(Chamonix) Une édition anniversaire à suspens. Pour les 20 ans de l’Ultra-trail du Mont-Blanc, 2300 coureurs s’élancent vendredi de Chamonix pour un parcours dantesque de plus de 170 km à travers les sentiers, sans véritable favori et sous une météo quasi hivernale.

Comme à chaque édition depuis 2003, les notes de l’envoûtant morceau « Conquest of Paradise », du célèbre compositeur grec Vangelis, résonneront à 18 heures sur la place du Triangle de l’Amitié, accompagnant les premières foulées des athlètes.

Des dizaines de milliers de spectateurs venus pour l’occasion dans la station de ski encourageront ces traileurs de l’extrême, partis pour un périple à travers trois pays (France, Italie, Suisse) et quelque 10 000 mètres de dénivelé positif.

La boucle, passant notamment par Courmayeur, le Grand col Ferret et Champex, avait été imaginée à l’origine pour être effectuée par des randonneurs en 7 jours. Mais pour être considéré comme un « finisher » de l’UTMB, il faudra franchir la ligne d’arrivée en 46 heures et 30 minutes.

« Les signes sont là »

« C’est notre Tour de France, la finale de la Ligue des Champions, l’évènement le plus important de l’année », résume le traileur britannique Damian Hall, 5e en 2018, qui ne prendra toutefois pas le départ cette année.

Les plus rapides devraient mettre environ 20 heures à réaliser ce tour du Mont-Blanc. Mais en l’absence de la vedette espagnole Kilian Jornet, blessé et quadruple vainqueur de l’épreuve, difficile de deviner qui sera le premier à arriver à Chamonix samedi.

Le Français Mathieu Blanchard, 2e et seul homme avec Jornet à être passé sous la symbolique barre des 20 heures en 2022 (19 heures 54 minutes 50 secondes), devra réaliser une nouvelle performance hors normes pour l’emporter.

« Après la Western States aux États-Unis fin juin (il a terminé 7e au général, NDLR), j’ai pris un gros coup au moral, mais je suis arrivé dans la région de Chamonix début août et j’ai réalisé d’énormes semaines d’entraînements. Je ne suis pas fatigué, pas courbaturé. Les signes sont là », s’est enthousiasmé auprès de l’AFP mercredi l’ancien aventurier du programme de télé-réalité « Koh-Lanta ».

Météo difficile

L’Américain Jim Walmsley, installé dans la région depuis 2022 dans le but de remporter cette course – l’une des seules qui manque à son palmarès – et le Britannique Tom Evans pourraient malgré tout faire jeu égal avec lui.

Tous les coureurs, élites comme amateurs, devront composer avec une météo difficile ayant poussé les organisateurs à modifier en début de semaine le parcours pour éviter des sentiers rendus impraticables par la pluie et la neige, tombée au-dessus de 2000 mètres d’altitude.

« Cette météo joue en ma faveur, estime Blanchard, tout le monde a préparé son kit grand froid, mais cela fait 10 ans que je vis au Québec, je m’entraîne par moins 30 degrés dans des conditions horribles ».

Si chez les hommes, le suspens reste entier, la course féminine est susceptible d’être écrasée par l’Américaine Courtney Dauwalter. Après ses triomphes sur les deux autres courses majeures du trail cette année (Western States et Hardrock 100), cette ancienne prof de sciences âgée de 38 ans vise un incroyable triplé, jamais réalisé dans l’histoire de son sport.

Déjà titré à deux reprises sur l’UTMB (2019, 2021), à un souffle seulement du podium au général du dernier Grand Raid de La Réunion, ce phénomène atypique du trail pourrait même bousculer le top cinq, tous genres confondus, à l’occasion d’un nouvel exploit.