(Detroit) Le département américain de la Justice a annoncé mardi un règlement de 138,7 millions US avec 139 personnes qui accusaient le FBI d’avoir mal géré les allégations d’agression sexuelle contre Larry Nassar en 2015 et 2016, une période critique où le médecin du sport continuait d’agresser ses victimes.

En tenant compte d’autres règlements, un total d’un milliard de dollars a été mis de côté par diverses institutions pour indemniser des centaines de femmes qui ont déclaré que Nassar les avait agressées sous le couvert de traitements pour des blessures sportives.

Nassar a travaillé à l’Université d’État du Michigan et a également été médecin du sport pour USA Gymnastics, à Indianapolis. Il purge actuellement des dizaines d’années de prison pour avoir agressé des athlètes féminines, dont plusieurs médaillées olympiques.

Le procureur général adjoint par intérim, Benjamin Mizer, a déclaré que Nassar avait trahi la confiance des gymnastes qu’il devait aider, et ce, pendant des décennies et que « les allégations auraient dû être prises au sérieux dès le départ ».

« Même si cette entente ne changera pas le mal infligé par Nassar, nous espérons qu’elle contribuera à apporter aux victimes le soutien essentiel dont elles ont besoin pour continuer à guérir », a-t-il dit.

Le département de la Justice a reconnu qu’il n’était pas intervenu à temps. Pendant plus d’un an, les agents du FBI à Indianapolis et à Los Angeles étaient au courant des allégations visant Nassar, mais n’ont pris aucune mesure, selon une enquête interne.

Le directeur du FBI, Christopher Wray, s’est montré repentant – et très direct – lorsqu’il s’est adressé aux survivantes lors d’une audience au Sénat en 2021. Parmi les survivantes de l’agression figurent les Olympiennes médaillées Simone Biles, Aly Raisman et McKayla Maroney.

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La gymnaste Simon Biles lors de son audience au Sénat, en 2021.

« Je suis désolé que tant de personnes différentes vous aient laissé tomber, encore et encore, avait déclaré M. Wray. Et je suis particulièrement désolé qu’il y ait des gens au FBI qui ont eu leur propre chance d’arrêter ce monstre en 2015 et qui ont échoué. »

En 2016, après une perquisition, les enquêteurs ont trouvé des images d’abus sexuels sur des enfants et ont porté des accusations fédérales contre Nassar. Parallèlement, le bureau du procureur général du Michigan a traité les accusations qui ont finalement choqué le monde du sport.

« Je suis profondément reconnaissante. Mais la responsabilisation du département de la Justice a mis du temps à venir », a nuancé Rachael Denhollander, de Louisville, Kentucky, qui n’est pas impliquée dans la dernière entente, mais a été la première à dénoncer les abus commis par Nassar.

« La triste réalité est que ce que nous voyons aujourd’hui est quelque chose que la plupart des survivantes ne voient jamais, a affirmé Mme Denhollander à l’Associated Press. La plupart des survivantes ne voient jamais de règlements. La plupart des survivantes ne voient jamais la justice être rendue. La plupart des survivantes n’obtiennent jamais un dédommagement. »

L’Université de l’État du Michigan, qui a été accusée d’avoir laissé aller Nassar pendant de nombreuses années, a accepté de verser 500 millions US à plus de 300 femmes et filles agressées. De même, USA Gymnastics et le Comité olympique et paralympique américain ont conclu une entente de 380 millions US pour indemniser les victimes.

Mick Grewal, un avocat qui a représenté 44 personnes dans des réclamations contre le gouvernement, a dit que le milliard de dollars en ententes témoigne de « l’horreur qui s’est produite ».

Un juge fédéral à la retraite, Gregory Sleet, a servi de médiateur pour les réclamations fédérales.

« Il a fallu plus de six ans de larmes, de douleur et d’efforts incessants de la part des victimes de Nassar, y compris de nombreuses athlètes parmi les plus célèbres de notre pays, pour braquer la lumière de la justice sur les erreurs terribles commises par de hauts responsables du FBI et exiger des comptes », a déclaré John Manly, l’un des principaux avocats.