(Montréal) La 67e Traversée internationale du lac Saint-Jean n’a eu d’international que le nom cette année, pandémie oblige.

L’épreuve attire bon an, mal an de 20 à 25 nageurs en provenance de partout dans le monde. Cependant, en 2021, seuls trois athlètes, tous des résidants de la Belle Province, avaient pris samedi matin le départ de la course-phare du 32 kilomètres au quai de Péribonka.

En raison de la fermeture de la frontière canadienne, il est impossible ces jours-ci d’accueillir des nageurs étrangers. Natation Canada et le Comité olympique canadien ont d’ailleurs refusé de fournir les accréditations nécessaires à leur venue, a précisé le directeur général de la traversée, Jérémie Bonneau, en entrevue avec La Presse Canadienne.

C’est donc dire que les trois nageurs québécois auraient tous pu monter sur le podium, a expliqué M. Bonneau, avant de préciser que « remise de médailles est un grand mot ».

En fait, la remise de médailles physiques avec une cérémonie protocolaire a été annulée en raison des mesures sanitaires. L’objet sera plutôt « envoyé par la poste ». De toute manière, l’évènement de cette année n’était pas orienté sur la compétition.

« On ne peut rien donner à un athlète : que ce soit une médaille, que ce soit une bourse, que ce soit un trophée », a résumé M. Bonneau.

Les procédures sont donc plus rigides qu’aux Jeux olympiques de Tokyo où les médailles sont décernées en main propre et où les gagnants peuvent retirer leur couvre-visage sur le podium pendant 30 secondes le temps de poser pour les photographes.

À sa sortie de l’eau, le gagnant de la traversée s’est malgré tout vu remettre le trophée qui était censé l’attendre sur une table.

Les organisateurs avaient initialement prévu que le gagnant prenne par lui-même le trophée qui l’attendait sur une table et qu’il en fasse « ce qu’il en veut », ce qui devait être une « façon un peu contournée de donner un peu de saveur » à l’évènement.

Jeter la serviette

Pour la petite histoire, c’est le nageur Édouard Bélanger de Québec qui a remporté l’épreuve. Le jeune homme âgé de 23 ans a atteint Roberval à 16 h 30, après huit heures de nage. Le record est de 6 heures 19 minutes.

William Bourumeau de Chicoutimi, mais « d’origine française » insiste-t-on, qui est lui aussi âgé de 23 ans, est arrivé deuxième, environ une demi-heure plus tard. Et Alexandre Harvey, âgé de 43 ans, de Vaudreuil-Dorion a nagé 14 kilomètres en 3 heures 20 minutes avant de déclarer forfait.

Ainsi, un nageur sur trois n’a pas terminé l’épreuve en 2021, ce qui concorde avec la proportion habituelle de 65 % de nageurs ralliant l’arrivée dans l’eau.

Il n’était pas question de jeter la serviette sur la course de cette année, a expliqué M. Bonneau avant la course.

« C’est la traversée du lac Saint-Jean, a-t-il déclaré. C’est la compétition la plus prestigieuse dans le monde de la natation. Roberval, c’est la capitale mondiale de la nage en eau libre. Je pense qu’on se devait d’être là. On se devait à être les premiers à revenir après la pandémie et de démontrer aux autres que c’est possible. »

Samedi dernier, une centaine de Québécois se sont affrontés lors des épreuves du 1, 2 et 5 kilomètres qui s’adressent aux nageurs amateurs et aux maîtres-nageurs. Il s’agissait de la première compétition du genre en près de deux ans au Québec, selon les organisateurs.

La compétition de standard olympique, celle du 10 kilomètres, a pour sa part été annulée cette année encore.

« Sur le plan économique, c’est très bon »

Bien que le volet international amène la notoriété et l’importance à la compétition, ce n’est pas ce qui est le plus « payant », a expliqué le maire de Roberval, Sabin Côté, qui estime que sa municipalité fait une bonne affaire.

« Les athlètes internationaux, il faut les loger, les bourses sont importantes si on veut créer de l’intérêt », a-t-il énuméré au sujet des coûts qu’engendre habituellement la traversée. À l’inverse, les compétitions de 1, 2 et 5 kilomètres attirent essentiellement des gens de l’extérieur de la région qui viennent en famille.

Selon le maire, tenir malgré tout l’évènement et la « compétition signature » du 32 kilomètres permet d’offrir une activité aux visiteurs québécois cette année alors que « le tourisme intérieur est très, très actif », sans compter qu’il fait maintenant « partie de la culture » des résidents de sa municipalité.

« Les gens planifient leurs vacances d’été en fonction de ça ou leurs congés, a dit M. Côté. Culturellement, c’est profondément ancré : la série de spectacles, les activités sportives. »

Et puis, il a dit avoir ressenti que sa communauté de 10 046 habitants a « vraiment besoin de sortir » à la suite de la période de confinement.