Richard Spénard a troqué ses bolides motorisés pour un vélo de montagne et un kitesurf

Qu’est-ce qu’un champion coureur automobile peut bien faire à la « retraite » ? Beaucoup restent impliqués dans leur sport, d’autres passent à autre chose. Richard Spénard est de ceux-là. Et il ne laissera pas l’âge lui dire quoi faire ou ne pas faire.

Aujourd’hui âgé de 68 ans, il a été l’un de nos meilleurs pilotes automobiles pendant longtemps dans les années 1980-1990, avec de nombreuses victoires aussi bien en Formule Ford que dans la série Porsche.

Instructeur réputé – il a enseigné à Jacques Villeneuve, Craig Moore, Patrick Carpentier –, doué pour les affaires, il a bien géré sa carrière et profite aujourd’hui d’une belle retraite.

Et si ce n’est pas l’approche de ses 70 ans qui atténue sa passion pour la compétition, ce n’est plus au volant de voitures qu’il l’exprime. « En fait, je n’ai jamais vraiment été un gars de char », raconte Spénard, en entrevue téléphonique des Îles-de-la-Madeleine, où il réside depuis quelques années.

« Pour moi, les voitures étaient un moyen de combler ma soif de compétition. Je n’avais pas le talent de Gilles [Villeneuve, qu’il a côtoyé à ses débuts], mais je me débrouillais bien. À l’époque, avec l’implication des cigarettiers, les bourses étaient intéressantes et, avec mon travail d’instructeur, je gagnais très bien ma vie. Mais je n’étais pas du genre à traîner sur les circuits. Je n’aimais pas être de l’autre côté de la clôture », raconte Spénard.

Je ne suis jamais allé au Grand Prix que si je participais à une course ou si j’avais à conseiller des élèves dans les courses de soutien, habituellement en série Ferrari. Cette course était disputée le dimanche, juste avant le lunch, et je te jure que j’étais parti à l’heure du lunch !

Richard Spénard, ancien pilote automobile

Ses après-midi, Spénard aimait les consacrer à d’autres « mécaniques ». « La course automobile était ma business, mais j’ai toujours été intéressé par des sports non motorisés où on est dans la nature, en contact avec les éléments, le vent. »

Après sa retraite de la compétition automobile, c’est d’abord le vélo de montagne qui l’a accroché sérieusement. Propriétaire d’un vaste domaine dans le coin de Sainte-Adèle, Spénard l’a ouvert à la pratique de ce sport, une initiative rare à l’époque.

Pendant plusieurs années, il s’est impliqué sans compter ses heures et ses efforts. Et le compétiteur n’était pas loin…

PHOTO FOURNIE PAR RICHARD SPÉNARD

Richard Spénard en vélo de montagne

« Cela a toujours été important pour moi d’être en bonne forme physique et ça ne change pas en vieillissant, bien au contraire. Et comme c’est toujours la compétition qui a été l’une de mes sources de motivation, j’ai aussi fait des compétitions de vélo de montagne, au niveau régional, pour me pousser, pour voir jusqu’où je pouvais aller », explique Spénard.

« Au-delà de la compétition, je reste aussi actif parce que j’aime les sensations que me procurent des sports comme le vélo de montagne. Il y a d’ailleurs beaucoup de parallèles entre ces sports et la course automobile ; l’équilibre, la friction, la vitesse. Et il y a la même importance du pilotage, même si sur ton vélo, c’est aussi toi qui procures le moteur, avec tes jambes. », poursuit-il.

« Je n’ai d’ailleurs jamais été un amateur de vélo de route parce que je trouvais qu’il n’y avait pas assez de pilotage. Et aussi parce que j’ai peur des autos, des conducteurs, que je connais trop… »

La vitesse… sur l’eau !

Après le vélo de montagne, Spénard s’est découvert une nouvelle passion il y a une dizaine d’années : le kitesurf.

« Plus jeune, j’avais fait de la planche à voile, du deltaplane, explique-t-il. Puis, durant un voyage à Hood River, en Oregon, j’ai vu des kiters en action… Je me suis dit : ‟Je dois faire ça avant de mourir ! » J’avais 58 ans à l’époque. J’ai suivi des cours une couple d’années plus tard et je n’ai jamais arrêté depuis. »

PHOTO FOURNIE PAR RICHARD SPÉNARD

Richard Spénard en kitesurf

« C’est d’ailleurs le kitesurf qui nous a amenés aux Îles-de-la-Madeleine, mon épouse et moi. Ça fait sept ou huit ans que nous passons nos étés aux Îles, et nous y avons fait construire une maison il y a cinq ans. »

Malgré l’âge, Spénard est tout aussi compétitif qu’il pouvait l’être en piste. « En fait, ce n’est pas si physique que ça, probablement moins que la planche à voile dans le temps, tempère-t-il. En kitesurf, tu es tiré par le vent, mais là aussi, tu pilotes quelque chose. Et même si c’est différent sur l’eau, j’y recherche encore les sensations de vitesse, je me chronomètre afin de mesurer mes performances ; 50 km/h sur l’eau, c’est comme 200 km/h sur la route. Même à mon âge, je suis reconnu pour être rapide sur l’eau ! », raconte Spénard.

Alors que d’autres sont là pour se promener, moi, je recherche toujours les positions optimales, le maximum de performance de mon équipement. C’est ma nature, c’est ce qui m’a amené au sport automobile quand j’étais plus jeune et c’est ce qui me garde actif aujourd’hui.

Richard Spénard, ancien coureur automobile

Les Îles-de-la-Madeleine sont reconnues pour être l’une des meilleures destinations mondiales pour la pratique du kitesurf.

« La particularité des Îles, c’est qu’il y a 300 km de plages et un minimum de 45 spots pour faire du kitesurf ; en mer, dans les grandes baies, en lagon, etc., explique Spénard. Alors, on peut toujours trouver des sites sans vagues, des endroits avec des vagues légères, ou aller en mer où on a des vagues de deux, trois mètres des fois. J’ai déjà fait un downwinder de 60 km en 2 h 45 min »

Et la saison se prolonge une bonne partie de l’automne. « L’été arrive assez tardivement ici, mais l’automne est très agréable avec l’eau qui est encore chaude, rappelle Spénard. L’automne aussi, il y a de plus gros vents et ils sont plus fréquents. Mais je dirais que les conditions sont bonnes de la fin mai à la mi-octobre. Il ne vente pas tous les jours, mais la moyenne est bonne ! L’été dernier, j’ai accumulé 70 sorties. »

Décidément mordus de kitesurf, Spénard et sa femme jouent les snowbirds chaque année.

« L’hiver, nous allons au Mexique, dans la péninsule de Baja, où le kitesurf est aussi très populaire. La météo est parfaite et nous pouvons aussi pratiquer le vélo de montagne dans un très bel environnement. Cet hiver, en cinq mois et demi, j’ai fait 110 sorties pour un total de 2750 kilomètres ! Ce fut vraiment excellent.

« Entre les Îles-de-la-Madeleine, l’été, et Baja, l’hiver, on a une belle retraite… active ! »