Fondée en décembre, la Toundra a fait ses premiers pas dans le circuit professionnel The Basketball League (TBL) le 4 mars dernier.

Pour la deuxième fois en deux ans, une nouvelle franchise de basketball professionnel vient s’établir à Montréal. C’est une situation encourageante, qui témoigne à la fois de la santé et de la montée en popularité de ce sport au Québec.

« Let’s go, Toundra, let’s go ! »

Dans les gradins du Centre Pierre-Charbonneau, le soutien d’un millier de Montréalais pour leur nouveau club de basket se fait déjà entendre, tout comme le crissement des chaussures ou l’impact du ballon qui traverse le filet. Sur le terrain, des athlètes locaux défendent les couleurs de la métropole devant famille, amis et partisans. Et ils le font bien.

La Toundra, toute première équipe canadienne à faire partie de The Basketball League (TBL), a remporté deux des trois premiers matchs de son histoire. Son aventure s’est amorcée le 4 mars dernier, donnant ainsi le coup d’envoi d’une saison de 24 rencontres réparties sur près de trois mois, dans cette ligue mineure américaine composée de 49 formations.

Sa seule défaite, au troisième match, est survenue contre les finalistes de l’an dernier. Là encore, les joueurs locaux avaient mené une bonne partie de l’affrontement.

« Je pense que c’est comme aller dans un premier rendez-vous et te demander si la fille va t’apprécier, dit en souriant Igor Rwigema, entraîneur-chef de l’équipe. Tu sors du rendez-vous, tu es content parce que ça s’est bien passé. C’est un peu ça, le sentiment. »

Les billets sont abordables. Il y a une volonté de l’état-major d’offrir un produit communautaire, accessible. Dans l’assistance, on peut facilement apercevoir des familles ou des groupes scolaires, qui demandent déjà des autographes aux joueurs après les matchs.

J’adore leur énergie, j’adore que les gens viennent nous encourager. Nous allons avoir nos victoires et nos défaites, mais tant qu’on joue dur et qu’on s’assure de satisfaire les partisans, je pense que nous allons avoir un bon produit.

Juan Mendez, fondateur, propriétaire et directeur général

Selon Igor Rwigema, la réception est très positive jusqu’à maintenant. « Beaucoup de gens avaient un comparatif avec l’Alliance. Ils sont venus et ils ont été surpris par la rapidité du jeu, l’habileté des joueurs. » Il estime que le calibre de la TBL est comparable à celui des circuits de deuxième ou de troisième division pro en Europe.

Empreinte locale

PHOTO KYRAN THICKE, FOURNIE PAR LE PHOTOGRAPHE

Les joueurs en caucus

La Toundra peut habiller 12 joueurs par match, mais compte 18 noms au sein de son effectif. Chacun d’entre eux, sans exception, est passé par la métropole à un moment ou un autre de son parcours. Et la majorité en sont originaires.

L’avantage, ce sont pratiquement tous des joueurs que j’ai eu la chance d’entraîner ou que je connais depuis très longtemps, donc pour moi c’est beaucoup plus facile de les mettre dans des positions où je sais qu’ils vont exceller. Je pense que c’est quelque chose qu’ils ressentent aussi.

Igor Rwigema, entraîneur-chef

Juan Mendez, de son côté, est heureux de pouvoir montrer aux jeunes sportifs qu’il est possible d’atteindre les rangs professionnels sans quitter la maison.

« Les gens rêvent, les enfants rêvent. Nous avons tous déjà été des enfants. Ce qu’on fait, c’est leur faire croire en leurs rêves. Nous avons donné à quelques gars l’opportunité de montrer ce dont ils sont capables. L’important, c’est qu’ils puissent jouer pro et représenter leur ville. »

Quelques semaines après la formation du groupe, certains leaders commencent à émerger. Le garde Jamal Mayali, joueur par excellence du RSEQ avec l’Université McGill en 2021-2022, est actuellement le meilleur pointeur de la formation. Le meneur Nervens Demosthene, qui a joué avec Saskatchewan et Ottawa dans la Ligue élite canadienne de basketball (LECB), contrôle bien le tempo.

Le centre Rudolphe Joly, qui compte le plus d’expérience professionnelle parmi les joueurs présents, a été nommé capitaine. Et le jeune Kyliann Rotardier, qui a brièvement joué pour Guelph dans la LECB, est pour sa part un espoir à suivre.

Natif de Montréal, Nervens Demosthene admet être envahi d’un « sentiment d’appartenance vraiment extraordinaire » chez la Toundra.

Cet ancien du collège Montmorency et de l’Université Bishop’s n’a d’ailleurs jamais eu besoin de passer par les États-Unis pour devenir pro. « Venant d’un gars D2 de Montmorency, je veux montrer l’exemple aux jeunes que tout est possible, parce que je sors du RSEQ », ajoute-t-il.

Le meneur de jeu estime que la Toundra pourra montrer son plein potentiel après « 10 ou 15 matchs », le temps de construire une bonne chimie. Pour ce faire, il faudra limiter les revirements et travailler plus fort au rebond, « des petits détails qui font gagner des matchs de basket ».

Autre aspect : les règlements FIBA, qui sont utilisés partout dans le monde, prévoient des quarts de 10 minutes. La TBL, à l’image de la NBA, utilise un format plus long – des quarts de 12 minutes. Cela donne lieu à des matchs offensifs, mais qui requièrent une certaine adaptation de la part des Québécois.

« On doit bien gérer le temps de jeu, comprendre quand c’est le moment de ralentir la cadence, explique Igor Rwigema. Oui, on peut avoir un jeu dynamique et rapide, mais il faut arriver à tempérer. Le staff d’entraîneurs et les joueurs s’en sont rendu compte. C’est important pour avoir l’énergie nécessaire au bout de 48 minutes. »

La Toundra accueillera les Stallions de Syracuse au Centre Pierre-Charbonneau à deux reprises, vendredi et dimanche. Elle amorcera ensuite une période de cinq semaines à jouer exclusivement sur la route, jusqu’à la fin d’avril. Suivront sept rencontres à domicile pour conclure le calendrier durant le mois de mai.

L’objectif que les joueurs se sont donné, comme club d’expansion, est d’abord d’atteindre les séries éliminatoires, et ensuite de gagner un maximum de matchs à domicile. Le DG, lui, veut « bâtir une franchise gagnante ».

« On est une équipe rapide, brusque, tough, conclut Nervens Demosthene. On va donner un spectacle, ne jamais se laisser faire, garder les bras hauts, aller à la guerre à chaque match. »

Les résultats des premiers matchs

  • Samedi 4 mars : victoire de 121-117 contre les Valley Vipers de la Virginie
  • Dimanche 5 mars : victoire de 101-94 contre les Legends de Lehigh Valley
  • Vendredi 10 mars : défaite de 90-80 contre les Patroons d’Albany