Ça jasait des sélections olympiques dans la chambre d’appel de l’Aréna Duna, jeudi matin, à Budapest.

La moitié des nageuses en lice pour le 200 m quatre nages individuel (QNI) étaient canadiennes. Elles se demandaient si les essais auraient bel et bien lieu au début d’avril à Toronto, comme prévu. Si oui, les conditions d’entraînement seraient-elles équitables d’une province à l’autre, dans le contexte du confinement ?

Nouveau circuit professionnel

Évidemment, ces questions sont restées sans réponse. Leur certitude était qu’elles avaient une belle occasion de se mesurer à quelques-unes de leurs meilleures collègues de la planète en cette première journée du septième « match » de l’International Swimming League (ISL), un nouveau circuit professionnel.

Kelsey Wog, de Winnipeg, a terminé première, à peine une demi-heure après sa victoire au 200 m brasse, sa spécialité. La représentante des Titans de Toronto a devancé sa coéquipière et compatriote Tessa Cieplucha et la Hongroise Katinka Hosszú, la Dame de fer en personne, qui a donné son surnom à l’Iron de Budapest.

Première à la mi-parcours, Mary-Sophie Harvey a fini quatrième, enregistrant le deuxième chrono de sa carrière à cette épreuve (2 min 7,90 s), à deux petits centièmes de son record provincial réussi presque quatre ans plus tôt.

Vingt minutes plus tard, la Québécoise de 21 ans a replongé pour le 50 m dos, une épreuve inhabituelle pour elle. Le scénario s’est répété : elle s’est classée troisième derrière l’intouchable Ontarienne Kylie Masse et la Française Mélanie Henique. Son chrono de 26,76 s la situe à un centième de sa marque provinciale réalisée en décembre 2017.

« C’est vraiment le fun parce que j’ai de nouvelles nages à chaque match et ça ajoute un peu de plaisir de voir jusqu’où je peux me pousser », a réagi Harvey peu après son retour à l’hôtel-bulle, situé sur Margit-sziget (île Marguerite), au milieu du Danube.

Un bon 100 m quatre nages individuel

« Ça avait très bien été au dernier match, j’avais fait un bon 100 QNI. On s’est dit : voyons ce que ça peut donner au 200 QNI. J’ai passé à deux centièmes de mon meilleur temps et à un centième au 50 dos. C’est vraiment satisfaisant, sachant que la compétition avait lieu le matin plutôt que le soir, comme les deux premières. »

Après une première sortie pénible à la mi-octobre, dans la foulée d’une préparation compliquée par la pandémie, l’athlète originaire de Trois-Rivières a poursuivi sur sa lancée de dimanche et lundi, où elle avait inscrit ses premiers points pour sa formation Energy Standard.

« Je ne savais pas trop si j’allais pouvoir m’améliorer, étant donné qu’il n’y avait que deux jours entre les deux courses, a dit celle qui a inscrit 11 points grâce à ses deux résultats. Pour moi, c’était important de continuer à m’entraîner, de poursuivre la musculation et de continuer à m’améliorer et à renforcer le tout pour la finale [qui aura lieu les 21 et 22 novembre]. »

C’est sûr que ça fait du bien de voir de bons temps au tableau. Ça démontre que je suis sur la bonne voie et ça me donne le petit kick dont j’avais besoin.

Mary-Sophie Harvey

Son inscription-surprise au 50 m dos, une épreuve à laquelle elle n’avait pas participé depuis deux ans, semble l’avoir particulièrement allumée. « C’est mon 50 préféré, surtout en bassin de 25 mètres où les coulées m’aident beaucoup parce que je peux faire 30 mètres sous l’eau. […] J’ai encore quelques petits points techniques à améliorer, comme mon virage et les cinq derniers mètres. J’ai hâte de voir à quel point je peux améliorer mon temps avec ça. »

Seule Canadienne de son équipe, Harvey a pu renouer rapidement avec ses compatriotes avant le 200 QNI. Elle a réalisé que celles-ci avaient eu un accès constant à des piscines, contrairement à elle. Kelsey Wog a nagé dans sa ville natale de Winnipeg, tandis que Tessa Cieplucha et Bailey Andison (6e) ont poursuivi leur préparation aux États-Unis.

« Ce sont probablement des filles contre qui je devrai courser aux sélections olympiques, mais j’essaie de me concentrer sur mes propres nages et de ne pas me laisser affecter par ce qu’elles font. Je n’ai pas eu le même parcours qu’elles depuis mars et leur force physique est peut-être plus élevée que la mienne. Le fait que je puisse les accoter ou les battre, ça augure bien. »

Au moment de l’entrevue, Harvey s’attendait à disputer le 200 m papillon et le 100 m QNI lors de la deuxième journée de compétition, ce vendredi. L’athlète du club CAMO a hâte de pouvoir se frotter au 400 m QNI, l’une de ses épreuves de prédilection. À mi-chemin du match, Energy Standard mène avec 300 points devant Toronto (229) et l’Iron de Budapest (205). Le DC Trident ferme la marche avec 141 points.