Jacques Villeneuve croit possible de se retrouver ce matin (heure de Montréal) sur l'une des trois marches du podium de la 76e édition des 24 Heures du Mans, mais il est encore trop tôt, croit-il, pour dire laquelle. «Il faut être patient, 24 heures, c'est long», a prudemment rappelé Villeneuve qui n'a sans doute pas oublié que l'an dernier, à sa première participation à cette épreuve d'endurance, sa Peugeot avait été victime d'une casse moteur à 77 minutes de l'arrivée.

À sa deuxième présence au volant de la Peugeot 908 HDI numéro 7 sur le circuit de la Sarthe, Jacques Villeneuve - et ses équipiers Marc Gene et Nicolas Manassian - peut légitiment croire que la 76e édition des 24 Heures du Mans sera la bonne. À mi-course, il occupe la position de tête devant l'Audi R10 TDI numéro 2. L'avance de son équipage n'est pas confortable pour autant. Villeneuve s'est dit ennuyé par le sous-virage de sa monture lors de ses deux premiers relais. «Ça allait un peu mieux au deuxième, mais j'ai été victime d'une crevaison lente et puis j'ai été gêné à plusieurs reprises par le trafic sur le piste», ce qui a incité la direction de l'équipe à lui demander de céder le commandement de l'épreuve à la Peugeot numéro 9 pilotée alors par Franck Montagny et de rentrer aux puits.

Occupant les trois premières places sur la grille, les Peugeot 908 partaient favorites. Elles ont pourtant connu des fortunes diverses au cours des 12 premières heures de l'épreuve mancelle. Après avoir pulvérisé le record du tour en course (3:22,449) à son deuxième passage, la numéro 8 s'est immobilisée quelque 30 tours plus tard aux puits pour corriger des ennuis de boîte de vitesse, ce qui l'a reléguée loin des meneurs et a forcé ses pilotes à augmenter le rythme. La numéro 9 n'a pas été épargnée, elle non plus; aux mains de Christian Klien qui, à la tombée de la nuit, l'enlisa dans le bac à gravier de la chicane Ford suffisamment longtemps pour voir la Peugeot numéro 7 pilotée à ce moment-là par Marc Gené prendre la tête de la course. Nicolas Manassian a par la suite accru cette avance à la suite de l'accident de Marcel Fassler (Oreca Courage numéro 6) qui a nécessité l'intervention de la voiture de sécurité. Manassian a cependant effectué un double tête-à-queue sans conséquence (il comptait un tour d'avance sur son poursuivant) au 185e tour, juste avant de céder son baquet à Jacques Villeneuve qui entreprenait alors son troisième relais avec un tour d'avance sur son plus proche poursuivant. À sa descente de voiture, le sympathique pilote marseillais en riait presque. «Aucun souci, la voiture est parfaite», dit-il avant de s'allonger pour quelques heures.

Une course contre la pompe?

Moins véloces que les Peugeot, les Audi ont cependant encore de bonnes cartes à abattre. «Nos R10 TDI sont un peu distancées en performance pure par nos rivales françaises, reconnait Alan McNish l'un des trois pilotes de la R10 TDI numéro 2, mais certains de leurs pilotes commentent des erreurs», ajoute-t-il en prenant bien garde de les nommer. La direction de course d'Audi ne commentera pas, elle non plus, préférant rappeler qu'outre la fiabilité éprouvée de ses montures et la régularité de ses pilotes, elle compte sur un moteur turbo-diesel plus sobre. En effet, les «allemandes» consomment moins, donc moins souvent condamnées à passer par les stands, que les Peugeot. À mi-course, les Peugeot s'étaient arrêtées en moyenne 19 fois contre 16 pour les Audi. C'est plus que ne l'avait souhaité le constructeur allemand qui estimait avant l'épreuve que ses voitures feraient vraisemblablement trois arrêts en moins au terme de la course. Cela risque bien d'être le double, ce qui pourrait se traduire par deux tours de gagné d'ici la fin de l'épreuve prévue à 15h (9h, heure de Montréal). Oui, c'est long 24 heures.