L'éventuel procès d'Oscar Pistorius deviendra-t-il aussi celui de la police sud-africaine? C'est ce que l'on pourrait penser après que Hilton Botha, inspecteur principal chargé de l'enquête sur la mort de Reeva Steenkamp, a été dessaisi de cette affaire. La police a été forcée d'admettre que ce détective de plus de 20 ans d'expérience est lui-même accusé de sept tentatives de meurtre pour avoir tiré, en 2009, sur un minibus transportant des passagers, alors qu'il était ivre.

L'affaire a d'abord été classée, avant d'être rouverte récemment. Une révélation qui effrite sa crédibilité et porte un coup dur à l'accusation. Mercredi et jeudi, Barry Roux, un des meilleurs avocats du pays, qui défend Oscar Pistorius, a mis à jour les failles de l'enquête et démonté, pièce par pièce, le témoignage de l'inspecteur.

Celui-ci a reconnu, après s'être d'abord opposé à la mise en liberté sous caution de l'athlète, l'absence de preuves pour affirmer avec certitude qu'il s'agissait bien d'un meurtre, et la faiblesse de certains témoignages-clés, dont celui d'une voisine qui affirme avoir entendu des cris avant que les coups de feu soient tirés. Cette personne réside à plus de 300 mètres de la maison d'Oscar Pistorius.

Hilton Botha a, par ailleurs, reconnu que ses hommes et lui avaient omis d'enfiler des chaussures de protection lorsqu'ils se sont rendus sur la scène de crime, ce qui a pu la contaminer. Les preuves récoltées par la police pourraient dès lors être considérées comme nulles, ce qui entraînerait certainement l'acquittement d'Oscar Pistorius.

Audience tendue

La défense a réussi à semer le doute, alors qu'elle continue de soutenir la thèse de l'accident: l'athlète paralympique dit avoir confondu sa petite amie avec un cambrioleur, entré par effraction dans sa luxueuse villa.

L'audience du tribunal de Pretoria, qui ne fait qu'examiner la demande de liberté sous caution d'Oscar Pistorius, a pris des allures de procès. Les arguments s'affrontent, alors que la cour siège ce matin pour le cinquième jour consécutif.

Jeudi, dans la petite salle d'audience bondée de journalistes, le champion paralympique a gardé les yeux baissés pendant la plus grande partie des plaidoiries. Il a éclaté quelques fois en sanglots, mais l'athlète et ses proches paraissaient néanmoins plus confiants que lors du premier jour de l'audience.

Pistorius est, pour l'instant, inculpé de meurtre avec préméditation, accusation la plus grave sous la loi sud-africaine. C'est vendredi que le tribunal devrait statuer sur sa demande de remise en liberté.