Kim Boutin est revenue de Sofia avec trois médailles ainsi qu'une troisième place au classement général des Championnats du monde de patinage de vitesse sur courte piste. Malgré cette récolte et quelques bons motifs de satisfaction, elle ne cache pas être en deçà de ses objectifs initiaux.

«Je m'en allais avec l'objectif d'être championne du monde et c'est la première fois que je ressentais ce feeling avant une compétition. En raison de cet objectif de performance, ç'a été plus stressant par rapport à ce que j'avais déjà vécu, raconte-t-elle en entrevue. Dans cette compétition, il y avait moi, Suzanne [Schulting] et Choi [Min-jeong] en lutte pour le titre. Ç'a été un beau spectacle.»

Retour en quatre temps sur sa fin de semaine bulgare et sur sa saison post-olympique.

Mieux qu'en 2018

Médaillée de bronze au 1500 m lors des Mondiaux de 2018, la patineuse de 24 ans s'est cette fois hissée sur la deuxième marche du podium. Au-delà du résultat sur la distance, elle est surtout contente d'avoir fait les bons choix lors de cette épreuve. «Habituellement, je suis très agressive dès le début et il me manque un petit peu d'énergie vers la fin de la course. Pour celle-ci, j'ai essayé de faire la même chose, mais avec l'optique d'en conserver un peu, dit-elle. J'ai réussi à bien le gérer, mais malheureusement, je n'ai pas pu bloquer Choi à la fin. Je suis quand même satisfaite de ma course.»

Une technique à peaufiner

Deuxième lors du dernier virage du 1000 m, Kim Boutin a vu sa rivale Choi Min-jeong lui souffler la médaille d'argent sur le fil. «Je n'ai pas pu gagner cette médaille d'or à cause de ma technique. J'avais l'énergie et la force pour être meilleure que Suzanne. J'ai vraiment tout donné pour l'or et je n'ai pas protégé ma deuxième place», raconte-t-elle. D'ici la prochaine saison, elle s'est donc promis de travailler sa technique pour que le dénouement soit différent les prochaines fois. Elle explique: «Quand je suis à l'entraînement et que je n'ai pas d'enjeu, je prends le temps de bien faire le mouvement et de garder mon inclinaison dans le virage. Avec le stress de vouloir terminer première et les adversaires, mes atouts ne sont pas totalement ancrés en compétition. J'arrive moins à m'incliner comme il le faut et à bien tourner.»

Un jeune relais

Kim Boutin a récolté sa troisième médaille de la fin de semaine avec le relais canadien composé de Courtney Sarault, Alyson Charles et Camille De Serres-Rainville. Kasandra Bradette avait, quant à elle, participé à la demi-finale. «La demi-finale a été plus difficile. On aurait été capables de mieux faire au niveau de l'intensité. En finale, on avait l'énergie nécessaire pour se battre», souligne Kim Boutin. Quatrièmes après un échange quasi raté, les Canadiennes ont ensuite profité de la chute de Schulting pour terminer troisièmes de cette finale. «Les Pays-Bas et les Russes ont les quatre mêmes filles depuis presque huit ans. Il faut se donner le temps de peaufiner ce relais-là, mais les filles veulent gagner et s'améliorer. On a le potentiel au Canada», estime Kim Boutin.

Un repos salutaire

La saison post-olympique tire donc à sa fin pour Kim Boutin. Elle n'a pas été championne du monde, comme elle le souhaitait, mais elle a su prendre du repos au bon moment après ses trois médailles et la tempête vécue à PyeongChang. Elle avait repris l'entraînement à temps plein deux mois après ses coéquipières. «Mon entraîneur, mon staff médical et moi avons bien géré la saison. Après une saison olympique et le dernier cycle olympique, j'avais besoin de m'ennuyer de mon sport. J'avais besoin de prendre du temps pour avoir le goût de revenir à la compétition. Le fait de manquer les deux premières Coupes du monde a fait en sorte que j'avais le goût de patiner et de devenir encore une meilleure athlète. [...] Il fallait que mon système émotionnel se recharge.» Durant la saison qui s'achève, elle juge avoir été plus stratégique durant les courses en plus d'avoir peaufiné sa technique.