Laurent Lavigne est une sorte de prodige. Il est le plus bel espoir du kayak québécois depuis son coéquipier Pierre-Luc Poulin. À l’approche de la compétition la plus importante de sa vie, il se sent plus à sa place que jamais.

Depuis qu’il a obtenu un poste régulier dans l’équipage du K4 de l’équipe nationale senior de kayak, Laurent Lavigne rêve éveillé.

À sa première véritable saison complète au sein d’un bateau extrêmement expérimenté, il réalise à chaque coup de rame le privilège qu’il a de faire partie de ce groupe. En vérité, il est le seul de son équipe à ne pas être allé aux Jeux olympiques.

Le kayakiste qui vient d’avoir 21 ans devait relever un grand défi. C’est lui qui a pris la relève de Mark de Jong, après la retraite de ce dernier au terme des Jeux olympiques de Tokyo. De Jong a marqué l’histoire du kayak au Canada en participant à trois Jeux et en remportant, au passage, une médaille de bronze à Londres en 2012.

« C’est sûr que parfois, je me pince », a précisé Lavigne, en entrevue avec La Presse.

Lavigne était prédestiné à devenir l’un des meilleurs kayakistes au pays depuis son enfance. Ça s’est confirmé avec sa prestation en or à l’épreuve du 500 m individuel aux Mondiaux juniors de 2019. Le fait qu’il soit maintenant membre de l’équipe nationale fait partie de l’ordre des choses.

Néanmoins, faire sa place a été exigeant. Il n’y a rien d’acquis dans le monde du kayak, où il faut travailler d’arrache-pied pour être adopté par les autres membres du bateau.

« Tu gagnes ta place avec ta rame. Il faut que tu la mérites », a indiqué Lavigne.

PHOTO CHARLES CROTEAU, FOURNIE PAR LAURENT LAVIGNE

Laurent Lavigne (deuxième à partir de la gauche) est membre de l’équipage du K4 dans l’équipe canadienne senior de kayak.

Chaque jour lui sert d’apprentissage. « Avec eux, j’ai appris à mieux m’entraîner et je pense que c’était une grosse partie de ce qu’ils m’ont apporté. »

Doté de qualités athlétiques hors du commun, Lavigne est puissant, endurant et rapide. Trois qualités qui font de lui un kayakiste à la fois doué et prometteur.

Vers les Mondiaux

Halifax, en Nouvelle-Écosse, accueillera les Championnats du monde du 3 au 7 août. C’est la première fois depuis 2009 que le Canada est l’hôte des Mondiaux.

« On est contents de devoir faire juste une heure d’avion au lieu d’aller en Europe », a lancé Lavigne en riant. L’entraînement est néanmoins sans relâche et la préparation, intense, en vue de cette compétition d’envergure.

Qui dit nouvel équipage dit adaptation, et la saison de Coupe du monde a été un bon moyen d’évaluer la progression de l’équipe. « Avant les Coupes du monde, on était stressés, car on ne savait pas à quoi s’attendre, mais on a vu qu’on était capables de compétitionner avec les meilleurs équipages au monde. »

Lavigne a eu la chance de participer aux Mondiaux l’an dernier, au Danemark, où le contexte était complètement différent. La compétition avait eu lieu juste après les Jeux, certains pays avaient fait l’impasse, l’action se déroulait encore dans un contexte pandémique et Lavigne était encore « comme le petit nouveau ».

Là, j’ai vraiment l’impression de faire partie de ce bateau-là.

Laurent Lavigne

Cela ne l’a pas empêché d’avoir des doutes cette saison, notamment au sujet de sa courbe de progression. Même s’il a le talent et le potentiel, il admet avoir eu un peu de mal à gérer le rythme effréné des Coupes du monde. En revanche, il est bien entouré et il a bon espoir pour la suite des choses. « C’est la grande ligue. J’ai appris beaucoup cette année. Je suis vraiment content d’où je suis rendu. »

PHOTO CHARLES CROTEAU, FOURNIE PAR LAURENT LAVIGNE

Laurent Lavigne

Changer d’environnement de travail est une chose. Changer de mode de vie en est une autre. De la rivière Saint-Maurice au bassin olympique, le Trifluvien est depuis tout récemment un gars de ville. Quoique…

Inscrit en administration au pavillon de l’Université de Sherbrooke à Longueuil, Lavigne se fait un devoir se retourner chez lui les fins de semaine quand c’est possible.

Il aime aller s’entraîner au club où il a fait ses premières armes et il adore surtout côtoyer la relève. Il a insisté en fin d’entrevue pour souligner le brio de jeunes kayakistes comme Jérémy Lantz ou Édouard Beaumier. Il espère pouvoir prouver à ces jeunes qu’il est possible de réaliser son rêve d’aller aux Jeux olympiques.

Comme le ferait un ambassadeur. Comme le ferait un athlète passionné par son sport et fier de sa région.