Au moment où le premier ministre François Legault sollicitait les jeunes sportifs pour passer le message d’éviter les rassemblements, Jennifer Abel prêchait déjà par l’exemple.

En « semi-quarantaine » à la maison, la plongeuse de 28 ans ne regrettait pas la fermeture de son lieu d’entraînement, le complexe de l’Institut national du sport du Québec, au Stade olympique.

« C’est certain que c’est désagréable, mais je trouve que ça va au-delà de tout ça parce que [ça concerne] la santé, a fait valoir Abel en entrevue téléphonique, mardi après-midi. On ne veut pas mettre les autres à risque. Si je tombe malade, j’ai des proches. J’ai une petite à la maison. J’ai aussi une grand-mère plus âgée. En ce moment, il faut qu’on soit unis et non égoïstes en voulant aller s’entraîner. J’essaie donc d’être le plus rationnelle possible. »

L’athlète de 28 ans a bondi sur les tremplins de l’INS Québec une dernière fois jeudi. En raison du report de la Série mondiale prévue à Kazan, l’entraîneur Arturo Miranda avait donné un long week-end de congé à son groupe. Depuis, l’étape de Londres, prévue à la fin du mois, a aussi été repoussée, sans surprise. L’INS Québec a annoncé la fermeture de son complexe lundi midi.

« J’avais un petit espoir avec tous médecins et les professionnels de la santé qu’on a [sur place], mais j’aurais été vraiment surprise que l’INS reste ouvert. »

Abel passe donc le temps avec son amoureux, le boxeur professionnel David Lemieux, et sa fille de sept ans. Elle a reçu des consignes par courriel. Au menu : simulations de plongeon, visualisation, exercices de jambes, abdos. Pour le cardio, elle a un exerciseur elliptique et un tapis roulant à la maison.

La triple médaillée d’or à la dernière Série mondiale de Montréal n’est nullement inquiète d’être tenue éloignée des tremplins pendant une longue période.

« C’est vraiment le dernier de mes soucis, assuré la spécialiste du 3 m. On est tellement bien équipés. On a des ceintures, une machine pour repérer l’eau. Sylvie [Bernier], Annie [Pelletier] ou même Alexandre [Despatie] n’avaient pas ces outils. Il y a beaucoup d’évolution de ce côté. »

Le plus important sera de maintenir la forme. À ce chapitre, la présence de son copain est une source de motivation. « On peut faire du cardio ensemble, une série d’abdos. En même temps, la boxe et le plongeon, ce sont deux sports bien différents. Je ne vais pas commencer à faire du shadow boxing avec lui ! »

Déjà qualifiée pour les Jeux olympiques de Tokyo en synchro, Abel refuse de se perdre en conjectures. « Le CIO a sorti un communiqué : ils ne pensent pas à repousser les Olympiques. Ce qui est vraiment important en ce moment, c’est de composer avec ce qu’on a aujourd’hui et non penser à ce qui peut arriver dans quatre mois. C’est là qu’on commence à être stressé par des choses qu’on ne contrôle pas. »

Dix fois sur le podium aux Championnats du monde, un sommet canadien, médaillée de bronze en synchro aux JO de Londres en 2012, Abel vise un premier podium olympique individuel à Tokyo. À Rio, elle avait fini deux fois quatrième.

« Du moment où on nous donne le feu vert pour retourner à l’INS, je vais être prête et j’utiliserai mon bagage d’expérience pour reprendre l’entraînement. C’est la seule chose que je peux faire. »