Une certaine perception pourrait laisser croire que le Grand Prix du Canada attire strictement des visiteurs étrangers. Ou qu’il est boudé par les Montréalais.

C’est plutôt le contraire qui se produit. En 2023, l’évènement a doublé son nombre de spectateurs établis dans un rayon de 40 km de la métropole par rapport à 2019, révèlent des chiffres de fréquentation inédits fournis à La Presse par Tourisme Montréal.

L’organisation commandite ponctuellement, avec la Société du parc Jean-Drapeau et le Groupe de course Octane, une étude de retombées économiques liées au Grand Prix. La précédente datait de 2019, dernière présentation de la course au circuit Gilles-Villeneuve avant la double annulation (2020 et 2021) attribuable à la pandémie de COVID-19.

Dans la nouvelle collecte de données, on apprend qu’un peu plus de 80 000 spectateurs « locaux » ont participé au week-end du Grand Prix en 2023, une hausse d’un peu plus de 40 000 personnes par rapport à 2019. Il s’agit de l’augmentation la plus marquée parmi les groupes recensés, devant les Canadiens établis hors Québec (+12 426, un bond de 53 %), les Québécois établis hors Montréal (+4092, ou 25 %) et les visiteurs internationaux non américains (+1314, ou 9 %).

« Ça démontre que l’intérêt des Montréalais est en croissance, analyse Yves Lalumière, président et directeur général de Tourisme Montréal. C’est important pour nous. »

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Yves Lalumière, président et directeur général de Tourisme Montréal

Les visiteurs montréalais ne sont pas les plus « payants » pour l’économie locale, puisque l’argent qu’ils déboursent pour assister au Grand Prix, s’ils n’y assistaient pas, ils le dépenseraient probablement ailleurs dans la région. Qu’à cela ne tienne, M. Lalumière insiste sur l’« équilibre » à rechercher entre les différents profils de spectateurs.

« Savoir que les Montréalais sont plus intéressés, ça vient nous sécuriser, dit-il. Ces gens-là sont des ambassadeurs, de bons influenceurs. On aime ce partage. Ça apporte une belle harmonie. »

Cela étant, le dirigeant se réjouit tout autant, sinon plus, de l’augmentation de 53 % du public canadien venu d’en dehors du Québec. « C’est énorme. On est très, très contents de ça », résume-t-il.

À l’inverse, le nombre de spectateurs américains a chuté considérablement : de 23 400 en 2019, ils sont passés à 18 766 en 2023, une baisse de 19 %.

Sans analyser en profondeur ce phénomène, M. Lalumière l’attribue principalement à la création de deux Grands Prix additionnels au sud de la frontière au cours des dernières années – les épreuves de Miami, en 2022, et de Las Vegas, en 2023, se sont ajoutées à celle d’Austin.

En hausse

Sur le plan financier, des hausses ont été enregistrées pratiquement sur tous les plans, à commencer par les retombées économiques.

De 63,2 millions en 2019, l’impact sur le PIB du Québec est passé à 67,4 millions en 2023, une hausse de 6,6 %. Dans l’intervalle, les recettes fiscales retournées aux différents ordres de gouvernement ont connu une hausse similaire (6,3 %), de 16 à 17 millions.

Au total, l’organisation calcule que les « visiteurs centrés », soit ceux qui se trouvaient dans la métropole strictement pour l’évènement, ont dépensé un peu plus de 92 millions sur le lieu de la course et au centre-ville, une hausse de 13 %. Un chiffre qu’Yves Lalumière estime « conservateur », encore que réjouissant puisqu’il ne s’agissait, en 2023, que de la deuxième présentation post-COVID de l’évènement.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

De 63,2 millions en 2019, l’impact du Grand Prix sur le PIB du Québec est passé à 67,4 millions en 2023, une hausse de 6,6 %.

Le taux d’occupation des hôtels a légèrement fléchi, de 89,6 % à 88,5 %, même si le nombre de nuitées a légèrement augmenté – moins vite que l’offre disponible, en somme. L’explosion de la valeur de ces nuitées (de 322 $ à 568 $) a toutefois vu les revenus totaux des hôteliers monter en flèche.

Le PDG de Tourisme Montréal s’attend à ce que ces chiffres montent encore en 2024 : il avance que le taux d’occupation pour ce week-end sera de l’ordre de 95 %.

L’effervescence associée au Grand Prix, plutôt que de diminuer, s’accentue. Pour les hôtels et les restaurants, la hausse des dépenses, après la pandémie, ça aide à retrouver l’espoir d’une économie qui reprend.

Yves Lalumière

« Le Grand Prix est vraiment sur une bonne lancée, avec des installations modernisées et un promoteur qui a augmenté l’offre. Tout va ensemble. »

Après ses deux présentations annulées, l’évènement touristique le plus important du Canada « revient de loin ». L’intérêt pour la métropole, lui, semble avoir pleinement repris.

« On a une belle histoire », conclut M. Lalumière.