Chaque semaine, les journalistes des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence

Guillaume Lefrançois

007 373 5963. Les vrais savent. Ce sera tout. Quoi ? 100 mots minimum ? Bon, d’accord. Punch Out. Le code pour se rendre directement à Mike Tyson. Parce que c’était ça, Punch Out. On battait Glass Joe et Von Kaiser les yeux fermés. Ça se compliquait à Piston Honda, avant des combats faciles contre Don Flamenco et King Hippo. Puis venaient les gros stéréotypes gras des États-Unis des années 1980 : l’Indien avec sa tête de tigre, le méchant Arabe, le Soviétique qui boit de la vodka entre les rounds. Mais une fois qu’on se tannait de battre tous ces adversaires, il était tentant d’utiliser le code pour affronter Tyson sans se taper les 13 combats qui y mènent et les deux séances de jogging au New Jersey. Ou est-ce à Brooklyn ? Qu’importe. Tyson était le vrai défi de ce jeu, avec son clin d’œil comme seul indice qu’un crochet dévastateur s’en venait. Les jeux vidéo n’ont pas toujours besoin d’être compliqués pour être bons ; Punch Out en était l’exemple parfait.

Miguel Bujold

IMAGE FOURNIE PAR ATARI

Pele’s Soccer sur Atari et Gemini

Je n’ai jamais été un amateur de jeux vidéo, alors mon choix est plutôt limité. À vrai dire, il n’y a qu’un choix possible parce que je ne me souviens pas d’avoir joué à un autre jeu vidéo de sport que celui de soccer sur la console Gemini, qui était une réplique bon marché d’Atari. Si ma mémoire ne me fait pas défaut, le jeu s’appelait Pelé. Déjà au début des années 1980, la technologie laissait sérieusement à désirer. Il y avait trois joueurs (des carrés…) par équipes, qui se suivaient en bloc. Un genre de triangle. Je me souviens surtout d’avoir passé des nuits presque blanches en jouant à Pelé avec mon cousin Danny. Je me promets justement d’apprendre à jouer à Madden Football avec mon fils au cours des prochains mois. De Pelé 1982 à Madden 2021, le choc risque d’être assez brutal.

Frédérick Duchesneau

IMAGE FOURNIE PAR NINTENDO

Baseball Stars de Nintendo

Peut-on considérer Duck Hunt comme du sport ? C’est de la chasse. Donc, non. Je crois que mon premier a été Baseball Stars, un jeu de Nintendo sans doute obscur pour la quasi-totalité des gens, mais dont j’ai incroyablement abusé. Enfin, un jeu de baseball au visuel décent – pour l’époque –, mais surtout, qui comptabilisait des classements et des statistiques pour tous les joueurs. Mon TOC de jeunesse pour les stats sportives était comblé. Pendant une période non négligeable – exagérée –, ce jeu a englouti une grande partie de mes temps libres. Jusqu’à ma découverte de Stephen King, en fait.

Richard Labbé

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Enduro sur Atari et Gemini

Mon premier jeu vidéo sportif a été le très sous-évalué Enduro, lancé vers 1983 par Activision pour les consoles de types Atari (on avait une Gemini à la maison, c’était encore pire et, aussi, moins cher). Le but du Enduro était très simple : gagner une course de style 24 Heures du Mans, avec une « voiture » (je place ça entre guillemets, parce que ce n’était pas clair) qui traversait ainsi toutes les étapes d’une longue course d’endurance. Le jour, le soir, la nuit, sur la neige, alouette. C’était fabuleux, surtout à la fin, quand une musique faite avec un clavier Casio sans doute acheté 70 $ chez Radio Shack nous annonçait qu’on avait gagné, alors que trois petits trophées se balançaient au bas de l’écran. Si ma conduite est à ce jour aussi impeccable, c’est grâce à Enduro.

Simon-Olivier Lorange

IMAGE FOURNIE PAR SUPER HAPPY FUN FUN

Big Buck Hunter Pro

Je ne traîne pas une longue tradition de gamer, alors même si Blades of Steel (au Gameboy) et la franchise NHL d’EA Sports (sur PC) ont privé mon enfance de nombreux après-midi ensoleillés, je n’ai pas grand-chose à raconter à leur sujet. Par contre, dans ma vie de jeune adulte, un jeu d’arcade (de bar) est devenu ni plus ni moins qu’une passion : Big Buck Hunter Pro. C’est, et je n’ai pas peur de l’avouer, la chose la plus redneck à laquelle on puisse m’associer. Le principe est simple : avec un fusil à pompe en plastique branché à la console, on doit abattre des cervidés à travers l’Amérique rurale. Il y a d’autres éléments ludiques un peu nonos, mais en substance, ce n’est que ça. Il y a pourtant quelque chose d’addictif et d’infiniment festif à se prêter au jeu. J’y ai été initié dans un bar miteux de Sherbrooke il y a une quinzaine d’années (le défunt McDo, rue Roy, oui, c’était son vrai nom), mais le jeu est aujourd’hui quasi introuvable de notre côté de la frontière. Chacun de mes voyages aux États-Unis devient donc un prétexte pour glisser un dollar dans la machine, les yeux humides, avant de déposer ma bière locale non microbrassée et d’abattre une grande quantité de gros gibier. Quand on y pense, c’est un peu ça, le bonheur.

Jean-François Tremblay

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Blades of Steel

J’ai deux jeux vidéo qui me viennent en tête. Il y a d’abord NHL 2005 parce que j’ai passé des dizaines d’heures avec mon frère Julien, aujourd’hui une star de l’équipe de développement mobile de Radio-Canada, à faire des Penguins de Pittsburgh une dynastie. Le traumatisme était immense quand le grand Mario annonçait sa retraite dans le mode campagne. Mais le vrai premier jeu vidéo sportif qui a changé ma vie est Blades of Steel, sans l’ombre d’un doute. Tout était à ravir : les célébrations bâton levé, l’équipement sommaire des gardiens, le splendide uniforme vert et jaune de l’équipe d’Edmonton, le règlement loufoque qui ne pénalisait que le perdant des bagarres. Même la voix d’outre-tombe qui prononçait les mots « Blades of steel » et « Face-off » hante encore mes nuits.