Le Tour de Californie s'est achevé dimanche sur la victoire de Michael Rogers mais l'ombre des lourdes accusations de Floyd Landis a plané sur l'épreuve, au grand dam de certains des coureurs qu'il a stigmatisés, fatigués de parler du passé plutôt que e l'avenir.

Avec ses aveux de dopage aussi surprenants que soudains, ses accusations fracassantes contre d'anciens coéquipiers, dont Lance Armstrong, qui a chuté et abandonné le jour même où il a eu à se défendre contre ces allégations, et sa visite rocambolesque lors du contre-la-montre de Los Angeles, Landis a fini par ''pirater'' la course qui n'avait pas voulu lui donner sa chance cette année.

Andrew Messick, le président d'AEG sport, qui organise le Tour de Californie, a toutefois assuré «ne pas regretter» une seconde la non sélection de l'ancien vainqueur de l'épreuve (2006) et de sa modeste équipe Bahati.

L'Australien Rogers (HTC-Columbia), qui s'est vêtu de jaune, a lui confié «en avoir marre» de la thématique récurrente du dopage.

«Il faut arrêter cette +négativité+ autour du cyclisme. Tout ça est en train de tuer notre sport sur le plan commercial. Et sans argent (des sponsors), il n'y aura plus de sport...», a-t-il prévenu.

Fin 2007, Rogers, alors coureur chez T-Mobile, avait fait l'objet de rumeurs en Allemagne après les aveux de dopage de son ancien coéquipier Patrik Sinkewitz, qu'il avait aussi côtoyé avant chez Quick Step.

Depuis que son nom était apparu dans les courriels envoyés par Landis aux autorités antidopage, George Hincapie n'avait pas encore parlé.

«Beaucoup plus propre»

Il a brisé le silence dimanche. Précieux lieutenant d'Armstrong dans ses sept Tours de France, l'Américain court chez BMC, la formation héritière de Phonak, l'ancienne équipe de Landis qu'il a également pointée du doigt.

«Il y a des gens qui veulent perdre leur temps à parler de ce qu'il s'est passé il y a huit ans ? Très bien, a dit Hincapie. Moi je suis là pour parler de l'avenir du cyclisme, qui devrait être un modèle pour tous les autres sports avec tout ce qui est fait pour qu'il soit propre.

Mais alors pourquoi tant d'affaires de dopage ? «On est plus testé que les autres sportifs, donc ils vont trouver plus de cas (positifs), répond-il simplement. Il y a toujours des tricheurs dans la vie, pas que dans le sport.»

«Personne dans le milieu, que ce soit la presse, les fans, l'USADA, ne veut plus que moi un cyclisme propre», a-t-il assuré.

Cité également par Landis et lui aussi silencieux cette semaine, Levi Leipheimer a joué la carte du cyclisme propre...

«Le vélo a eu ses problèmes, c'est indéniable, mais il est beaucoup plus propre aujourd'hui. Notre sport est sain, les résultats ne sont pas faussés», a ajouté le coéquipier d'Armstrong chez RadioShack.

Et s'il pouvait parler avec Landis, que lui dirait-il ? «Je ne le ferais pas, a-t-il rétorqué. Je ne comprends pas ce qui se passe dans sa tête, ça me dépasse. Je ne pense que ça vaille la peine d'essayer de raisonner avec lui.»

Entre deux commentaires sur le succès populaire de l'édition 2010, Messick a voulu dénoncer le système deux poids-deux mesures dans le sport aux États-Unis.

«Dans les grands sports américains, les règles sont moins claires, les sanctions moins sévères et les médias et l'opinion publique ont tendance à se ficher du dopage, a-t-il dit. C'est notoirement incohérent et c'est honteux.»