Il n’y aura pas de courses de bateaux à moteur dans la baie du lac Saint-François cet été ; les Régates de Valleyfield sont annulées pour la première fois en 82 ans.

L’évènement — qui a été lancé en 1938, avant la Seconde Guerre mondiale — devait se dérouler cette année du 3 au 12 juillet. Il s’agit de la toute première annulation de son histoire.

Même en temps de guerre, les bateaux ont continué à courser sur le lac, rappelle le président des Régates, Didier-Bernard Séguin.

« Dans le temps de la guerre, ça avait été remplacé par des canots, des chaloupes et des bateaux à voile », en raison des restrictions sur l’essence, a-t-il raconté en entrevue téléphonique, vendredi.

M. Séguin qualifie l’évènement, devenu un festival sportif de réputation internationale, de véritable « religion » à Salaberry-de-Valleyfield.

Bon an mal an, les Régates attirent 125 000 personnes dans la baie du lac Saint-François, un amphithéâtre naturel, l’un des plus beaux au monde, selon lui.

Les bateaux, conduits par des pilotes venant d’aussi loin que la Nouvelle-Zélande, ressemblent à des bolides de Formule 1 ; ceux de la classe Grand Prix peuvent notamment atteindre une vitesse de 250 km/h.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

« C’est la plus grosse course en Amérique du Nord, affirme le président de l’organisation. Les gens veulent gagner le championnat HRL (Ligue de régates d’hydroplanes), mais ils veulent surtout gagner à Valleyfield. »

Les Régates, c’est aussi 5 millions de retombées économiques. Hôtels, restaurants, commerces ; c’est la ville de Salaberry-de-Valleyfield au grand complet qui vibre tous les juillets au son des moteurs.

La COVID-19 sera finalement venue gâcher la fête. Les autorités sanitaires ont jugé qu’il était trop risqué de permettre les grands rassemblements au Québec.

« Un virus microscopique aura réussi là où la Seconde Guerre mondiale n’aura pas réussi », s’étonne en entrevue le maire de Salaberry-de-Valleyfield, Miguel Lemieux.

Il se dit toutefois confiant de pouvoir attirer des touristes québécois « sur l’ensemble des fins de semaine » cet été, en promouvant notamment les activités nautiques, la « spécialité » de la ville.

Le vrombissement des moteurs des régates, « on était habitués d’entendre ce bruit-là », se désole le maire. « Ça en agresse peut-être certains, mais pour les Campivallensiens, c’est une douce musique », dit-il en riant.

« On est tous un peu sous le choc, ajoute M. Séguin, même s’il dit appuyer la décision du gouvernement dans ces circonstances exceptionnelles. Les gens, c’est un peu leur religion, c’était leur party de famille. »

L’évènement est remis à l’été 2021.

La petite histoire des Régates de Valleyfield

1903-arrivée des premières embarcations dans la baie du lac Saint-François : chaloupes et yachts à vapeur ou à gazoline

1938-première édition des Régates de Valleyfield

1942-1945-lors de la Seconde Guerre mondiale, les courses de bateaux à moteur sont interrompues et remplacées par des compétitions de canot, de chaloupe, de voile et de nage

1957-Radio-Canada diffuse les courses de bateaux à moteur à la télévision pour la première fois

1967-les Régates mondiales « Expo 67 » ; début de la classe Grand Prix

1988-50e anniversaire

2001-ajout d’un volet culturel à l’évènement

2013-75e anniversaire ; création du Temple de la renommée des Régates de Valleyfield

2019-le circuit est nommé en l’honneur du pilote campivallensien Robert Théorêt.

Source : Les Régates de Valleyfield