Pas moins de 31 nouveaux cas de dopage aux Jeux olympiques d'été 2008 de Pékin ont été décelés à la suite de nouveaux tests menés sur des échantillons récoltés à l'époque. Si cette découverte ne surprend pas Christiane Ayotte, le nombre de cas positifs la fait tout de même sourciller.

«Ce qu'on voit ici, c'est une circonstance exceptionnelle, a indiqué à La Presse Canadienne Mme Ayotte, directrice du Laboratoire de contrôle de dopage de l'Institut Armand-Frappier. De nouveaux tests n'ont jamais permis de déceler autant de résultats positifs auparavant.»

Les résultats de ces nouveaux tests ont été communiqués mardi par le Comité international olympique (CIO). Ils touchent des athlètes de six disciplines sportives provenant de 12 pays. Le CIO a déjà lancé des procédures disciplinaires contre ces athlètes, pour l'instant non identifiés. Le comité préviendra au cours des prochains jours les comités nationaux touchés.

«On peut présumer que ce sont les suspects habituels qui sont de nouveau en cause», a déclaré Mme Ayotte, sans vouloir s'avancer davantage sur l'identité des pays fautifs.

«Il s'agit d'un grand coup porté aux tricheurs, a déclaré à l'Associated Press le président du CIO, Thomas Bach. Cela prouve de nouveau qu'ils ont nulle part où se cacher.»

Les échantillons étaient entreposés au laboratoire du CIO, situé à Lausanne, en Suisse. Les tests ont été menés avec des méthodes améliorées sur 454 échantillons d'athlètes ayant participé aux JO de Pékin.

«Des tests menés huit ans plus tard peuvent maintenant détecter de façon plus précise certaines substances, a expliqué Mme Ayotte. Mes soupçons se portent vers les stéroïdes anabolisants, dont nos méthodes de détection ont été grandement améliorées.»

Le Code mondial antidopage prévoit depuis 2015 une période de prescription de 10 ans pour entamer des procédures contre des athlètes fautifs. Cette période de prescription était auparavant de huit ans.

«La sensibilité de détection de nos instruments est 1000 fois plus élevés qu'à l'époque. Ici, nous avons bénéficié de ces équipements à compter des Jeux de Vancouver, ils n'étaient pas disponibles pour Pékin. Ce n'est donc pas surprenant de découvrir ces nouveaux cas de dopage. C'est triste, mais ce n'est pas surprenant.»

Le CIO a indiqué que «tous ces athlètes contrevenant aux règles antidopage ne pourront pas prendre part aux Jeux (de Rio)».

De plus, 250 échantillons provenant d'athlètes des Jeux de Londres en 2012 et qui pourraient être des compétitions à Rio ont été soumis à de nouveaux tests, dont les résultats seront connus sous peu. Les échantillons des Jeux de Vancouver ont déjà été soumis à de nouveaux tests. Quelques nouveaux cas de dopage y avaient alors été décelés, a rappelé Mme Ayotte.

Le comité entreprendra également une nouvelle ronde de tests sur les médaillés des JO de Pékin et Londres. Si des tricheurs sont décelés parmi ces médaillés, ceux qui seraient promus sur le podium verraient alors leurs échantillons soumis à de nouveaux tests.

«Dans le contexte que l'on vit présentement, avec les déclarations (la semaine dernière) du directeur du laboratoire antidopage de Sotchi (Grigory Rodchenkov), le CIO en a plein les bras», a souligné Mme Ayotte, qui a cependant précisé que ces nouveaux tests ont été menés avant que Rodchenkov ne déballe son sac.

«Il y a des demandes des athlètes - de partout, en fait - afin que le CIO commette un geste d'éclat pour démontrer sa ferme intention de travailler pour un sport sans dopage. Ils n'ont pas le choix avec ce qu'ils viennent de trouver là», a-t-elle conclu.

Le CIO a d'ailleurs demandé à l'Agence mondiale antidopage (AMA) de lancer une enquête «tout azimuts» sur les allégations de dopage systémique en Russie en marge des Jeux d'hiver 2014 de Sotchi. Il demandera au laboratoire de Lausanne de mener de nouveaux tests sur les échantillon récoltés à Sotchi «de la façon la plus efficace et sophistiquée que possible».

- Avec l'Associated Press