On attendait Lewis Hamilton contre Max Verstappen cette saison. Puis Verstappen contre Charles Leclerc. Nous voilà plutôt au cœur d’un duel fratricide chez Red Bull entre Verstappen et Sergio Pérez.

Le week-end dernier, Charles Leclerc a dû abandonner quand de la fumée s’est échappée de son moteur au Grand Prix d’Azerbaïdjan. C’était son deuxième abandon en trois courses, un coup dur dans sa course au titre.

Mais Leclerc et sa Ferrari voudront rebondir rapidement à Montréal devant un public conquis depuis Gilles Villeneuve. Peut-être pour livrer un message : l’avenir de la Formule 1 passe bel et bien par Leclerc et Verstappen. Le choc attendra, mais finira bien par arriver.

D’un côté, le champion du monde en titre, Verstappen. Un jeune Néerlandais de 24 ans qui s’est développé à une vitesse fulgurante depuis son entrée dans le circuit à l’âge de 17 ans. Il compte déjà 66 podiums en 149 Grands Prix. Élevé dans la Formule 1 avec son père Jos, passé de l’écurie de développement Toro Rosso à Red Bull dès 2016.

De l’autre, un Monégasque de 24 ans qui ne totalisait que 13 podiums en 81 courses au début de la saison, mais qui était attendu au sommet un jour ou l’autre. Un pilote qui profite enfin d’une voiture performante après deux années difficiles. Un athlète charismatique pouvant enfin montrer l’étendue de son talent.

Photo NATALIA KOLESNIKOVA, archives Agence France-Presse

Charles Leclerc

La nouvelle génération. Verstappen a 150 points, Leclerc en a 116.

Le portrait peut changer rapidement en Formule 1. C’est d’ailleurs le pilote de Ferrari qui avait les devants jusqu’à il y a deux semaines.

Leclerc a commencé la saison en puissance en s’emparant du premier Grand Prix, à Bahreïn. Verstappen, à sa poursuite tout le long, a dû abandonner à trois tours de la fin en raison de divers problèmes avec sa monoplace.

Sept jours plus tard, c’est lui qui décrochait son premier triomphe de la saison après avoir joué au chat et à la souris avec Leclerc dans les derniers tours sur le rapide circuit de Jeddah, en Arabie saoudite. Red Bull lançait ainsi sa saison.

Les deux rivaux se sont présentés à Melbourne, en Australie, avec chacun une victoire au compteur. Et c’est Leclerc, dominant, qui a eu le dernier mot. Il est aussi devenu le premier pilote Ferrari depuis Fernando Alonso, en 2010, à réaliser le Grand Chelem (premier en qualifs, premier en course du début à la fin et tour le plus rapide) d’une course automobile. Verstappen, encore victime d’une défaillance mécanique, a dû abandonner au 39tour alors qu’il pointait jusque-là au deuxième rang.

Les triomphes de Verstappen

Les trois Grands Prix suivants ont été l’histoire de Verstappen. Le Néerlandais a complètement dominé la course d’Émilie-Romagne, alors que Leclerc, coupable d’une erreur, a été relégué au sixième rang. Verstappen a ensuite roulé un sans-faute sous la chaleur accablante de Miami pour s’emparer du premier Grand Prix floridien de l’histoire de la F1. Devant Leclerc.

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Max Verstappen

Ce même Leclerc, affecté par un problème mécanique, s’est retiré au 27tour en Espagne. Son rival en a profité pour décrocher sa troisième victoire d’affilée et s’emparer de la première place au championnat des pilotes.

L’action s’est ensuite transportée du côté de Monaco, domicile de Leclerc. Pour la première fois de la saison, ni le Monégasque ni le Néerlandais n’a été le premier à franchir la ligne d’arrivée. C’est plutôt l’autre pilote de Red Bull, Sergio Pérez, qui a mis la main sur son troisième gain en carrière et s’est invité dans la course au titre.

L’équipe Ferrari a fait une énorme gaffe au 22tour en demandant à Leclerc, alors premier, d’entrer aux puits alors que Carlos Sainz fils s’y trouvait déjà. Le Monégasque, furieux, a dû se contenter de la quatrième place, tout juste derrière Verstappen.

Le Grand Prix d’Azerbaïdjan a été le coup fatal : l’abandon de la Ferrari de Leclerc, jumelé à la deuxième place de Pérez, a chamboulé la hiérarchie. Nous voici donc au cœur d’une rivalité interne chez Red Bull.

Pérez dans la course

Si Pérez évolue dans l’ombre de Verstappen depuis son arrivée chez Red Bull, il reste un pilote chevronné. Avec une victoire et cinq podiums cette saison, « Checo » joue du coude avec le meneur.

Photo NATALIA KOLESNIKOVA, archives Agence France-Presse

Sergio Pérez

« Il est dans la course tout autant que Max, a d’ailleurs affirmé à Sky Sports le patron de Red Bull, Christian Horner. La différence entre les deux, ce n’est rien. Lui et Max ont été beaucoup plus proches cette année. »

Pérez a d’ailleurs signé une prolongation de contrat de deux ans en mai. Depuis son arrivée avec Red Bull la saison dernière, l’athlète de 32 ans agit en excellent coéquipier pour son jeune collègue. On n’a qu’à se rappeler la dernière course de la saison 2021, alors qu’il a ralenti Lewis Hamilton afin de permettre à Verstappen de réduire son écart avec la Mercedes.

« Il est un coéquipier incroyable », avait lancé Verstappen après avoir décroché son premier sacre en carrière.

Pour preuve, le 22 mai dernier, en Espagne, Pérez menait la course quand on lui a ordonné de laisser Verstappen le devancer au 49tour. Il a obéi. Mais sera-t-il toujours aussi conciliant ?