Quand on lui demande si elle en a assez qu’on lui parle de sa mésaventure survenue aux Jeux olympiques de Tokyo, Pamela Ware pousse un petit rire mitigé.

« C’est sûr que chaque fois que quelqu’un m’en parle, ça revient, répond-elle. J’essaie juste de passer à autre chose. En même temps, c’est ma carrière et ce sont des choses qui arrivent. Rien n’arrive pour rien, et je suis sûre que je vais être plus forte grâce à ça. »

Près d’une année s’est écoulée depuis ce dernier essai en demi-finale du tremplin de 3 m, à Tokyo. Quatrième après les préliminaires, Ware avait raté le saut d’appel du périlleux et demi renversé avec trois vrilles et demie, ce qui l’a obligée à sauter dans l’eau les pieds en premier.

L’athlète de 29 ans ne s’en cache pas : la dernière année n’a pas été facile. Elle s’est surtout concentrée à retrouver sa confiance. À retrouver « son amour pour le sport ». À se retrouver, elle, en tant que plongeuse.

« Ça m’a changée. Ça a détruit ma confiance. […] Ç’a été vraiment difficile, mais je trouve que je vais dans la bonne direction », dit-elle.

Justement, elle a décroché trois médailles à la rencontre de Bolzano, en Italie, le week-end dernier. Une d’or au 3 m synchro avec sa partenaire Aimee Wilson et deux de bronze au 1 m et au 3 m individuel.

« Ç’a vraiment bien été, lance-t-elle avec entrain. C’est sûr que j’ai fait des petites erreurs, mais je suis contente. Je commence à me sentir moi-même à nouveau. Je suis prête à mettre tout le travail pour revenir à moi-même. »

« Ça me donne un boost de confiance que je n’avais pas nécessairement au début de l’année à cause de ce qui est arrivé à Tokyo, ajoute-t-elle. C’est beaucoup de choses à vivre, à traverser. Plus je vais compétitionner, plus je vais retrouver ma confiance. »

Au cours des derniers mois, Ware n’a pu se qualifier pour les Championnats du monde ni pour les Jeux du Commonwealth. Mais elle a transformé sa déception en une « occasion d’avoir plus de temps pour [s’]entraîner et foncer pour les prochaines années ».

Parce que ce sont les prochaines années qui seront importantes en vue des Jeux olympiques de Paris 2024, auxquels elle entend bien participer.

« Je n’ai pas fini »

Après les Jeux de Tokyo, Jennifer Abel et Meaghan Benfeito ont toutes deux annoncé leur retraite, alors que Ware a décidé de continuer jusqu’en 2024. À savoir si elle envie parfois ses deux amies, Ware affirme que ça lui est arrivé de penser à la retraite. Mais l’envie de continuer était plus forte.

Dans ma tête, c’est sûr que je continue et j’essaie vraiment le plus possible pour 2024, mais c’est sûr que j’y ai pensé dans les moments difficiles. Je ne vais pas mentir, j’y ai pensé. Mais je sais au fond de moi que je n’ai pas fini. C’est ça qui me pousse.

Pamela Ware

La Québécoise est maintenant la vétérane de l’équipe canadienne, un rôle qu’elle ne savait trop comment aborder au départ. Mais « ça va de mieux en mieux », dit-elle. « Je m’entends vraiment bien avec les jeunes, c’est le fun. Il y a une excellente dynamique à l’entraînement aussi. »

Et la chimie avec son nouvel entraîneur, Hui Tong, se développe bien. L’athlète semble s’illuminer au bout du fil quand elle nous en parle.

« On s’entend vraiment bien, mais ce n’est pas comme un athlète-coach. C’est plus comme mon partenaire d’entraînement. On travaille ensemble pour être sûrs qu’on fait ce qui est le mieux pour moi et pas juste suivre le programme de tout le monde. »

« C’est vraiment bien d’avoir un coach qui est prêt à tout faire pour que je réussisse et que je me rende jusqu’à la fin. »

Été d’entraînement

La compétition à Bolzano était la dernière de l’été de Ware. Elle reprendra l’entraînement jeudi pour deux semaines, avant de profiter de quelques semaines de vacances, au cours desquelles elle se rendra à Halifax, puis à Calgary pour le mariage de sa collègue canadienne Caeli McKay.

Et le travail reprendra ensuite. Pour la prochaine année, la native de Greenfield Park souhaite « ne pas avoir peur de foncer dans une compétition ».

« Je trouve que, dans les dernières compétitions, j’ai un peu hésité à faire des plongeons, juste parce que je voulais être sûre de bien les faire », explique-t-elle.

Elle travaillera d’ailleurs avec la préparatrice mentale de Plongeon Canada afin de continuer à retrouver sa confiance. Un processus qui prend du temps mais qui, au bout du compte, ne pourra qu’être bénéfique.