Lance Stroll n’a battu aucun record de vitesse, mercredi à Silverstone, pour ses premiers tours de piste depuis l’interruption soudaine de la saison de F1, à la mi-mars, juste avant le Grand Prix d’Australie.

Les équipes ont repris le travail depuis quelques jours et Racing Point a utilisé l’une des deux journées de « tournage » autorisées par les règlements pour permettre à Stroll et à la nouvelle RP20 d’aller en piste.

Le directeur technique de Racing Point, Andrew Green, a expliqué jeudi en vidéoconférence que cette journée avait surtout permis de tester les nouveaux protocoles de sécurité imposés par la FIA lors des épreuves cette saison.

« Ce sera très différent, a insisté Green. Tous les membres de l’équipe doivent porter des équipements de protection individuelle tout en respectant une distance entre eux. Cette matinée en piste nous a beaucoup appris. Nous avons vu les défis qui nous attendent lors des premiers Grands Prix prévus au calendrier. Le protocole influence évidemment la façon de travailler et surtout le temps requis pour effectuer certaines tâches. Nous allons devoir réévaluer le temps nécessaire pour remplacer certaines pièces. Et il faudra aussi prévoir des arrêts plus longs en course. »

Green a expliqué que la fiabilité mécanique serait primordiale dans ces circonstances. « Un nombre limité de techniciens et d'ingénieurs peuvent travailler sur la voiture en même temps ; changer un moteur pourrait prendre deux fois plus de temps. S’il y a un problème majeur, c’est tout le programme du week-end qui sera compromis. »

Le directeur technique de Racing Point a aussi convenu que la pression serait plus forte sur les pilotes. « Je pense qu’ils [Stroll et Sergio Pérez] mesurent très bien les conséquences d’une sortie de piste lors des essais libres et qu’ils agiront en conséquence. »

PHOTO JOHANN GRODER, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Lance Stroll et Sergio Pérez posent devant la nouvelle RP20, en février dernier.

De nouvelles normes

Comme plusieurs industries, la F1 s’est mise au travail à distance pendant la pandémie, avec d’excellents résultats selon Andrew Green. « Nous avons tous découvert de nouvelles normes et il faut admettre que plusieurs aspects sont très positifs », souligne-t-il.

« Certaines tâches, sur le plan de la conception notamment, se font beaucoup plus aisément dans le calme de sa maison. Et même les petites réunions sont souvent plus productives en vidéoconférence. »

Ce qui manque peut-être, c’est l’esprit d’équipe, le sentiment d’être impliqué émotivement, et nous travaillons actuellement sur des façons d’améliorer cet aspect.

Andrew Green, directeur technique de Racing Point

La direction de Racing Point a déjà tiré des leçons de la situation actuelle. Les travaux à la nouvelle usine de l’équipe ont été décalés d’un an et le délai sera mis à profit pour adapter les locaux. « Nous avons réalisé que nous n’avions pas à entasser 300 employés dans un même lieu, qu’il y avait des façons plus efficaces de travailler. Nous avons maintenant l’occasion de redessiner notre environnement de travail. »

Green planifie déjà les deux prochaines saisons. « Habituellement, à cette période de l’année, nous commençons à consacrer une plus grande partie de nos ressources et de notre énergie à la conception et à la préparation de la voiture pour la saison suivante. Nous allons devoir attendre quelques mois cette année et ce sera d’autant plus compliqué qu’il faudra aussi penser à la saison 2022, quand de nouvelles règles radicalement différentes seront introduites. »

Pour l’instant toutefois, toute l’attention de l’équipe Racing Point est concentrée sur le premier Grand Prix de la saison, le 5 juillet en Autriche. « Il y a de l’appréhension, bien sûr, mais surtout beaucoup d’excitation, assure Andrew Green. Tout le monde est vraiment impatient de retrouver l’ambiance d’un week-end de course. »

La nouvelle RP20 avait produit une excellente impression lors des essais hivernaux de Barcelone, en février. Green préfère toutefois se montrer prudent : « Nous n’avons encore aucune idée de la hiérarchie entre les équipes. Je pense que l’écart sera un peu moins grand avec les meilleures équipes, mais cela reste à voir. »