Évoquant la santé et la sécurité des pilotes, la Fédération internationale de l’automobile (FIA) a confirmé jeudi qu’elle interviendrait afin de réduire le « marsouinage », phénomène aérodynamique qui entraîne des vibrations et de violents soubresauts dans les monoplaces de Formule 1.

Avec le retour cette saison aux voitures conçues autour du concept d’effet de sol, les équipes éprouvent des difficultés à bien gérer les réglages très pointus des différents éléments aérodynamiques. Et c’est particulièrement vrai pour Mercedes, l’équipe qui a remporté les huit derniers championnats des constructeurs, dont les pilotes Lewis Hamilton et George Russell doivent littéralement se battre course après course au volant de leurs bondissantes monoplaces.

Hamilton, septuple champion du monde, a d’ailleurs dû être aidé pour sortir de sa voiture, dimanche dernier, après sa quatrième place au Grand Prix d’Azerbaïdjan, course qu’il a qualifiée de « plus difficile de [s]a carrière physiquement ». Souffrant du dos, le Britannique n’a confirmé sa participation au Grand Prix du Canada qu’en début de semaine.

Plusieurs pilotes ont eux aussi déploré la situation et demandé une intervention rapide des autorités sportives pour corriger la situation.

Dans un communiqué, la FIA explique : « Dans un sport où les concurrents conduisent régulièrement à des vitesses supérieures à 300 km/h, on considère que toute la concentration d’un pilote doit être sur cette tâche et qu’une fatigue ou une douleur excessive pourrait avoir des conséquences importantes si elle entraîne une perte de concentration. En outre, la FIA s’inquiète de l’impact physique immédiat sur la santé des pilotes, dont un certain nombre ont signalé des maux de dos à la suite d’évènements récents. »

Photo Olivier Jean, LA PRESSE

Le « marsouinage » a provoqué des maux de dos chez Lewis Hamilton, qui est tout de même à Montréal pour le week-end.

Plus concrètement, la FIA a émis une « directive technique » dans laquelle elle demande aux équipes de procéder « aux ajustements nécessaires pour réduire ou éliminer ce phénomène ». Les commissaires de la FIA vont examiner plus spécifiquement les planchers et les pontons des monoplaces dans le but d’imposer une « unité de mesure, basée sur l’accélération verticale de la voiture, qui donnera une limite quantitative pour un niveau acceptable d’oscillations verticales. La formule mathématique exacte de cette métrique est toujours en cours d’analyse par la FIA, et les équipes de Formule 1 ont été invitées à contribuer à ce processus ».

La FIA compte aussi convoquer une réunion technique avec les équipes pour définir des mesures destinées à réduire la propension des voitures à produire des phénomènes aérodynamiques comme le marsouinage.

Le sujet est évidemment au centre des discussions sur le circuit Gilles-Villeneuve, où les premiers essais du Grand Prix du Canada auront lieu ce vendredi. Déjà, jeudi, plusieurs pilotes ont réagi positivement aux mesures annoncées.

Le Français Pierre Gasly, de l’équipe AlphaTauri, s’est réjoui de voir que la FIA avait tenu compte des commentaires des pilotes.

C’est positif de voir qu’ils prennent ça à la juste mesure, a-t-il déclaré. On en parle entre pilotes. Au final, c’est nous qui sommes dans la voiture, qui ressentons les impacts dans le dos. C’est nous qui avons mal. Et je pense que même de l’extérieur, ça ne donne pas une idée de ce que c’est de prendre tous ces impacts dans le dos pendant une heure et demie.

Pierre Gasly

La décision de la FIA risque évidemment de déplaire aux équipes, comme Red Bull ou Ferrari, qui ont mieux géré la nouvelle réglementation, mais le directeur de l’équipe Aston Martin, Mike Krack, a estimé : « C’est devenu une question de sécurité et nous ne pouvons qu’appuyer la FIA dans tout ce qu’elle fera pour corriger la situation, sans considération d’éventuels avantages à une équipe ou une autre. Le marsouinage est un phénomène complexe avec des limites physiques et aussi subjectives.

« On sait ce qui se produit sur le plan de l’aérodynamique et de la physique, mais il faut aussi évaluer ce qu’il est possible d’endurer physiquement pour les pilotes. Jusqu’ici, nous n’avons jamais dépassé les limites de nos pilotes, mais c’est évident que nous nous en approchons, et c’est bien d’intervenir pendant qu’il en est encore temps. »