gestionnaire.