Nous nous doutions bien qu’on allait vous faire rêver en vous demandant de raconter votre « rêve sportif ». Mais à ce point ? Jamais ! On a choisi quelques-unes de vos réponses, et nous sommes bien désolés de ne pas pouvoir en publier plus. Mais sachez que nous avons tout lu avec intérêt. Certaines réponses ont aussi dû être réduites.

PHOTO FOURNIE PAR ROBERT BONNEAU

Du basket sur les Champs-Élysées

« On était une version basket des Boys, avec arrivée un vendredi en 2005 à Paris pour une tournée de trois parties [Paris, Sablé-sur-Sarthe et Bordeaux]. Premier match le samedi soir. En se promenant à Paris dans la journée, on constate un branle-bas sur les Champs. Le lendemain, pour répondre aux critiques qui disent que les Parisiens n’appuient pas vraiment la candidature de leur ville pour les JO de 2012, un évènement promotionnel majeur : toutes les disciplines olympiques auront un plateau de démonstration installé sur les Champs. Pensez-y, il y aura du basket sur la célèbre avenue. On veut y jouer. J’appelle le secrétaire général de la Fédération française de basket-ball [FFBB] et on convient [la journée débutant officiellement à 10 h] que l’on nous laissera jouer à 9 h. Paris n’aura pas les Jeux, Londres les obtiendra, peut-être à cause de nous. Mais à 10 h, il est bien midi quelque part, la joyeuse bande ne boudait pas son improbable moment de gloire en sablant le champagne sur les Champs. À notre retour, nous recevrons un aimable message de la FFBB : “C’était la première fois qu’un terrain de basket était installé sur les Champs et vous êtes la première équipe à y avoir joué.” Le tout avec une jolie photo souvenir. »

Robert Bonneau

« Ma conjointe m’a fait un cadeau exceptionnel pour mes 60 ans. Jouer à Pebble Beach ! En fait, on y a été trois jours. Nous avons joué Spyglass et Spanish Bay avant de jouer le merveilleux Pebble Beach la dernière journée. [...] Le premier départ est très intimidant, car il y a beaucoup de gens autour, à proximité du volumineux “Pro Shop”. Normale 4 coudée à droite, les genoux tremblent et on a peur de fendre l’air. [...] Le 9 de retour peut être assez brutal, mais les vues sont exceptionnelles avec l’océan à nos pieds et ces trous mythiques que l’on voit à la télé, sans oublier ces merveilleuses demeures (ou devrais-je dire “châteaux”) qui bordent le terrain, dont la maison qu’habitait Bing Crosby et où de mémorables soirées avaient lieu, paraît-il. Pour moi, le moment culminant a été de me retrouver sur le spectaculaire 18e en marchant avec mon caddie à mes côtés. J’en avais les larmes aux yeux, littéralement. Une expérience inoubliable, des souvenirs impérissables. Bien sûr, le tout a un prix puisque la partie à Pebble Beach seulement était à 500 $ US, sans compter l’hôtel et les repas. Mais chaque année, quand je regarde le tournoi à la télé, je revis ces moments précieux, comme si j’y étais encore. »

Patrick Henry

« En 1984, j’étais à Olympie, en Grèce. En visitant le site des premiers Jeux olympiques, je n’ai pu m’empêcher de parcourir les 400 m de la piste du stade. Et j’ai levé les bras au ciel en franchissant [le premier] le fil d’arrivée. Pas de photo sur Instagram, mais un souvenir que j’ai encore en mémoire après près de 40 ans. »

François Grimard

« Je sais que les vieux stades ou amphithéâtres ont disparu. Je suis aussi au courant que ceux qui restent ont rarement la cote, sauf au baseball. Pourtant, jouer au hockey dans un de ces “temples musées” aurait été un rêve pour moi. Donc j’irais pour un match aller au Maple Leaf Gardens et un retour au Colisée de Québec. Moi, je serais Ron Tugnutt. Ça sentait le hockey et transpirait le bonheur au Colisée. »

Simon Ginchereau

« Je suis un nostalgique de nature... Mon plus grand rêve serait de réunir mon équipe de baseball de 1985, qui avait connu une saison mémorable en remportant plusieurs tournois, et d’aller nous amuser au Fenway Park. »

Jacques Moore

« Pour ma part, un de mes rêves serait de jouer un match de balle au mythique Wrigley Field de Chicago. Je me vois jouer au champ gauche et attraper une balle frappée après une longue course dans les vignes recouvrant le mur de briques. Quelle stade magique situé non loin du centre-ville. »

Pierre Lucier

« Contrairement à Simon Drouin, je suis un grimpeur. J’ai toujours aimé grimper des côtes en vélo, souffrir le martyre pour arriver en haut puis voir la pancarte du pourcentage et le nombre de kilomètres de descente. La récompense ultime, quoi. J’avais monté quelques fois le Ventoux en voiture, enviant les dizaines de cyclistes que je dépassais. Puis, les aléas de la vie et une importante intervention chirurgicale me laissant avec un léger handicap pulmonaire m’ont fait abandonner le sport chéri, que j’ai repris en 2015 avec ferveur. En 2019, j’ai eu l’occasion d’échanger ma résidence montréalaise avec une maison située au pied du Géant de Provence pour nos vacances estivales. J’ai pris une semaine d’avance sur ma conjointe pour aller rouler dans cette belle région avec un ami (merci, Éric) et, surtout, m’atteler à ce rêve devenu quasiment inaccessible depuis mon intervention chirurgicale. Deux versants dans la même journée (il faisait trop chaud pour faire les trois) et le troisième quelques jours plus tard et hop, ce rêve était maintenant rendu au fond de la besace de ma vie. »

Stéphane Richer

PHOTO FOURNIE PAR BERNARD JANELLE

Bernard Janelle en « conférence de presse » à Wimbledon

« J’ai assisté à plusieurs matchs de la Coupe Rogers sur le terrain Banque Nationale dans la rangée AA au cours des 10 dernières années. Un jour d’été, je me présente au stade pour jouer un match amical, comme je le fais régulièrement à l’époque, et surprise, il ne reste plus de terrain de disponible. Grrrr. Mais la préposée aux terrains nous propose de jouer sur le terrain Banque Nationale. Wow ! Quelle belle surprise. Nous avons joué sourire aux lèvres durant une heure. Quelques années plus tard, j’ai donné une conférence de presse au mythique terrain de Wimbledon (hahaha) et si un jour je pouvais jouer un simple avec mon ami Sylvain Nadeau sur ce terrain, je ressortirais ma Babolat. »

Bernard Janelle

« Printemps 1989, Forum de Montréal. Il y a quelques jours, le Canadien vient de perdre contre les Flames de Calgary en finale de la Coupe Stanley. Je travaille alors comme technicien de cinéma sur le tournage d’une pub de bière qui requiert quelques scènes de hockey sur la glace mythique des Maurice Richard, Jean Béliveau, Guy Lafleur et autres. Juste y poser mes patins me donne des frissons. Évidemment, on n’est pas là pour jouer au hockey, mais les cinq ou six plus mordus d’entre nous, joueurs du dimanche, ont pensé apporter bâton et gants, au cas où. Quand arrive notre “heure de lunch”, on ne se fait pas prier pour s’exécuter et faire quelques lancers. On aperçoit un entraîneur adjoint du Canadien traverser la glace à pied. Pendant ce temps, les employés du Forum s’affairent à démonter les baies vitrées pour la saison morte. De plus en plus déchaîné, je décoche un retentissant slap shot qui... frôle les oreilles d’un préposé tenant une pièce de baie vitrée. J’ai eu droit au plus épeurant dirty look de ma vie. Mettons que ça m’a pas mal calmé. Journée inoubliable. »

Charles Bernier

« Étant coureur, j’ai la chance de pratiquer un sport où les athlètes du dimanche peuvent utiliser le même terrain de jeu que les meilleurs au monde. Ainsi, j’ai eu la chance de faire le marathon de Boston et de vivre le fameux “scream tunnel” des étudiantes de Wellesley College, la Heatbreak Hill et l’arrivée au centre-ville. Je me serais passé de l’attentat terroriste, mais bon... Mais rien ne battra l’accueil que j’ai reçu à la sortie de Central Park à la fin du marathon de New York. C’est un véritable mur sonore qui accueille les coureurs alors qu’ils courent les derniers hectomètres de l’épreuve. Les cris des spectateurs resteront à jamais gravés à ma mémoire. »

Frédéric Giguère

« Apres un très beau séjour à Milan, en ce beau matin de novembre, nous décidons, mon frère et moi, d’aller visiter la piste de Monza. Quand nous sommes arrivés à l’Autodromo, il y avait une machine qui nettoie les rues comme chez nous, c’est tout. La porte centrale pour accéder directement à la piste était ouverte et nous apercevons une personne qui, par pure coïncidence, était un des directeurs de la piste de course. Nous avons discuté avec lui en lui disant que nous venions de Québec et que c’était un rêve d’être ici. Il nous a parlé de Jacques et surtout de Gilles Villeneuve, et nous étions très fiers. Après plusieurs minutes de discussion avec lui, mon frère lui a demandé si nous pouvions faire un tour de piste avec notre voiture louée (une A5) et contre toute attente, il nous dit “Go, un tour seulement” et nous demande de faire attention car il y avait du monde qui nettoyait la piste. Nos femmes étaient sceptiques devant cette idée, mais elles ont embarqué quand même. Wow, quel moment. On passe vis-à-vis les stands de ravitaillement sur la ligne droite en face des tribunes. C’était un rêve. On pensait à Gilles, Jacques, Michael Schumacher et tous les grands de la F1. Au virage no 2, on arrête face à l’imposant bac à gravier et on sort de l’auto pour prendre des photos. Nos femmes nous traitent d’enfants, mais c’était un rêve d’enfance et d’adulte aussi ! Suit la fameuse courbe qui a fait la renommée mondiale du circuit, la Curva Parabolica, juste avant l’entrée aux puits et la ligne d’arrivée. »

Marc Chabot

« J’ai vécu en Uruguay et j’ai eu la chance de fouler la pelouse de l’Estadio Centenario, où s’est déroulée la finale du premier championnat mondial de soccer. J’en ai eu des frissons. Cependant, mon expérience “stade” la plus mémorable, je l’ai vécue lors d’un voyage à La Paz, en Bolivie, où j’ai visité le stade Hernando Siles. Beaucoup d’équipes non boliviennes qui doivent s’y rendre se plaignent des effets de l’altitude [3600 m au-dessus du niveau de la mer]. Une chose m’a toujours frappé en regardant des matchs joués dans ce stade : j’avais l’impression que le ballon voyageait beaucoup plus loin et plus rapidement qu’à l’habitude. Alors, j’ai pris un ballon de soccer, l’ai mis par terre dans la surface de réparation, et l’ai frappé de toutes mes forces... deux bonds plus tard, elle se retrouvait derrière le but adverse. Mon impression semblait la bonne. »

Sébastien Nadeau